lundi 14 mai 2012

Stevenson et les châtaigners

Bien avant moi, de grands auteurs ont parlé d'arbres...

Voici une plaque découverte à St Germain de Calberte dans les Cévennes, qui rappelle de jolis mots de Robert Louis Stevenson sur les châtaigners qu'il a rencontré lors de son équipée avec son âne...

(cliquez sur la photo pour l'agrandir et la lire...)

vendredi 4 mai 2012

Chêne adolescent #6

Le chêne adolescent sera-t-il sauvé ? Mourra-t-il écrasé par l'ampleur du vieux ? Découvrez-le dans ces lignes que je vous offre, en attendant une suite...

rappel du texte ici


  La chambre n’est éclairée que par l’écran de l’ordinateur sur le bureau et une petite veilleuse à côté du lit, à l’opposé de la pièce. Concentré, le visage du jeune homme est troublé des ombres et lumières de la page affichée. Il a dix-sept ans, il ne vote pas. Il se fiche bien des déclarations des candidats de droite, de gauche ou du milieu, toutes inaptes selon lui à sauver les chênes. C’est son unique préoccupation. Le petit arbre a sans doute son âge. Ou peut-être pas, mais il aime à y croire. C’est son frère, son cousin, le jeune qui tente d’exister à l’ombre du vieux. Comme lui. C’est qu’ils sont tellement usants, ses parents, à lui faire des leçons sur la vie d’adulte ! Mais il a son plan pour les surprendre, on verra ce qu’on verra.
 
  L’heure du rendez-vous Skype approche. Le Professeur Hapstein va enfin lui donner les résultats de ses analyses.
- Bonjour Professeur.
- Hello Antony.
Le professeur a du mal à l’appeler Antoine, bien qu’il parle parfaitement français.
- Comme nous l’avions convenu, J’ai examiné les deux échantillons avec cette nouvelle méthode d’imagerie nucléaire. Tu sais que tu as un sacré instinct, boy ?
Antoine rougit. Il se rappelle ses observations, il ya quelques mois. Une infime nuance dans les colorations effritant l’aubier et s’enfonçant dans le bois des deux arbres. Un peu plus rouille sur l’ancien tronc, un rien plus blond sur le cadet. Il avait alors entamé de longues recherches sur Internet : aucune mention de phytophthora ramorum de couleur blonde.

  La maladie était quasi impossible à soigner, usuellement on finissait par abattre et brûler les chênes atteints. L’épidémie ne se propageait pas aux autres variétés, le jasmin et le cèdre étaient protégés.
- Je vous écoute, prof.
- Eh bien il s’agit d’une forme mutante de la phytophthora, inconnue chez nous aux US. Je ne sais pas pourquoi le champignon a évolué, mais ça ouvre peut-être des perspectives de traitement. Je te propose de continuer mes recherches et pour cela…

  La conservation se poursuivit tard dans la soirée. Antoine était très excité. Dans cette dernière ligne droite avant les élections (premier tour dans deux semaines), il allait donner une leçon aux candidats. Ça ne sert à rien de causer, il faut agir. Et proposer quelque chose de concret. Le plus gros des deux chênes est condamné. Alors pourquoi ne pas y creuser cette fameuse chapelle qui laissera un souvenir aux futures générations ? Et élaguer ses plus grosses branches pour donner de l’air et de la lumière au plus petit, ce chêne adolescent que le plan de bataille du professeur Hapstein pourrait sauver, peut-être.

  Enfin un peu d’espoir dans cette campagne électorale fermée et parfois stupide. Sans attendre, il commence à écrire une lettre ouverte aux aspirants présidents, qu’il enverra cette nuit même aux journaux.