dimanche 26 novembre 2017

le point de novembre sur mes lectures


Depuis juillet, ou j'ai évoqué mes lectures pour la dernière fois, il a coulé de l'eau sous les ponts et pas mal de livres sont passés entre mes mains. Il est donc temps de faire le point !


 

La cache, Christophe Boltanski
Roman très mal vendu par sa quatrième de couverture (éditions folio), étrange, dans un esprit un peu Modiano. Je fus décontenancée mais j’ai aimé

Travail soigné, Pierre Lemaître
Lemaître avant son Goncourt : un très bon thriller, bien construit, solide, avec un personnage de flic qui sort des archétypes trop souvent utilisés.

La vie devant soi, Romain Gary (Emile Ajar)
Une merveille ! Gary a un talent incroyable pour se mettre « à hauteur de môme », ce roman d’amour entre un petit garçon arabe et la femme juive qui l’élève est d’une force impressionnante.

Les mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar
J’avais peur de Yourcenar, je crois l’avoir déjà dit sur ce blog. Et bien voilà un texte que j’ai dévoré !
L’écriture exigeante mais pas si difficile à aborder, la finesse dans le récit, la justesse des mots font de cette plongée dans la vie d’Hadrien un voyage dans le temps d’une richesse infinie !

Je suis là, Clélie Avit
Un beau texte, un récit à deux voix, une féminine et une masculine, bien orchestré. Cette histoire d’amour entre un homme désespéré par la faute commise par son frère et une femme plongée dans le coma est jolie et convaincante, même si le point de départ (il vient dormir sur le lit d’hôpital de la femme qui lui est inconnue !) est assez étrange !

Les lois de la frontière, Javier Cercas
J Cercas poursuit une démarche d’écriture que je n’aime pas : le roman sans fiction. Ici c’est un roman fictionnel, genre dans lequel il est un maître et j’ai beaucoup aimé.

Le testament d’Olympe, Chantal Thomas
Une histoire parfaitement anecdotique et qui m’a semblé sans intérêt

Les vieilles, Pascale Gauthier
Une histoire de petites vieilles, a priori ça ne fait pas envie. Mais elles sont rigolotes, avec leurs manies, leurs habitudes et leurs certitudes. Et comme leurs aventures s’achèvent dans l’absurdité la plus complète, c’est assez réjouissant.

Deux hommes de bien, Arturo Perez reverte
Ou comment l’académie espagnole envoie deux émissaires acquérir un ouvrage en 26 tomes interdits aussi bien en France qu’en Espagne : l’encyclopédie. Sous la plume de Perez Reverte, cela devient une quête pleine de patience et de volonté. Si seulement il ne se piquait pas, lui aussi, de raconter la fabrique du roman dans le roman !

Esprit d’hiver, Laura Kasischke
Une journée de Noël ordinaire, ou le mari est retenu loin de la maison par la neige, et ou la femme et leur fille adoptive partagent une journée étrange. Une fin comme un coup de poing, même si elle est annoncée, de façon subliminale, dès le début. On sort de cette lecture assez déboussolé. 

(j'ai encore une belle liste à évoquer, dans quelques semaines sans doute...)

lundi 20 novembre 2017

écriture et grammaire inclusive: l'avis de ce blog



Pendant longtemps j'ai été réfractaire à la féminisation des intitulés de profession. Ingénieur de formation, j’étais fière de pratiquer un métier d’homme, et de l’intégrer dans un monde d’hommes. J’étais donc ingénieur, pas ingénieure.

Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Il n’y a pas de métiers d’hommes et de métiers de femmes, il y a des métiers. Tout le monde peut les exercer, c’est d’abord une question de formation, pas de sexe. Donc, je suis une femme qui exerce le métier d’ingénieur. Je suis une ingénieure.

L'écriture inclusive avec des « . » je la trouve moche. Le point est fait pour séparer des phrases, sa présence à l’intérieur d’un mot heurte les yeux, ce qui ne serait pas très grave si en plus cela n’était pas préjudiciable à la fluidité de la lecture. Dans une époque où on se plaint que beaucoup d’enfants, et d’adultes qui furent enfants, savent mal voire pas lire, c’est un souci. 

Mais il reste pour moi une réalité : dire aux enfants "le masculin l'emporte sur le féminin" a une influence sur la façon dont ils se représentent les relations hommes / femmes. La règle exprimée de cette façon contribue à leur faire croire qu’un garçon, c’est plus qu’une fille. Il existe plusieurs possibilités alternatives : la règle de proximité, la règle de majorité… Mais il serait vraiment dommage de laisser chaque enseignant ou enseignante choisir la règle mise en application. Il est donc urgent que le débat s’ouvre ! Et si possible de façon plus constructive que l’intervention de l’Académie Française : parler de « péril mortel » pour une langue, quelle ineptie ! Pour deux raisons : il s’agit d’abord de remettre en vigueur des règles ayant déjà existé ; une langue qui n’évolue pas avec son temps risque plus de mourir qu’une langue qui s ‘adapte.  Bernard Pivot a aussi écrit quelques tweets regrettables pour un homme qui a autant d’esprit:

La question n’est pas que la formule soit flatteuse, mais qu’elle soit respectueuse du genre de la personne qui en est le sujet.

Sur le long terme, la grammaire inclusive est donc certainement une bonne chose. Il est clair qu'il faudra quelques générations avant que les effets se fassent sentir. Mais cela ne signifie pas pour autant que ce combat d’en vaut pas la peine ! Tout ce qui passe par l’éducation a plus d’efficacité sur la société que la répression d’actes sexistes, même si cette répression est absolument nécessaire.

J'ai donc décidé dorénavant d'essayer d'écrire ainsi, mais sans les "." Par exemple, au lieu de "tou.t.es les invité.e.s," j'écrirai "toutes les personnes invitées". Toutes mes excuses par avance si des fois je me plante !

Et j’espère que le ministre de l’éducation va s’emparer un peu mieux de la question, afin que, dans les écoles, tous nos enfants reçoivent le même enseignement !