lundi 8 octobre 2018

hommage à une librairie


Lorsque j’étais étudiante, je fréquentais une librairie ouverte la nuit.

Il faut dire que je sortais de quelques années difficiles en ce qui concerne la littérature. Il y eu d’abord la période fin de collège et lycée, ou l’étude des livres ne s’occupait jamais du plaisir de lecture. C’était la grande époque des explications psychanalytiques (l’interprétation de Le puits et le pendule de Poe alors que j’étais en 3ème, parfaitement ignorante des choses du sexe, m’a quelque peu traumatisée), et des analyses de contexte, c’est-à-dire la vie de l’écrivain, ses choix, ses déboires, tout ce qui pouvait « éclairer » le roman. Même si cette notion de contexte correspondait à une réalité, j’ai gardé de cela la profonde conviction qu’une œuvre doit se suffire à elle-même, que tout lecteur doit pouvoir l’aborder sans aucune explication, et grâce à cela  prendre plaisir à la lire en tout premier lieu.

Ensuite vint la période classe préparatoire scientifique, ou j’ai fait des maths et de la physique de la physique et des maths, et un peu de chimie aussi. Bref, pas la meilleure époque pour se plonger dans un autre domaine, quel qu’il soit.

En entrant en école d’ingénieur, j’ai pu habiter dans le 5ème  arrondissement de Paris et étudier dans le 6ème. Et recommencer à lire. Quel bonheur ! Et donc parfois, en sortant du cinéma, nous allions dans cette librairie du quartier de la Huchette, qui ne vendait que des poches, et qui était ouverte jusqu’à minuit. C’est dans cette boutique que j’ai commencé à fureter dans les rayonnages, humant l’air, examinant les couvertures et leurs quatrièmes. Je serais bien incapable de dire quels titres j’ai acheté pendant ces années-là mais… C’est un chouette souvenir.

parmi ces livres, certains viennent de là. Lesquels ?
En écrivant mon billet sur le tourisme bibliophile, j’ai repensé à cette librairie.

Je passe de temps en temps dans le coin, quand je vais voir les matchs de l’USAP dans un pub avec ma penya. J’ai profité d’une occasion pour chercher l’endroit et aller à la rencontre de mes souvenirs… Elle a hélas disparu. Il me faut donc garder bien au chaud l’image qui m’en reste : une rue étroite et sombre, des étals devant la devanture couverts de livre, des rayonnages plein de livres blancs, sans doute des Folio.

Je pense que je dois entre autres à cette librairie d’aimer autant les livres, ma curiosité naturelle ayant dû faire le reste du travail.

Passant hier soir à la Huchette (l’USAP a perdu son 7ème match depuis sa remontée en TOP 14), j’ai eu envie de rendre hommage à ce magasin que j’ai beaucoup aimé : c’est chose faite