dimanche 12 juin 2022

Avril 2022, lu et aimé... ou pas

 


Il est plus que temps de partager avec vous mes lectures d'avril !  On a pu s'y découvrir de plus qu'un fil, mais le beau temps n'est jamais signe pour moi de moins de lectures, il est juste signe de lecture en extérieur. Avril a donc été un bon cru, avec deux lectures qui m'ont procuré beaucoup de joie (et deux nettement moins). Vous laisserez-vous tenter ?



 

La septième fonction du langage, Laurent Binet

Roland Barthes meurt en 1980 après avoir été renversé par une camionnette. Il pourrait s’agir d’un assassinat, deux hommes enquêtent : un policier peu cultivé, et un savant jamais tellement sorti de ses bureaux de recherche. Leur investigation va les emmener dans de multiples lieux, Italie, USA et leur faire rencontrer plein de beau monde, des intellectuels (Foucault, Kristeva, Sollers, …) et des politiques (Giscard, Mitterrand, …), et leur faire vivre des quantités de moments inattendus, lire pour cela la 4ème de couverture ici.

Enfin, ils vont découvrir une mystérieuse 7ème fonction du langage, en plus des six théorisées par le linguiste Roman Jakobson. Elle donne à celui qui la maîtrise des pouvoirs incroyables…

Le roman débute dans une ambiance très BD, avec quelques personnages évocateurs de Dupond et Dupont, et une caricature féroce des intellectuels de l’époque, ce qui rend cette lecture assez jouissive. Au fur et à mesure que le texte avance, il prend parfois une certaine noirceur (après tout c’est un polar !).

En parallèle, Laurent Binet nous dispense quelques notions sur la linguistique (parfois assez ardues !) qui m’ont passionnée. Bien que n’y connaissant rien, je m’intéresse aux langues, à leur création, leur évolution et cette notion de fonctions m’était inconnue.

Enfin, ce roman revisite de façon très caustique le début des années 80, et de nombreux événements que j’ai connus, et que les plus jeunes peuvent découvrir sous un angle romanesque.

En résumé, vous l’aurez compris, une lecture que je recommande

Le prix, Cyril Gély

Un affrontement : celui que Lise Meitner, directeur de recherche dans un laboratoire de physique à Stockholm impose à Otto Hahn, directeur de recherche dans un laboratoire de chimie à Berlin, juste avant que celui-ci reçoive le prix Nobel de chimie pour la découverte de la fission nucléaire.

Sauf que cette découverte, ils l’ont faite à deux, elle est le fruit des recherches et des expérimentations qu’ils ont mené ensemble à Berlin jusqu’en 1938, et de leurs échanges épistolaires après que Lise ait fui Berlin en juin 1938, parce que juive.

Que veut-elle ? Qu’attend-elle de lui ?

Cyril Gély excelle dans ces face à face entre deux protagonistes matois, plus ou moins inflexibles, volontaires, comme en témoigne excellent Diplomatie, porté à l’écran avec Niels Arestrup et André Dussollier. Ici, le roman prend des accents féministes, puisque Lise Meitner est un de s victimes de l’effet Matilda, ou la propension des scientifiques hommes à s’approprier les découvertes de leurs collègues femmes. Mais il a une dimension plus intime que Diplomatie, puisque la coopération des deux savants dure depuis les années 1910, et ont été des amis proches.

Lise est implacable, elle a tout prévu, préparé de longue date cette confrontation à laquelle Otto ne s’attend pas.

Ce roman est formidable, distille lentement et sans description exagérée les sentiments des personnages, la frustration de l’une devenue rancune, la gêne de l’autre hélas pas encore devenue honte.

du vide plein les yeux, Jérémie Guez

Ce livre rentre dans la catégorie « polars lu pour se détendre », dont le résumé peut se lire ici.

Une histoire solide, un personnage original, pas le traditionnel flic cabossé par la vie, mais un jeune homme mal parti dans la vie puisque passé par la case prison, cela en fait une lecture qui passe le temps, mais sans relever d’une écriture exceptionnelle.

En lieu sûr, Wallace Stegner

J’ai choisi ce livre parce que paru aux éditions Gallmeister et que l’auteur a reçu un prix Pulitzer.

La quatrième de couvertutre de Gallmeister :

Deux couples d’enseignants à l’âge de la retraite, amis de longue date, passent leurs vacances dans une maison isolée en pleine forêt. Les uns étaient modestes, les autres mondains, mais l’amour de la littérature, le partage des bonheurs et des épreuves de l’existence ont forgé entre eux un lien aussi indissoluble que nécessaire. Au fil des retours sur le passé, Stegner évoque avec force et émotion le flot de la vie et la puissance du souvenir, tandis que s’invite la promesse de la mort.

J’en suis navrée, mais j’ai eu du mal avec ce livre : une écriture qui n’a pas résisté au temps (livre écrit en 1987, largement autobiographique et dont l’auteur était né en 1909), une histoire ou les héros sont des profs de fac américaine qui ont envie d’écrire, personnages tellement récurrents dans la littérature d’outre-Atlantique, et un certain apitoiement pour soi-même qui m’a semblé agaçant. Je suis sans doute passée à côté de ce roman.

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