Voici un petit poème improvisé en quelques minutes (et qui donc a besoin de votre indulgence) à l’invitation d'un groupe du google+.
Poète hélas je ne suis
l’harmonie rythmée me fuit
Des mots je sais me jouer
composer des phrases
imaginer des expressions
Je ne voudrais point vous flouer
d'étapes en phases
je n'offre pas de vers,mais une histoire à l'unisson
de mes sentiments,
de mes tourments,
de mes rêves,
de mes inspirations.
Je veux exprimer sans trêve
la grande ronde des impressions.
J'offre des contes, des romans
des livres qu'on goûte page après page
j'offre des nouvelles, des récits
textes de peu de pages,vite lus ou dits.
lundi 28 janvier 2013
lundi 14 janvier 2013
manipulés #6
MANIPULES
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Trouver une autre galerie. La phrase m’obsède. Là où Jules a raison, c’est qu’il faut faire quelque chose de notre œuvre. Pas la détruire comme je l’ai imaginé. Sinon, Angela et le snob qui lui sert d’associé auraient vraiment gagné. Ne pas se laisser abattre. Les quelques mots de mon pote m’ont fait rebondir. M’ont redonné envie de vivre, d’avancer, d’exister. Une autre galerie, c’est une gageure. Elles sont toutes bookées un an à l’avance, or notre travail est prêt, juste quelques détails à fignoler. Ce sera vite fait quand nous aurons trouvé une issue convenable. Ce qui m’ennuie, c’est qu’Angela a une copie numérique de tous les textes. Pas les dessins, puisqu’on devait présenter les originaux. Mais elle pourrait utiliser à sa guise tout mon travail. Il y a quelques jours, je lui ai fait savoir par mail que j’ai déposé une empreinte numérique, dont j’ai seul l’adresse officielle. Donc si je découvre qu’ils ont été utilisés, j’attaque en justice, c’est une meilleure protection qu’un contrat. Ce matin elle a répondu « bien reçu ». Ça n’arrive pas à calmer mon inquiétude. Le mieux, c’est de faire vite pour rendre publique cette œuvre. Mais bon sang, où trouver une galerie ?
Je suis retourné plusieurs fois au stage de danse. Les mecs et les filles sont sympas, sans chichis. Parfois on boit un verre ensemble après. J’aime bien. J’y vais ce soir, où sont mes chaussures ? Une des filles du groupe, peut-être pas la plus jolie mais avec un charme indéniable, m’attire un peu. Elle a un sourire doux, ne se met pas en avant et aime l’art. Quand elle arrive avant l’heure, elle s’assied sur le banc de pierre sous le porche et feuillette une revue artistique. J’ai envie de revoir cette fille. Attend ! Rembobine, juste un peu ! Une revue artistique, nom de Dieu, la voilà l’idée ! Nous avons plus de vingt ensembles texte et dessin, de quoi publier au long cours, un par mois pendant plus d’un an et demi.
- Yyyyeeeessss !
Je hurle de joie. La voilà notre revanche ! Angela, sorcière avide, tu as cru pouvoir faire de nous ce que tu voulais, c’est raté. Grâce à une petite fée qui s’ignore…
Faut que j’appelle Jules, puis zou ! je file faire danser ma muse.
vendredi 11 janvier 2013
Manipulés #5
MANIPULES
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Sitôt arrivé, il s’assoit à califourchon sur une chaise,
décapsule deux bières et m’en donne une.
- Raconte.
Je m’exécute et décrit l’entrevue avec l’associé. Il écoute
en silence, concentré. Lorsque j’ai fini il lâche :
- OK. Elle a été nulle avec toi. Mais je ne veux pas que tu
dises que c’est une salope. Angela et moi on est ensemble, je l’aime.
Je m’étrangle avec une gorgée de bière, l’observe
longuement. Après avoir posé doucement ma bouteille de bière sur le buffet, je passe
ma main dans mes cheveux. Des poids s’envolent de ma poitrine, de mes épaules.
Je savoure. Jules attend, l’air interrogateur.
- T’es aussi couillon que moi mon vieux. Je crois qu’il va
te falloir du costaud.
Je sors une bouteille de whisky, sers un verre à mon pote. Il
est surpris, mais boit. Quand son verre est fini, je lui révèle le pot aux
roses. Mes galipettes avec Angela, ses câlineries, ses serments d’amour.
- En gros, elle nous
manipulés, nous a fait croire à une belle histoire pour nous motiver,
nous amener à sortir le meilleur de nous. C’est pour ça qu’on ne se voyait
jamais à trois.
- Merde ! Merde merde merde…
Jules ne sait plus quoi dire. Je lui sers un autre verre, en
ajoutant :
- Bienvenue au club.
- Le club des mecs manipulés, méprisés ?
- Oui, celui des pauvres cons.
- Pff ! Des mecs qui n’ont aucune valeur aux yeux des
femmes ?
- Disons aux yeux de celle-là…
Un silence. Après avoir réfléchi, Jules lâche :
- Tu sais quoi ? J’ai montré tes textes à un ami
professeur de lettres. Il dit que tu as du talent.
- Bof…
Une bonne partie de la soirée, nous alternons bières, whisky
et parts de pizza froide, imaginant un monde ou le respect de l’autre serait
une vertu cardinale, sans être vraiment dupes de notre propre rêve. Avant de
s’effondrer dans un sommeil lourd de vapeurs d’alcool, Jules suggère :
- Et si on trouvait une autre galerie ?
Ces mots tourbillonnent dans ma tête alors que je sombre à
mon tour, vautré sur le canapé et son épaule.
mardi 8 janvier 2013
Manipulés #4
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Voilà, ces mois de ma vie viennent de défiler dans mon esprit,
me ramenant devant mon ordinateur, toujours bouillant de colère, prêt à
détruire un projet complet. Quelque chose me retient pourtant. Ai-je vraiment
écrit ces textes pour cette salope –non, ne deviens pas vulgaire, ça ne te
ressemble pas- ? Elle s’est servie de moi, c’est sur. Mais je n’ai pas
utilisé ce que je croyais être notre amour dans mon œuvre, elle garde sa valeur
et sa sincérité. Je respire à fond. Il faut que je regarde ça plus
froidement. Extinction du PC, décision remise à plus tard. J’avais renoncé à un
stage de danse ce soir pour travailler. Et bien allons-y, danser me vide la
tête et il y aura sans doute de jolies filles à faire virevolter…
Je ne suis pas rapide pour prendre du recul. Pas très doué
non plus : dès le lendemain, j’envoie un mail à Angela.
« Bonjour Angela,
Comment vas-tu ? J’ai passé une dure soirée hier. Les
paroles de ton associé m’ont bouleversé.
Pouvons-nous en parler ?
J’ai besoin de toi, je t’aime.
Sebastián »
Deux jours, pas de réponse. Je laisse un message sur son
répondeur. Seul dans mon petit appartement, j’erre, indécis. Le souvenir de sa
peau me brûle. La douleur d’être à nouveau abandonné me dévore. Parfois,
effondré sur mon lit, je pleure comme un enfant, ne sentant plus battre mon
cœur en miettes. Après avoir longtemps sangloté, il m’arrive de me dire qu’elle
a été ignoble avec moi, qu’elle ne vaut pas cette peine. Elle s’est servie de
moi et de son corps pour me « motiver », quelle pute ! C’est un
vilain mot, mais Angela mérite d’être désignée ainsi. Je sens qu’une part de
vérité se cache dans ces pensées, mais par un fait étrange, elles ne sont
d’aucun réconfort.
Deux semaines se sont écoulées. Je continue à errer d’un mur
à l’autre de mon appartement, vide, sans volonté. Je m’observe et me dit
« tu ne vaux pas grand-chose. Te faire avoir comme ça, t’es un bleu mon
pote ! Au fond tu es comme tous les mecs, tu ne pense qu’avec ta
queue ». Puis je me raisonne : « si c’était vrai tu aurais
multiplié les aventures après t’être fait larguer il y a deux ans. Ton
problème, c’est que tu es trop sentimental. ». Enfin la conclusion est
toujours la même : « Au fond, tu te connais mal. » Pour la
centième ? millième ? fois, j’ai cette conversation avec moi-même
quand le téléphone sonne. Arrêt du cœur. Je décroche.
- Allo ?
- Salut, c’est Jules.
Sa voix est grave. Il reprend :
- je viens d’avoir un appel d’Angela. Rien compris à ce
qu’elle m’a dit. Je cite « on arrête avec Seb, ce qu’il fait n’est pas
bon. On garde tes dessins et on continue avec un autre ». Fin de citation.
C’est quoi ce bordel ?
- Putain Jules, si tu savais, quelle salope ?
C’est sorti tout seul. Un silence, puis Jules
répond :
- Je crois qu’il faut qu’on en parle tous les deux. Je viens
te voir avec des bières et des pizzas.
samedi 5 janvier 2013
Manipulés #3
MANIPULES
partie 1: ici
partie 2: là
Nouveau rendez-vous avec Angela. Nous collaborons depuis
deux mois. Elle porte un pull à col roulé très moulant sur une jupe courte. Nom
de Dieu, qu’elle est sexy ! Notre séance de travail commence, mais je ne
suis pas concentré. Je regarde ses doigts courir sur les pages, elle porte une
bague en or tout fine, un bijou de famille. Je n’y tiens plus. Je prends sa
main, l’embrasse sur le dos, puis sur la paume, lèche délicatement ses doigts.
A ma grande surprise elle gémit, elle aime. Je l’embrasse. Nous faisons l’amour
lentement, découvrant nos corps avec émotion, sur le canapé. Quand tout est
fini elle murmure à mon oreille « Sebastián, je t’aime ». Je ressors
de chez elle étourdi comme un ado, idiot, souriant aux passants, baignant dans
un bonheur indicible. Je peux toujours donner du plaisir à une femme, et la
rendre amoureuse ! Je suis le roi de l’univers !
A partir de ce jour, mes forces sont décuplées. Je continue
mes chroniques, mes haïkus, et les textes pour ce projet. Il me semble qu’ils
sont à elle. Pourtant c’est moi qui écris, qui cherche des lieux à évoquer et
se renseigne sur leur histoire pour mieux en parler. Je travaille
d’arrache-pied, et à chaque rencontre j’ai ma récompense, une dose de sexe, une
de tendresse et de mots d’amour, des félicitations. Le projet progresse à une
vitesse incroyable. Un jour cependant, elle m’annonce :
- Tu sais j’ai un associé dans la galerie. Il faut que je
lui montre le projet pour obtenir son accord avant de monter une expo.
Début de réveil. Mais au fait, je n’ai pas de contrat ?
Et Jules, en a-t-il ? Je l’appelle, il n’en a pas non plus. Je m’empresse
de déposer une empreinte numérique de mon œuvre sur un site spécialisé pour la
protéger.
L’associé est un homme sévère d’une cinquantaine d’années,
très élégant. Son attitude et sa tenue vestimentaire suintent le succès, la richesse,
un peu l’arrogance. Il nous reçoit dans son bureau, il trône derrière une table
de travail immense mais nue. Aux murs des tableaux et des rayonnages modernes
couverts de livres anciens. Angela et moi sommes assis de l’autre côté de la
table. Il attaque, direct :
- J’ai laissé carte blanche à Angela pour ce projet. Son
idée était séduisante. Elle vous a trouvé, ainsi que votre collègue graphiste.
Mon associée est plutôt douée pour dénicher des perles rares en termes de
peinture, de dessins. Mais la littérature n’est pas son point fort.
Un silence, il se concentre.
- J’ai lu attentivement vos textes. Plusieurs fois. Ça ne
colle pas. J’attendais des coups de poings, et tout ce que j’ai entre les mains
est gnangnan. Votre poésie de la beauté urbaine ne parlera qu’à des
adolescentes de quinze ans. Elles n’achètent pas ce genre d’œuvres. Quand vous
évoquez la laideur c’est pleurnichard. Bref, ça ne va pas du tout. On arrête le
projet.
Je suis atterré. Je compte sur ce projet, il me fait
revivre, il me sort de la monotonie des haïkus, des chroniques et de la routine
installée depuis que je suis seul. Merde ! Je ne peux pas laisser faire
cela.
- Je ne comprends pas.
J’essaye de parler d’une voix ferme, de ne pas laisser voir
mon trouble et ma colère.
- J’ai beaucoup travaillé avec Angela, j’ai écouté ses
conseils et ses avis, les textes ont été adaptés en fonction d’eux. Ma
production est conforme à la demande.
L’homme m’interrompt d’un geste de la main.
- Je vous ai dit qu’elle n’est pas spécialiste de
littérature. Je continuerai à lui faire confiance, mais seulement pour les
aspects graphiques. Je garde les dessins et j’ai trouvé quelqu’un d’autre pour
les textes. Nous en restons là.
Angela n’a pas bougé un cil pendant ce court entretien. Je me
lève, me dirige vers la porte, elle ne me suit pas…
mercredi 2 janvier 2013
Manipulés #2
MANIPULES
(partie 1 : ici)
Les choses vont très vite. Son projet est très arrêté, c’est
presque une commande. Angela veut me mettre en relation avec un graphiste,
Jules : je devrai écrire des textes sur les beautés et les laideurs
urbaines, qu’il illustrera. Elle est passionnée par la ville, toutes ses
expositions tournent autour de ce sujet. Les textes illustrés seraient
encadrés, ça se vendra une vraie fortune, vous verrez, un succès fou !
Pourquoi ai-je accepté ? Pour son regard de braise, ses frôlements
félins ? Parce que le courant passait bien avec Jules ? Parce que le
projet m’intéressait ? Un peu de tout sans doute. Je vivais seul depuis
deux ans, une rupture difficile. Dans ce cas, quand tout d’un coup quelqu’un
s’intéresse à vous, vous reprenez goût à la vie ! Dominé par cette émotion
nouvelle, j’ai oublié de demander un contrat. A postériori quel con…
Le travail a commencé. Solitaire d’abord, écrire ne peut se
faire que dans l’isolement. J’allais la voir une fois par semaine, nous
discutions des textes, assis côte à côte sur son canapé, des tasses de thé
fumant posées presque sur les pages que j’amenais. Quand nous argumentions sur
un mot, une expression, nos doigts pointés sur les feuilles s’effleuraient.
Installés proches l’un de l’autre, sa hanche me frôlait, je sentais son parfum.
Elle me souriait, complice, enjôleuse. Le frisson se faisait plus violent à
chaque rendez-vous. Entre deux séances elle ne donnait pas signe de vie, et
j’en étais triste. Tiens, une femme te manque ? Sébastien, ton cœur
aurait-il recommencé à battre ?
Je voyais régulièrement Jules aussi, pour lui présenter mes
projets. Il cherchait à s’en imprégner pour tenter des illustrations. Il en
créait plusieurs pour chaque texte, me demandait mon avis. Souvent je lui
demandais de panacher les propositions, l’accouchement était difficile !
Mais une vraie complicité s’installait entre nous, nous nous comprenions, ses
dessins cadraient bien, il « sentait » mes mots et les croquait avec
grâce, même quand il s’agissait de laideur urbaine.
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