vendredi 10 juillet 2020

Oublier les livres ? Pas tant que ça...

Il y a trois ans, je vous racontais comment, en réorganisant les livres de la famille dans les diverses étagères, je me suis rendu compte que j’avais oublié beaucoup des livres que j’ai lu.

Tout récemment, nous avons déménagé et la question de la bibliothèque s’est posée à nouveau. Notre choix était de loger dans un appartement plus petit, et de créer un endroit dédié aux livres, au lieu d’avoir des étagères et rayonnages éparpillés dans tout l’appartement.

De ce côté c’est réussi, mais… cela nous a obligés à quelques révisions déchirantes.

Nous savions que tout ne tiendrait pas, donc qu’il faudrait jeter… Finalement nous avons bien entendu trouvé une solution de contournement : séparer les BD et acheter un meuble spécialement pour ça, qui ne se trouve pas dans la bibliothèque.

Malgré tout, quelques dizaines de livres ont dû être exclus, ceux pour lesquels nos souvenirs n’étaient pas enthousiastes. Ceux dont nous nous rappelions que nous ne les avions pas aimé, voire que nous n’avions pas pu lire jusqu’au bout.

En triant ces livres, en se les remémorant, « Tiens, tu as lu celui-là ? Il m’avait plu… »  j’ai eu le plaisir de constater que, à rebours de la fois précédente, je me rappelais en les regardant beaucoup de grands plaisirs de lecture : El ultimo lector de David Toscana, Calligraphie des rêves de Juan Marsé, L’oiseau Canadèche de Jim Dodge, Stefan Zweig, deux ou trois romans japonais, Eduardo Mendoza, Louis Owens, Sandrine Collette, Claude Pujade-Renaud, Fred Vargas, Laurent Gaudé et tant d’autres que je n’aurais pas la place de tous les citer ici.

Bien sûr Eleazar ou la source du buisson, qui a eu l’honneur de garder sa place, reste toujours aussi mystérieux pour moi, mais il y a plus de livres dont je me souviens et que j’ai aimés que de trous noirs. Et finalement c’est une bonne nouvelle, non ?

lundi 29 juin 2020

mes lectures de confinement


Quand le confirment s'est mis en place, tous les gens qui me connaissent bien ont pensé que j'allais en profiter pour lire beaucoup. D’autant que j'ai vite été en chômage partiel, ne travaillant que les matins. Et bien...  ça s'est vite avéré plus compliqué que ça. L'inquiétude liée à l'épidémie, le choc face à la situation, la contrainte de ne pas voir ses proches, tout cela a pesé sur mon état d’esprit et m'a éloignée de la lecture. J'ai privilégié des activités manuelles, crochet et cuisine, parce que lorsque les mains sont occupées, le cerveau vagabonde moins. Néanmoins j'aimerais vous raconter ici mon parcours littéraire pendant des deux mois. 

  • Je finissais Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon de JP Dubois (que je recommande) quand il nous a été ordonné de rester chez nous. J'ai un peu tourné en rond au milieu de nos étagères, demandant conseil à ma moitié, qui m'a proposé:

Philippe Kerr, Bleu de prusse

Un roman policier historique qui entrecroise des événements en 1956 et d’autres en 1939. Le héros récurrent de Kerr, Bernie Gunther, est à deux doigts de tomber dans un piège tendu par la Stasi en 1956, et enquête sur une mort mystérieuse au Berghof, le nid d’aigle d’Hitler. Si c’est très bien écrit et si c’est une belle enquête, l’univers nazi m’a écrasée, j’ai eu du mal à accepter l’idée qu’on puisse mettre dans un roman tous ces personnages de la garde rapprochée d’Hitler, qui ont laissé derrière eux une empreinte si désastreuse, des millions de morts et une Europe en ruines. 

  • Après cette expérience difficile vu les conditions, il fallait me "relancer" en tant que lectrice. Je me suis alors lancée dans 
Selden Edwards, L’incroyable histoire de Wheeler Burden

roman recommandé par mon club de lecture. 
Un rocker de San Francisco des années 60 à 80  se retrouve soudain à Vienne en 1897. IOl croisera les grands artistes ou intellectuels qui faisaient rayonner Vienne à cette époque, tombera amoureux d’une jeune américaine, puis… se posera bien des questions sur la possibilité ou non de changer les cours des choses, face à l’histoire de sa famille et à la grande histoire, montée du fascisme et présence du jeune Hitler pas très loin… 

Avant d’être un roman philosophique, c’est surtout un incroyable roman d’aventures, plein de rebondissement inattendus, et de rencontres exceptionnelles. 

Sans divulgâcher, le sacrifice de l’héroïne à la fin du livre (et non, il n’y a pas mort de femme, c’est beaucoup plus subtil que ça) est terriblement émouvant.

Avertissement aux éventuels lecteurs : il faut vraiment aller au-delà de 140 pages pour que ça démarre, mais le jeu en vaut la chandelle !

  • A ce stade, ça allait mieux, l'envie de lire revenait, et je me suis attaquée à 
Ken Follett Un monde sans fin

mon cadeau de Sant Jordi

Impossible à résumer tant elle est riche en événements, cette grande saga à la fin du moyen-âge, suite lointaine de Les piliers de la terre, permet d’en connaitre beaucoup plus sur les règles assez impitoyables qui régissent la société, qu’il s’agisse des paysans (métayers et journaliers, avec des contraintes incroyables sur la possession de la terre), ou les artisans, en particulier les apprentis. 

Quatre personnages sont suivis de leur enfance à l'âge mur, la vie ne leur faisant souvent pas de cadeaux. Un bâtisseur qui du voulu être chevalier, une paysanne, un chevalier tourmenté, une fille de marchand de laine qui connaitra plusieurs états
cette lectyre entre quatre murs fut étrange parce qu’une épidémie de peste sévit ans la vilel ou se déroule le saga, et un des personnages, une nonne guérisseuse recommande un confinement, et des mesures de protection pour les religieuses qui soigent les malades, leur fzaisant porter sur la bouche des bandes de tissu, des masqueds.. 

  • Cette résonance entre la réalité et le roman n'a en rien entamé mon plaisir de lecture, et j'ai enchaîné avec

Sandrine Collette, Et toujours les forêts

Une histoire de fin du monde qui brûle soudain tout ce qui se trouve à la surface de la terre, et ne laisse survivre que ceux qui étaient dessous, comme le héros qui se baladait dans les catacombes avec ses amis. Il décidera de retourner auprès de son arrière-grand-mère, au fin fond d’une campagne ou règnent les forêts, puis tentera de repeupler la planète… 

Une destruction, une errance puis l’essai d’un nouveau départ : il y a bien entendu du Ravage de Barjavel dans ce roman. Mais il est ancré dans le monde d’aujourd’hui, avec ses grandes faiblesses, dont le dérèglement climatique, et la fin est moins porteuse d’espoir : il ne s’est pas encore créé de nouvelle société. 

J’aime beaucoup la plume de Sandrine Collette, et elle est ici d’une force incroyable pour décrire le monde d’avant et le monde d’après ;-) ainsi que l’obstination presque animale du héros, portée par un instinct de survie jamais mentionné mais toujours présent. 

  • Après cette lecture enthousiasmante, aucun souci pour entamer la lecture de 

 Ian Mc Ewan, Une machine comme moi

L’intelligence artificielle est devenue un grand sujet de roman de nous jours, et c’est une bonne chose. Le romancier, en saisissant un fil et en le suivant jusqu’à son extrémité la plus sombre, a la capacité à illustrer de façon très compréhensible par tous et par moi les risques, les implications de quelque chose des nouveau. Un peu comme Black Mirror dans l’univers des séries télé.

Ici, j’ai été attirée par le sujet de l’IA, et par la construction uchronique, le roman se déroulant à Londres en 1982, dans un monde ou Alan Turing est devenu une sorte de gourou de l’informatique, ou les Beatles sortent un nouveau disque et ou le Royaume-Uni perd la guerre des Malouines
Hélas cette costruction est décevante : à Londres en 1982, si on baigne dans une suite d’événements (guerres terrorisme, politique) répondant parfaitement à la définition de l’uchronie, le monde est celui que nous connaissons, avec Internet, les téléphones portables, etc… Si bien que dans la façon dont les gens vivent, il n’y a pas de surprise. 

Quant à l’IA incarnée par un robot aux allures parfaitement humaines, elle a le sentiment d’exister, d’être amoureuse, de vivre. Mais ses semblables se suicident, comme incapables de faire face à la réalité de ce qu’ils sont. C’est le fil qu’explore McEwan, et il m'a beaucoup intéressée. 

Depuis je lis, tranquillement, mais ceci est une autre histoire ;-)

Oups, oublié de mentionner: j'ai commencé la lecture de l’églantine et le muguet, de Danielle Sallenave, plongée dans le passé à deux faces de l'Anjou (et sans doute de toute la France) entre un idéal républicain enthousiasmant mais pétri de contradictions et le poids très conservateur de l'Eglise. J'ai patiné, le confinement n'était pas le bon moment. J'ai donc laissé tomber et je viens de recommencer. A suivre ? 

lundi 20 janvier 2020

Une ronde de mois






J’aime bien le mois de janvier
Qui ouvre la nouvelle année
Avec ses rêves et espoirs
Cette idée d’un nouveau départ

Mais je n’aime pas trop janvier
Ou des vies ont été brisées
Mois funeste il y a cinq ans
Qui jeta mes rêves au néant

Que penser du court février
Fini aussitôt commencé
Cœur de l’hiver, froid et neigeux
Qui aux jours trop courts dit adieu

Non je m’aime pas trop février
Sa météo trop tempérée
Dérèglement climatique
Fini ces grands froids qui piquent

Et si je n’aime pas trop mars
Avec ses giboulées éparses
C’est qu’il n’est qu’une transition
Du printemps un simple embryon

Mais si ! J’aime le mois de mars
Avec le soleil son comparse
Suscitant quelques floraisons
Et les premières couvaisons

J’aime beaucoup le mois d’avril
Au souvenir indélébile
De vacances en famille au sud
Et d’aventures inattendues

Mais comment aimer cet avril
Son vingt-et-un et le péril
D’un extrême de haine, de fiel
Banni d’un vote consensuel

Peut-on aimer le joli mai
Ses évéements, son muguet
Sa douceur et ses élections
Voilà une étrange équation !

Comment aimer le joli mai
Dans les urnes on met nos souhaits
Bien vite le président élu
Trahira nos rêves tant et plus

Non passons et aimons juin
Ce mois libère les lycéens
Fini études, lettres, sciences
Préparons enfin les vacances !

Résolument aimons juin
Ou guerriers, bidasses et biffins
Sur nos plages ont débarqué
Pour nous rendre notre liberté

Voici juillet que l’on aime
Le peuple prit un emblème
En détruisant une prison
Et fit une révolution

Peut-on encore aimer juillet
Ou une foule fut massacrée
Pas de danse à l’accordéon
Si j’osais : putain de camion

Enfin voici ce mois d’août
Sous le soleil juste en dessous
Vacances, détente, repos
Mois aimé pour sa météo

Mais non août on ne peut l’aimer
Sa météo est détraquée
Canicule et sécheresse
Nous mettent tous en détresse

Septembre est un mois que j’aime
La rentrée pour moi sans problèmes
J’ai toujours aimé l’école
En apprenant on s’envole

Mais septembre est aussi le mois
Ou Hitler devint presque roi
A Nuremberg et à Franco
L’armée espagnole dit banco

J’ai une passion pour octobre
Et ses couleurs tout sauf sobres
Dans les bois feuillages embrasés
Dans le ciel lumière en beauté

En octobre nous affectionnons
Pommes, poires et champignons
Cèpes et bolets en fricassée
Nous mettent en joie sans finasser

Alors arrive novembre
Les ciels sont noirs et plus ambre
Les jours sont courts, il pleut sans cesse
Ce mois-là est plein de rudesse

On ne peut aimer novembre
Devenu un mois macabre
Même si l’écho du mois de juin
D’une guerre permit la fin

Décembre est un mois attendu
Enfants, familles et tribus
Se retrouvent, parfois font la paix
Heureux, joyeux ou circonspects

On aime ce mois car c’est là
Que se finit en bamboula
Chaque année, douce ou amère
Toute en rêves… et en chimères !

S’il vous faut une morale
A cette expérience ancestrale
Toute année commence et finit
Qu’on l’aime ou non, cycle infini

Mois après mois nous rencontrons
Du neutre du mauvais du bon
Casser le mauvais nous devons
Quitte à faire… la révolution !


nota: ce poème a été composé pour être dit dans une soirée SLAM organisée à Igny le 18 janvier 2020, et animée par l'association Universlam, site à consulter ici