Vous voulez vous sortir hors du temps, être pressé par le temps et dans votre temps en même temps ?
Venez au festival des Rendez-vous de l’Histoire de Blois ! Il va vous falloir attendre jusqu’en octobre 2026, mais en attendant je vous explique ces apparentes contradictions.
Quand vous êtes à Blois pour ce festival, vous êtes hors du temps. Une conférence, une table ronde commence et vous voilà plongé dans une autre époque, concentrés sur les interventions d’experts passionnants. Des moments suspendus, les historiens savent susciter questionnements et réflexion, sur l’histoire en elle-même et sur ses résonnances dans le temps présent.
Ainsi, lors de la session 2025, une conférence de la journée d’études « Être français, un statut, des statuts ? » nous a fait réfléchir sur la notion de nationalité, au fond pas si ancienne que cela, puisque sous l’ancien régime, être français signifiait être sujet du roi, ce qui pouvait être le cas de personnes nées dans l’autres territoires ; et que sous la révolution, c’est la citoyenneté qui primait, donc le fait d’être investi dans la cité. Nous avons alors voyagé de Louis XIV au début du XXe siècle, pendant une heure et demie ou le temps cesse de s’écouler.
Cette manifestation foisonne pendant 4 jours : tous les lieux de la ville accueillent des exposés, des cartes blanches, des cafés littéraires, et tant d’autres animations. La halle aux grains, cœur battant de ces rendez-vous, la mairie, la CCI, le tribunal, l’université, le château, la maison de la magie, des établissements de l’enseignement supérieur… Les habitués arrivent dans la ville avec un programme préparé à l’avance, en visant des événements compatibles en termes de lieux et d’intervalles de temps. Faute de quoi il est possible de se retrouver à courir après le temps, ou plus précisément après l’horloge, tel le lapin d’Alice, en pensant « je suis en retard, en retard, en retard ! »
Cette année, après une dizaine d’années d’expérience, nous avons même délaissé une conférence dont le sujet nous passionnait pour avoir le temps de nous asseoir le midi, de manger sans avaler en vitesse, de respirer. Comme dit le proverbe, choisir c’est renoncer. Une année, nous avons tenu à assister à 4 interventions en un jour, nous avons fini épuisés et pas retenu grand-chose de la dernière. Il vaut mieux profiter pleinement de peu que vouloir trop en faire.
Au salon du livre qui accompagne et rythme le festival, les auteurs présents ont généralement une heure pour leurs séances de dédicaces, et les lecteurs avides se précipitent pour être surs d’obtenir une signature. Là encore, le temps les presse admirateurs et auteurs, mais de beaux instants d’échange se produisent. J’ai en mémoire une jolie rencontre personnelle avec François Garde pour Marcher à Kerguelen, et cette fois-ci un échange sincère avec Stéphane Michonneau pour Franco, le temps et la légende.
Enfin, ce festival est pleinement de son temps.
D’abord, les professeurs d’histoire constituent le public principal, avec de nombreux ateliers pédagogiques ou est interrogée la façon d’enseigner cette matière de nos jours.
Ensuite, les thèmes interrogent le plus souvent de grands sujets de débats d’aujourd’hui. Voici quelques exemples :
§ Cette année, « La France ? » permettait de d’évoquer ce qu’est être français, ce qu’est la France en elle-même, et l’utilisation au cours des siècles du roman national.
§ L’année prochaine, Blois évoquera « Les marchands » dans un monde qui a vécu la mondialisation et vit un retour de bâton avec la guerre des taxes à l’importation.
§ En 2024, le festival se penchait sur la ville, notant que les villes abritent aujourd’hui la moitié de la population humaine et doivent relever de nombreux défis, notamment face au changement climatique, mais pas seulement. Dès lors, comment adapter la ville aux enjeux de demain ?
Je ne lasse pas de ces apparentes contradictions du rapport au temps de ces Rendez-Vous. Bien décidée à participer encore et encore, pour tout ce que j’apprends, pour l’éclairage que cela apporte sur notre époque, et peut-être parce que l’histoire est la discipline qui, bien enseignée, est la plus à même de former les citoyens de demain.
Alors, on s'y retrouve en octobre 2026 ?
