vendredi 11 janvier 2013

Manipulés #5

MANIPULES



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Sitôt arrivé, il s’assoit à califourchon sur une chaise, décapsule deux bières et m’en donne une.
- Raconte.
Je m’exécute et décrit l’entrevue avec l’associé. Il écoute en silence, concentré. Lorsque j’ai fini il lâche :
- OK. Elle a été nulle avec toi. Mais je ne veux pas que tu dises que c’est une salope. Angela et moi on est ensemble, je l’aime.
Je m’étrangle avec une gorgée de bière, l’observe longuement. Après avoir posé doucement ma bouteille de bière sur le buffet, je passe ma main dans mes cheveux. Des poids s’envolent de ma poitrine, de mes épaules. Je savoure. Jules attend, l’air interrogateur.
- T’es aussi couillon que moi mon vieux. Je crois qu’il va te falloir du costaud.
Je sors une bouteille de whisky, sers un verre à mon pote. Il est surpris, mais boit. Quand son verre est fini, je lui révèle le pot aux roses. Mes galipettes avec Angela, ses câlineries, ses serments d’amour.
- En gros, elle nous  manipulés, nous a fait croire à une belle histoire pour nous motiver, nous amener à sortir le meilleur de nous. C’est pour ça qu’on ne se voyait jamais à trois.
- Merde ! Merde merde merde…
Jules ne sait plus quoi dire. Je lui sers un autre verre, en ajoutant :
- Bienvenue au club.
- Le club des mecs manipulés, méprisés ?
- Oui, celui des pauvres cons.  
- Pff ! Des mecs qui n’ont aucune valeur aux yeux des femmes ?
- Disons aux yeux de celle-là…
Un silence. Après avoir réfléchi, Jules lâche :
- Tu sais quoi ? J’ai montré tes textes à un ami professeur de lettres. Il dit que tu as du talent.
- Bof…
Une bonne partie de la soirée, nous alternons bières, whisky et parts de pizza froide, imaginant un monde ou le respect de l’autre serait une vertu cardinale, sans être vraiment dupes de notre propre rêve. Avant de s’effondrer dans un sommeil lourd de vapeurs d’alcool, Jules suggère :
- Et si on trouvait une autre galerie ?
Ces mots tourbillonnent dans ma tête alors que je sombre à mon tour, vautré sur le canapé et son épaule.

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