samedi 5 juillet 2025

des livres et du crochet

 

Depuis que je note tous les livres lus chaque année, donc depuis 2014, je lis en général entre 35 et 40 livres par an.

A la fin juin de cette année, j’en ai lu 12, ce qui fait un potentiel de… seulement 24 cette année.

Usuellement, c’est à ce stade du raisonnement que d’aucuns pourraient argumenter, se justifier :

  •       Ouiiiiii mais j’ai affronté des pavés, ce qui est vrai : Le Tout de Dave Eggers et La mort immortelle de Liu Cixin ne se lisent pas en 5 mn.
  • Alors tu comprends, j’ai été très fatiguée, je ne lisais pas beaucoup car je n’en avais pas la force, ce qui m’est arrivé en mai et juin.
  • J’ai été très occupée, beaucoup de travail, des activités de toutes sortes et finalement, c’est mon temps de lecture qui en a pâti (vrai aussi).

D’autres pourraient mettre en avant que, au fond, quelle importance tout ça ? Ce qui compte c’est le plaisir de la lecture, qu’explorer des romans ou des essais, ce n’est pas une compétition, et que la performance n’est pas un sujet.

Et tous ces raisonneurs auraient raison. Alors pourquoi je vous en parle ? A cause de mon projet de plaid aux couleurs des couvertures des livres lus !

Petit rappel pour ceux qui ne sont pas au courant.

En début d’année, je suis tombée sur une publication Facebook qui m’a attirée : deux femmes ont réalisé des carrés au crochet de la couleur de la couverture de chaque livre qu’elles avaient lu, puis les ont assemblés en un plaid. Incroyable ! Un projet qui combine mes deux hobbies ! Alors je me suis lancée.

Et ça donne des réalisations de ce type :

 


Puis je me suis rendu compte qu’assembler ces carrés donnerait un résultat peu esthétique, alors j’ai décidé d’ajouter un dernier tour de la même couleur pour tous les carrés, comme ceci :

 


Enfin j’ai mesuré les carrés. Ils font environ 13 cm de large. Pour un plaid d’une dimension agréable, dans lequel on puisse se lover (un peu) il faudrait a minima 81 carrés, composant un carré de 9 * 9. Les bons en maths, ne me dites pas que ça fait un peu juste comme plaid, je le sais. Lisez plutôt la suite.

Parce que c’est là que mon rythme de lecture réduite est un problème. A 24 livres par an, il faudra presque 3 ans et demi pour avoir lu assez de livres et crocheté tous les carrés. A 40 livres par an, mon rythme moyen depuis plusieurs années, à peine plus de deux ans seraient nécessaires.

Alors, dois-je me ressaisir et me plonger un peu plus dans les livres, ou laisser faire ? Je suis partagée entre mon envie que ce projet au crochet avance, ne dure pas une éternité, et mon envie de ne pas me brusquer. Deux envies clairement contradictoires. Pas tout à fait un choix cornélien, mais presque.

Avez-vous deviné la suite ? je vous la livre : je procrastine. Je repousse la décision et je laisse faire. Et ce n’est peut-être pas grave. Si vous voulez, je vous tiendrai au courant 😉si je passe au braquet supérieur, ça vous dit ?

lundi 16 juin 2025

les 25 meilleurs livres du siècle, merci Télérama !

 Faites-vous partie comme moi de ces personnes qui adorent détester Télérama ?

 Que votre réponse soit oui ou non, laissez-moi vous raconter mon dernier gros agacement avec ce magazine… et toute l’ambiguïté de cet énervement.

 Quand j’ai vu cette une : « les 25 meilleurs livres du XXIe siècle », mon sang n’a fait qu’un tour.  J’ai fulminé. Ronchonné. Grogné entre mes dents.

 « Mais tu déconnes, Télérama ! Nous ne saurons jamais quels romans seront les meilleurs de ce siècle ! Il faudra laisser le temps faire son œuvre, que la poussière retombe, que les romans insignifiants disparaissent, et que les meilleurs surnagent. Nous serons morts. Et puis comment savoir maintenant, en 2025, que ces romans dont tu parles dans tes pages seront encore lus en… 2125 ? Bref tu ne t’enverrais pas un peu en l’air, là ? »

 Et puis… difficile de ne pas être curieuse. De ne pas jeter un œil froid sur les pages en question, en haussant un peu les épaules ou les sourcils. Et de ne pas finir par se prendre au jeu et finalement lire avec sincérité ce palmarès.

 Il y a ceux que je n’ai pas lu, ceux que je ne lirai jamais, ceux au bout desquels je ne suis pas arrivée, ceux que je ne connais pas, ceux que j’ai aimé aussi et enfin ceux que j’ai envie d’inscrire sur ma liste.

 Vous me suivez ? Visite guidée de cette liste en toute subjectivité !

 25. La carte et le territoire, Michel Houellebecq. J’ai horreur du personnage et de la complainte au pauvre mâle blanc qui se ne reconnait plus dans notre époque. Je ne lirai plus cet auteur.

 24. Une histoire d’amour et de ténèbres, Amos Oz. Je ne connais pas, le sujet a l’air passionnant – les mémoires de l’auteur, son enfance à Jérusalem- mais je ne suis pas tentée.

 23. Neige, Orhan Pamuk. J’ai essayé, j’ai calé. Pas pu m’expliquer pourquoi, le sentiment de passer à côté. Peut-être pas le bon moment, peut-être pas mon type de lecture.

 22. Les argonautes, Maggie Nelson. Je ne connais pas.

 20 ex-aequo. Purge, Sofi Oksanen. Je ne connais pas non plus.

 20 ex-aequo. La plus secrète mémoire des hommes, Mohammed Mbougar Sarr. Un roman complexe, qui tisse des liens étonnants entre des lieux des personnes, des époques. Une lecture que j’ai beaucoup appréciée !

 19. La bascule du soufre, Herta Muller. Je ne connais pas.

 18 ex-aequo. Underground railroad, Colson Whitehead. Je n’ai jamais lu cet auteur, mais j’ai souvent été tentée. Qu’il soit dans ce classement augmente ma curiosité.

 18 ex-aequo. O, Miki Luikkonen. Cent personnages souffrant toutes d’une psychose, sept journées : ca me parait un tantinet compliqué, pas envie de me plonger là-dedans.

 16. La fête au bouc, Mario Vargas Llosa. Est-il possible de dire que je me suis ennuyée en le lisant ? Et que les convictions économiques très libérales de cet auteur me tiennent éloigné de lui ?

 15. La végétarienne, Hang Kang. Elle a reçu le Nobel en 2024, je n’en avais jamais entendu parler avant car elle avait été peu traduite en français. Une occasion de la découvrir ?

 14. Kafka sur le rivage, Haruki Murakami. Une belle part d’onirisme et fantastique dans ce texte très romanesque, j’ai pris plaisir à le lire. Mais je m’interroge : si c’est vraiment une fable, comme le dit Télérama, quelle est sa morale ?

 13. La Maison des feuilles, Mark Z. Danielewski. A ce stade je dois reconnaître que je commence à être vexée d’encore ne pas connaître.

 12. Solénoïde, Mircea Cartarescu. Bis repetita…

 11. Le Lambeau, Philippe Lançon. L’attentat contre Charlie Hebdo m’a profondément marquée. Pas osé lire ce texte, par peur d’être submergée par l’émotion

 10. Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie. Une autrice dont on parle beaucoup pour son dernier livre, L’inventaire des rêves. A rajouter sur ma liste, indéniablement !

 9. L’adversaire, Emmanuel Carrère. Pas passionnée par les grands crimes et leurs mystères, je n’ai pas lu ce livre. Mais il a été lu à la maison et apprécié !

 8. L’année de la pensée magique, Joan Didion. Il y a quelques années je m’émouvais sur ce blog de lire peu de livres écrits pas des femmes. Une amie m’a conseillé Joan Didion (entre autres), il serait donc temps que je me lance.

 7. Les Livres de Jakób, d’Olga Tokarczuk. Encore un Nobel que je n’ai pas lu ! Il y en a beaucoup, des Nobel, remarquez, et aussi pas mal que j’ai lus. J’en ai parlé dans cet article.

 6. Les Années, Annie Ernaux. Si la plume d’Annie Ernaux est superbe, je ne suis pas fan de cette littérature qui ne raconte rien ou peu. C’est pourquoi j’ai du mal avec Modiano, et avec Ernaux.

 5. La Tache, Philip Roth. Un auteur qui ne sera hélas jamais Nobel (il y en a beaucoup dans cette liste). La Tache est un roman impressionnant, qui donne à réfléchir, et qui n’a hélas rien perdu de son actualité.

 4. La Route, Cormac McCarthy. Avec presque rien McCarthy compose un récit haletant, pesant, il nous renvoie un miroir grossissant de l’humanité. Formidable ! Et puis j’aime le post-apocalyptique, il faudrait que j’en parle ici, un jour.

 3. La Fin de l’homme rouge, Svetlana Alexievitch. Pas lu mais il a été lu à la maison, perçu comme marquant, dur, racontant des choses inimaginables.

 2. Austerlitz, W.G. Sebald. Ne découvrant cette liste, ma moitié voulu le lire. Il lui a semblé qu’il fallait s’accrocher, qui qu’il fallait être dans le bon état d’esprit. Calage au bout de 20 pages.

 1. 2666, Roberto Bolaño. J’ai calé, trop difficile à lire. Triste de cet échec.

 La lecture complète de ce palmarès m’inspire quelques réflexions.

 D’abord, il est élitiste. Normal me direz-vous, puisqu’il s’agit de rechercher les meilleurs textes. Mais quand je constate que j’en ai lu seulement 6 et que j’ai calé sur 2 autres, je me demande qui a pu lire tout cela. Tout simplement les personnes qui ont participé à le construire : des écrivains, éditeurs, libraires, traducteurs, critiques universitaires français et internationaux. Je me demande à quoi ressemblerait le palmarès du grand public. En tous cas le mien serait sans doute plus accessible à tous que celui-ci.

Ensuite, une belle présence des Nobel de littérature. Ce qui valide que c’est un prix pertinent, même s’il récompense parfois des auteurs difficiles à lire.

Enfin, il me confirme que les palmarès c’est bien beau, ça peut fournir des idées de lecture, mais qu’au fond rien ne compte plus que le plaisir de lire. Un roman de gare, un polar, un texte feel-good, ça peut valoir autant qu’un chef d’œuvre en termes de plaisir. Eprouver du plaisir en lisant, même un livre dur, une histoire très noire, un essai un peu technique, c’est la porte ouverte à apprendre quelque chose, à s’enrichir de sa lecture. Un grand texte trop aride pour le lecteur moyen, disons moi, louperait cet objectif.

 Reste la question vertigineuse du livre qui fait réfléchir, voire qui transforme votre vie. Sans cette liste s’en trouvent certainement quelques-uns. J’en ai rencontré pas mal de la première catégorie, et j’adore ça. Mais aucun de la seconde. Et vous ?


 Si vous voulez en savoir plus sur ce palmarès, l’article (réservé abonnés) est ici

 

dimanche 29 décembre 2024

The french title and the original one / El título francés y el original

 

Récemment (enfin il y a déjà quelques mois), j’ai lu Ouragans tropicaux de Leonardo Padura. Par hasard, je regarde les mentions habituelles en début de livre et je découvre que le titre original, c’était Personas decentes, qui peut se traduire par Des gens honnêtes. Rien à voir avec le titre en espagnol ! 

 

 

Je suis tombée des nues, dans ma grande naïveté je ne m’étais jamais posé la question des titres originaux, et je pensais que la littérature avait un peu échappé à ce syndrome du monde du cinéma.

 Quel intérêt de modifier le titre choisi par Padura ? D’aucuns rappelleront que c’est souvent l’éditeur qui choisit le titre, mais cela se fait rarement contre l’auteur. Par ailleurs, le roman utilise une fois l’expression personas decentes, et une fois l’expression ouragans tropicaux. Quiconque a lu le livre sait que tous les personnages ou presque sont des crapules, ce qui donne une ironie assez mordante au titre de l’édition cubaine.

 Ouragans tropicaux me parait un titre plus racoleur, avec la pointe d’exotisme qui fait acheter le lecteur français, mais qui dénature un peu l’esprit du roman, même si ces mots y sont utilisés.

 A ce stade de la réflexion, j’ai soudain réalisé que cette transformation du titre dans l’édition française était peut-être plus courante que je ne le pensais. Je me suis alors plongée dans ma bibliothèque. Voici quelques exemples qui m’ont contrariée (ou pas) :

 Les secrets de Ciempozuelos, d’Almudena Grandes, s’intitule en espagnol La madre de Frankenstein (la mère de Frankenstein). Le titre français a du sens puisque l’intrigue se déroule dans un établissement psychiatrique qui se nomme Ciempozuelos, bourré de secrets terribles. Le titre espagnol est légitime aussi du fait de sa signification pour le héros. Et il faut bien avouer qu’il ne marque pas le côté hispanique du roman, au contraire de la plupart de ses autres romans traduits.

 Le silence de Dennis Lehane s’intitule en anglais small mercies. Difficile de proposer une traduction, il faudrait pouvoir lire le livre en anglais. Mais mercy signifie clémence, compassion, indulgence soulagement, pitié. Nulle mention du silence dans le titre anglais, et d’ailleurs le silence n’est pas ce qui vient immédiatement à l’esprit en repensant au roman. Une modification peut-être inopportune donc.

 L’enfant de la prochaine aurore de Louise Erdrich a pour titre original Future home of the living god, soit la future demeure du dieu vivant. D’accord ça parait un peu fumeux, mais pas plus qu’en anglais. Et pas plus que le titre français, non ? En relisant le résumé (ici), les deux titres ont du sens au regard du sujet. Impossible pour moi de choisir entre les deux hypothèses.

 Le plus costaud en termes de titre : La vie en chantier de Pete Fromm ! Le titre de départ c’est : A Job You Mostly Won't Know How To Do, soit quelque chose comme Un travail que vous ne saurez généralement pas faire. Ce titre est très évocateur de la teneur du roman, puisque le sujet est celui du travail de deuil, quasi impossible pour le personnage principal (résumé ici).

 Enfin, une traduction amusante pour finir : Bournville de Jonathan Coe a été traduit par Le royaume désuni, un trait d’humour que l’éditeur aurait peut-être eu tort de louper, et qui colle parfaitement au roman !

 A ce stade, inutile d’épuiser tous les titres présents sur mes étagères, force est de constater que les éditeurs se permettent des fantaisies parfois à propos, parfois moins. Cela m’attriste car les traductions peuvent faire perdre du sens au titre. Mais il n’est sans doute pas pertinent d’en faire une croisade, il y a bien d’autres sujets plus importants dans le monde. Et comme je choisis les livres plus sur leur sujet que leur titre, ce constat ne changera rien à mes habitudes de lectures !

 

 

dimanche 22 décembre 2024

Les livres 2024 qui apportent quelque chose

 


La période des fêtes, c’est souvent le moment de faire un bilan. Les années passées j'attendais janvier, et là, je ne sais pas pourquoi, j'ai eu envie de le faire dès décembre.

Cette année mon bilan est perturbé par une question qui m’a été posée récemment à propos d’un livre qui a reçu un prix littéraire : « est-ce qu’il apporte quelque chose ? » (L’auteur de cette question se reconnaîtra 😉 ).

Le roman en question est magnifiquement écrit, par une autrice qui travaille à l’extrême ses textes. L’histoire qu’elle raconte est prenante, incontestablement. Mais au fond, ce livre ne va pas me laisser des souvenirs prégnants. Juste une vague réminiscence. Parce que le sujet a déjà été traité.

Alors j’ai repris la liste des livres lus cette année en me demandant s’ils m’avaient apporté quelque chose. Sur une quarantaine de textes, entre ceux lus juste pour se détendre, et ceux qui ne m’ont pas plu, il en reste assez peu.

ü Voici donc ces romans que je vous recommande chaleureusement

Le silence de Dennis Lehane

En cet été de 1974, à South Boston, quartier irlandais de Boston, Mary Pat Fennessy mène une existence routinière. Un soir, Jules, sa fille de dix-sept ans, ne rentre pas à la maison et sa trace disparaît dans la chaleur moite de la ville. La même nuit, un jeune Noir se fait mortellement percuter par un train dans des circonstances suspectes. Ces deux événements sans lien apparent plongent les habitants de Southie dans le trouble. D’autant que la récente politique de déségrégation mise en œuvre par la ville provoque des tensions raciales et qu’une grande manifestation se prépare. Dans la recherche effrénée de sa fille, Mary Pat, qui croyait appartenir à une communauté unie, voit les portes se fermer devant elle. Face à ce mur de silence, cette femme en colère devra lutter seule pour faire éclater la vérité, aussi dévastatrice soit-elle.

Ce que ce roman apporte ? Il met en lumière les relations tendues entre communautés, y compris celle des ces blancs pauvres que la vie a broyés. Sans manichéisme, Dennis Lehane illustre combien la justice est une notion complexe selon votre origine. Qu’il est aussi difficile d’être la mère blanche d’une ado en rupture de banc dans une cité que d’être la mère noire d’un jeune homme dans une ville raciste. Le résultat, c’est un roman très noir, un polar ou l’enquêteur est la mère d’une disparue, un constat social sans appel, une remise en question de rêve américain.

Une mention spéciale pour la couverture, jaune comme les bus scolaires US et comme la bonne vieille série noire Gallimard.

Une brève histoire de l’égalité de Thomas Piketti

Celui-là, j’ai mis six mois à le lire ! L’auteur indique l’avoir écrit pour proposer un résumé de son travail aux personnes qui ont du mal à lire ses autres livres. Mazette !

Cela dit, Cette compilation d’études extrêmement détaillées, chiffrées, analytiques dresse un tableau de la situation mondiale en termes d’égalité. Thomas Piketti y montre une marche assez inexorable du monde vers plus d’égalité (entre les classes sociales, entre hommes et femmes, entre personnes d’origines techniques différentes, entre les pays), une sorte de tendance de fond mais hélas… qui va lentement. Qui a été mise à mal depuis les années 80-90.

Illustré de nombreux graphiques, avec des données sourcées, cet essai permet de comprendre bien des mécanismes d’évolution des sociétés. L’auteur y fait de nombreuses propositions appuyées par le résultat d’expériences menées dans le passé, et à la lecture, je me suis souvent demandé si les hommes politiques d’aujourd’hui, avec leurs certitudes et leurs affirmations péremptoires, ont la même hauteur de vue. La réponse est clairement non.

Mon sous-marin jaune, Jon Kalman Stefansson

Un écrivain qui ressemble beaucoup à Jón Kalman Stefánsson aperçoit Paul McCartney dans un parc londonien, en août 2022. L’ancien Beatles est le héros de sa jeunesse, et le narrateur rêve de lui parler. Mais il lui faut d’abord préparer cette conversation, trier ses souvenirs, mettre de l’ordre dans l’écheveau d’émotions et de récits de toute sorte qu’il aimerait partager avec son idole.

C’est donc à ce voyage dans le temps que nous invite Mon sous-marin jaune. À commencer par l’histoire d’un jeune garçon qui apprend au détour d’une phrase que sa mère vient de mourir.

Voilà un livre dont la lecture m’a régalée !

Raconté pour l’essentiel par le garçon, le récit est construit sur une logique enfantine, implacable et imparable, qui donne lieu à des réflexions pour le moins réjouissantes ou attendrissantes. Sa compréhension du monde va vous désarçonner, chers futurs lecteurs, mais cette déstabilisation va vous enrichir ! Un voyage dans le temps et l’espace, de la Mésopotamie 5000 ans avant JC à l’Islande, en passant par la Genèse et une vision du christianisme tout à fait décoiffante.

La musique occupe une grande place, avec outre McCartney, John Lennon, Johnny Cash, tout ce petit monde dans une voiture improbable. Ce roman vous emmènera dans tant de situations, avec tant de loufoquerie et de digressions comme en produit spontanément la pensée humaine, qu’il est bien difficile de le résumer.

Il vous conviera aussi à une réflexion sur le sens de la vie et sur la mort, sur le sens que chacun peut donner à sa vie, et sur l’importance de la littérature pour construire sa vie. Dit comme ça, cela pourrait sembler un peu rasoir, et bien non c’est jouissif !

Vous trouverez peut-être que 3 livres, ce n’est pas beaucoup…

ü Ouvrons donc une autre rubrique, celle des livres qui ont été tout de même un bon moment de lecture :

Les guerres de Lucas, roman graphique de Bernard Roche et Laurent Hopman

Juste parce que Star Wars, ça a quand même été un point de bascule cinématographique pour beaucoup de personnes de ma génération, c’est cool d’en savoir plus sur sa création.

La sentence, Louise Erdrich

Pas le roman le plus fort de Louise Erdrich à mon sens, mais très ancré dans le monde d’aujourd’hui, avec l’évocation du COVID des manifestations après la mort de George Floyd.

Je l‘avais choisi car il se passe dans une librairie, et que j’admire Louise Erdrich. Mais en cherchant une sorte de convergence des luttes entre le racisme à l’égard des african-americans et celui à l’égard des natives americans, il me semble qu’elle passe un peu à côté de son sujet.

Le lecteur en apprend un peu sur les cultures amérindiennes, mais elles sont tellement variées !

L’héroïne étant libraire, vous pouvez vous constituer au fil du texte une belle liste de lecture 😉

Les secrets de Ciempozuelos, Almudena Grandes

La société espagnole des années d’après la guerre civile est mal connue, et Almudena Grandes n’a cessé de l’explorer, à travers des romans de grande ampleur. L’angle de vue choisi ici est celui d’un psychiatre espagnol qui a fui l’Espagne pendant la guerre, fait ses études en Suisse et décidé de revenir pour tester un nouveau médicament.

Il va se retrouver étranger dans son propre pays, ignorant la profonde transformation impulsée par le régime franquiste, ce qui va créer des situations délicates.

Le roman se déroule sous plusieurs temporalités imbriquées : la fuite, la vie en suisse, la nouvelle vie en Espagne, ce qui peut le rendre un peu complexe. Mais c’est dans les habitudes de l’autrice !

J’y ai cependant pas mal appris, par exemple sur l’alliance entre l’Église (plus profonde que je pensais) et le pouvoir, sur la lutte implacable contre les ennemis de l’Espagne, et sur les traitements épouvantables faits aux femmes.

Madelaine avant l’aube, de Sandrine Collette

C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose.
Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.
Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.

Parce que la plume de Sandrine Collette, selon mes critères, est exceptionnelle.

 

Et si vous le souhaitez, je peux dans un prochain post créer une rubrique « les livres qui n’apportent rien ». Dites-le en commentaire !