samedi 30 décembre 2023

Mes lectures de la deuxième moitié de 2023

 



Tout entière investie dans la création de mon entreprise, j’ai oublié de faire ici le bilan de mes lectures. 2023 touche à sa fin, il est temps de rattraper cette étourderie. 

D’ailleurs, en me replongeant dans ma liste, je constate qu’il est possible que j’aie zappé parce que… je manquais de grandes lecteurs, ces romans ou essais exceptionnels qui donnent une envie folle de partager ! Disons que 2023 a été un cru honnête.

Pour le dernier semestre, puisque j’ai rendu compte du premier trimestre (lien) et du second (lien), cinq œuvres se détachent des autres.

Patria, de Fernando Aramburu

Nous plongeons dans l’histoire de deux familles du même village, où tout le monde se connaît, aux temps les plus noirs de l’ETA. Le roman commence quand l’ETA annonce déposer les armes, et

Quand une vieille femme décide de retourner dans son village, après de nombreuses années d’absence. Cette décision va raviver des inimitiés, de vieilles blessures, des peurs.

Des mères tragiques comme seules les Espagnoles peuvent l’être, des adolescents obligés par la société de choisir leur camp, de préférence celui des indépendantistes, une magnifique amitié brisée et changée en haine, des crimes… Ce livre regorge de personnages magnifiques, même s’ils sont agaçants, de destins bouleversants, de tension poignante.

Superbement écrit, il nous plonge de façon visiblement très documentée dans la vie quotidienne du Pays Basque à cette époque, dans sa réalité cruelle. Ce fut une incroyable découverte, que je recommande chaudement !

Le français va très bien merci, les linguistes atterré.e.s

La langue, ça me passionne. Peut-être que si je revenais 40 ans en arrière, je ferais des études de langue au lieu d’études d’ingénieur. Et par conséquent, je lis pas mal de choses sur le sujet, de préférence des textes qui parlent de la langue telle qu’elle est, telle qu’elle vit, la langue qui accompagne le monde.

Donc cet essai… m’a enchantée ! Et pour ceux qui s’arcboutent sur la langue d’autrefois (laquelle, elle n’a pas cessé d’évoluer), lisez-le : écrit avec les nouvelles règles d’orthographe, datant tout de même de 1990, et en appliquant le principe d’accord de proximité et de d’invariabilité du participe passé des verbes conjugués avec avoir, il se lit… sans difficulté 😉

A l’aube de la 6ème extinction, Bruno David

L’auteur nous explique ce qu’est la biodiversité, ce que furent les mécanismes des extinctions précédentes, et ce qui est en train de se passer aujourd’hui.

S’il peut pêcher parfois par un discours trop teinté de certitudes, cet essai est pédagogique et ouvre les yeux sur les conséquences du dérèglement climatique et de l’emprise de l’homme sur la planète, toujours assoiffé d’espaces à conquérir et de consommation.

Il faut bien reconnaître qu’à l’issue de cette lecture, on a envie de changer des choses dans sa façon de vivre, et que cela s’avère vite compliqué. Mais j’essaie…

Le lac de nulle part, Pete Fromm

Un frère et une sœur, jumeaux, partent avec leur père pour une « dernière aventure », réminiscence de toutes celles qu’ils ont vécus enfant avec lui. Une aventure, c’est partir en pleine nature, camper, vivre au rythme de cette nature.  Mais le temps a passé, ils se sont perdus de vue, n’ont plus de contact.

Très vite, l’aventure semble bizarre aux yeux des jumeaux, leur père a un comportement étrange, des tensions s’installent…

Pete Fromm installe la nature au cœur de ses romans, en invitant ce qu’elle a de majestueux, d’émouvant et aussi ce qu’elle a de force, le risque qu’elle représente pour les hommes. L’aventure des jumeaux va tourner au cauchemar, à la fois du fait des difficultés qu’ils rencontrent dans leurs relations que de celles qu’ils rencontrent quand le froid, la glace, les longues nuits arrivent.

Si le récit du trajet de lac en lac, pagayant à bord du canoé pour franchir chaque lac, puis portant le canoé pour aller à pied vers le suivant, peu sembler parfois un peu répétitif, presque un peu vain, il accompagne une évolution des personnages, de leurs peurs ou de leur détermination, de leur façon d’envisager l’avenir, une réelle transformation qui amènera à une chute… assez inattendue.

Un beau roman, que je conseille également.

La mer de la tranquillité, Emily St John Mandel

Un étrange phénomène se reproduit à divers époques et en divers lieux. De quoi s’agit-il ? En 2401, sur une des colonies lunaires, l'institut du Temps veille à la cohésion temporelle de l'univers. Une brillante physicienne nommée Zoey s'interroge sur des anomalies qui la perturbent. Le monde tel qu'il existe ne serait-il qu'une simulation ?

Les récits des différents phénomènes sont des mini-romans dans le roman, campant des personnages avec une histoire, un passé, un avenir. L’auteur les entrelace avec finesse, suscitant toujours plus la curiosité du lecteur. La description des colonies sur la lune ou ailleurs témoigne d’un monde futuriste déjà en voie de disparition, une sorte de mise en abîme temporelle.

Quand arrive la question sur l’existence du monde et sur l’hypothèse de la simulation, un vertige prend le lecteur. Mais ou l’autrice nous emmène-t-elle ? Le frère de Zoey part dans le passé pour tenter de comprendre ce qui s’est passé, et se trouvera mêlé aux phénomènes…

Extrêmement maitrisé dans sa trame narrative comme dans la cohérence des événements, et très bien écrit, ce roman est captivant, et j’ai eu un grand plaisir à me laisser happer par lui.

 

lundi 27 novembre 2023

Emma et Yoko

 

Sur certains réseaux sociaux (pas ceux ou je suis pour des raisons professionnelles, c’est une autre histoire), j’utilise comme avatar une photo d’Emma Peel. Et j’ai eu l’occasion d’échanger avec une ou deux personnes à ce sujet. Ce qui m’a donné envie d’écrire. Mais pas sur une seule héroïne car il y en a une autre qui m’inspire, Yoko Tsuno.

Présentons-les. 

 


 

Qui est Emma Peel ? Tout simplement Bottes de cuir dans la série télé Chapeau melon et bottes de cuir, The avengers en VO, la meilleure des partenaires de Steed. Brillante jeune femme, en plus d’exceller en arts martiaux, elle est une excellente scientifique, et utilise ses connaissances pour monter des machinations qui piègeront les malfrats. Elle vient régulièrement à la rescousse de Steed, qui semble parfois un peu perdu sans elle.

Ses tenues incroyables, son assurance, son air parfois mutins, tous les détails en faisaient ce que ‘on appelle aujourd’hui « une femme inspirante ».

Yoko Tsuno est une héroïne de bande dessinée, ingénieure en électronique, avec une foultitude de compétences (pilote de planeur, aïkido, tir à l’arc …). Elle forme un trio avec un cadreur et un réalisateur télé, qui vit des aventures étonnantes, parois dans notre monde parfois dans un mode de SF. Et très vite, c’est elle qui devient le leader du groupe.

Fidèle en amitié, elle crée des liens puissants avec ceux qu’elle aide. Elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour les épauler, les sortir de leur difficultés. C’est ainsi qu’elle est devenue également tun modèle.

Vous aurez vite compris les points communs entre ces deux femmes : fortes, intrépides, intelligentes, souvent plus compétentes que les hommes qui les entourent. Emma Peel fut l’héroïne de sa série entre 1965 et 1967, Yoko Tsuno fut publiée pour la première fois en 1970 dans le journal de Spirou. Autant vous dire que j’ai grandi avec !  Et qu’elles ont rendu évident pour moi, sans que je me pose la question, que les femmes et les hommes sont égaux, que les femmes peuvent tout, en sciences comme en astuce, en leadership (pas vraiment de mot équivalent en français) comme en inventivité.

Ce n’est que bien plus tard que j’ai constaté que la société ne leur laissait pas toujours la place pour être pleinement elle-même.

Mais en les ayant comme référence, devenir ingénieur, devenir manager devenir chef de projet, tout cela était juste… une évidence. Merci mesdames.

PS pour ceux qui me connaissent peu : oui je suis désormais médiateure, et plus ingénieure, mais elles restent des modèles !

PS bis : je ne pense pas qu’aucune des deux m’ait eu une influence sur mon goût pour la littérature… Peut-être devrais-je creuser cette question ?