lundi 2 décembre 2019

changer ses habitudes


En début d’année, il est apparu que mon état de santé (pas mauvais, mais présentant quelques risques), nécessitait de revoir en profondeur ma façon de m’alimenter.

Dans le même temps, j’ai pris conscience que ma façon de consommer contribuait à la mise en danger de la planète. J’essaie donc là aussi de faire évoluer mes attitudes.

Le Black Friday vient de passer, avec un battage terrible des pour (les grands commerçants) et des contre, c’est bon moment pour s’interroger, faire un bilan. Je ne suis pas une spécialiste des questions de sobriété mais je voudrais livrer le témoignage de ma petite expérience, genre #JeudiConfession si nous étions sur Twitter.



Mon alimentation d’abord : les contraintes étaient fortes. Suppression des plats avec sucres ajoutés, quasi suppression de l’alcool, forte réduction des graisses animales donc beaucoup moins de viandes, plus de beurre ni de crème, plus de lait, suppression des farines blanches au profit des farines complètes.

Ma consommation ? Comme pas mal de gens j’achetais trop de vêtements, de chaussures, de maquillage, de babioles… J’ai donc décidé de réduire. Ceux qui me connaissent bien auront vite compris qu’il y a un poste de dépenses auquel j’aurais du mal à renoncer : les livres. Non quand même, faut pas rigoler avec les choses importantes ! D’autant que les écrivains ont du mal à vivre de leur plume, mais tout ceci est une autre histoire

Depuis bientôt un an, j’ai l’impression de me priver, de vivre une vie austère, de devoir résister en permanence, de passer mon temps à chercher des stratégies de contournement. Et c’est un peu lourd.

Ne (presque) pas boire d’alcool, c’est parfois se sentir un peu exclue des apéritifs, même si mes amis sont très compréhensifs.

Eviter le sucre, c’est s’interdire les viennoiseries, chercher des recettes alternatives de pâtisseries, souvent décevantes, c’est ne jamais manger un bonbon (pas de fraises tagada, de réglisse, oooooh !). L’effet positif est que je mange plus de fruits, pour le gout sucré.

Pour manger beaucoup de légumes, il est vite nécessaire de chercher de nouvelles façons de les accommoder, histoire de ne pas avoir l’impression de manger toujours la même chose.

Un gros investissement donc, avec des réussites et des déceptions.

Cependant je m’aperçois à la longue que certaines choses me manquent moins : l’alcool le plus souvent, la viande, le beurre. Mon vrai souci est de trouver des solutions pour ma gourmandise naturelle, donc pour les pâtisseries. Cependant ma moitié aimerait bien parfois un bon steak bien gras, une viande en sauce, et je dois tempérer… C’est à ce moment-là, quand on se dit qu’on en a marre de manger du poulet au prétexte que c’est une viande peu grasse, que le sentiment d’austérité apparait.

S’interdire l’achat de nouveaux vêtements parce que le placard est plein, cela pourrait paraître plus simple. Mais la tentation est forte, car… le monde de la mode est quand même super fort pour faire en sorte que la petite jupe achetée l’année dernière paraisse démodée, ou que les chemisiers de la nouvelle saison soient trèèèèèès attractifs. Comment ne pas succomber ? A la longue, ça devient un combat contre soi-même, ce qui est très négatif. J’ai beau aller moins dans les magasins, jamais dans les centres commerciaux, et jeter tous les mails de pub que je reçois, ça ne suffit pas. Il faut aussi passer son temps à se convaincre que 1/ je n’ai pas besoin d’acheter une nouvelle paire de chaussures (j’adore les chaussures !) 2/ je suis plus forte que tous les marketeurs du monde. Il m’arrive de faire un tour dans une boutique, d’adorer des articles, puis de me rappeler que non non non, je n’en ai pas besoin. Pourquoi alors y aller ? Difficile de se défaire de vieux réflexes…

En conclusion, je crois vraiment qu’être un bon citoyen aujourd’hui passe par une certaine forme de sobriété, de modération. Mais il faut reconnaitre que ce n’est pas facile, d’autant que, comme cette démarche est souvent individuelle, elle est solitaire, ce qui nous rend plus fragile face au risque de rechute.

Allez, je vous laisse pour aller faire des courses… raisonnées !

samedi 23 novembre 2019

à la recherche du pied de mouton


Le ciel est gris, il fait frais et humide. Les arbres ont fini leur toilette et s’ébrouent silencieusement, versant sur nos têtes et au sol  quelques grosses gouttes sonores. Parlons-en du sol : les feuilles mortes parcourent un nuancier de couleurs allant du jaune fané au brun chocolat, en passant par toute sortes de déclinaisons de rouille, de brun roux, d’ocre… Et parmi cette profusion de couleurs… si proches, nous cherchons une tonalité particulière, coquille d’œuf. La signature du pied de mouton. Vingt fois une nuance plus claire attirera notre regard, vingt fois nos espoirs seront douchés : juste une feuille pâle, ou exposant son envers blafard. 



Les gouttes deviennent plus abondantes, il semblerait que les arbres aient décidé une nouvelle douche. Nous nous obstinons à chercher, pour finalement tomber sur une dizaine de champignons, plus jaunes que coquille d’œuf, et cachés sous les ronces… ce qui ne correspond à rien à ce dont nous avions l’habitude ! Décidément le Perche que nous apprenons à connaître nous réserve d’étranges surprises. 

La pluie est forte maintenant. Bottes, vestes étanches, capuche ou chapeau, nous sommes bien protégés. Mais les pantalons se mouillent et l’espoir d’une fricassée de pieds de mouton diminue.
Trop humide ? Trop froid ? Trop tard dans la saison ? Mystère…

lundi 28 octobre 2019

Nager et se concentrer


Brrrr… Toujours aussi difficile d’entrer dans l’eau. Des années de natation d’y ont rien changé. Si seulement cette échelle avait plus de degrés, on pourrait s’immerger plus progressivement ; hélas la dernière barre est à un mètre du fond. 



La ligne d’eau choisie n’est pas trop bondée, une poussée vigoureuse sur le bord et c’est parti. L’objectif est modeste, comme il doit l’être après une longue période sans pratiquer : neuf cents mètres sans s’arrêter. En fait c’est ambitieux.

Les muscles sont froids, n’allons pas trop vite. D’abord trouver mon rythme, bien synchroniser bras, jambes et respiration. Se caler. Je suis dans ma ligne, je ne peux pas voir le mur opposé, trop myope. Ce n’est pas grave, p se concentre sur les mouvements, l’un après l’autre. Selon Lao Tseu, un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas. Neuf cents mètres de brasse dans une piscine commencent toujours pas une poussée, un mouvement de jambes, un de bras.

La mécanique s’installe, mon dos est bien droit, les gestes s’enchainent.

Est-ce que je vais arriver à faire ces neuf cents mètres ? Je vais être fatiguée après. Heureusement j’ai préparé le diner hier soir, pas grave si je ne rentre pas de bonne heure. Il faudra vider le lave-linge, ranger la chambre, pfff… Je vais encore me coucher tard.

Le mu est là, virage, poussée, c’est reparti. Je serre mon ventre, histoire de garder le dos plat. Concentre-toi sur les mouvements, sens tes muscles. Demain il y a cette réunion, j’ai oublié de la préparer. Il faudra en arrivant au bureau que je relance T. qui ne m’a pas donné sa contribution. Ah aussi, je n’ai pas répondu au mail de Z., je ne sais pas quoi lui dire…

Mur, virage, poussée.

Soupir. Tout va trop vite, je n’ai pas le temps. Bon arrête de te plaindre, concentre-toi sur tes sensations. Les muscles se délient j’avance facilement, c’est si bon de se sentir légère dans l’eau. Le rythme est plus soutenu, contente de moi. L’effort est un plaisir.

J’aurai surement le temps de regarder un épisode de ma série en cours ce soir. La peau tirera, les cheveux sentiront le chlore, mais ça n’a pas d’importance. Jambes, bras. Oups, j’ai perdu le compte ! Combien de longueurs, cinq, six ? Les mouvements continuent, je suis sur pilotage automatique. Je fais le point. Je pense que c’est six. Oui, si je vais dans ce sens de la piscine, c’est forcément six.

Mur, virage, poussée.
Jambes, bras.
C’est parti pour une nouvelle longueur. Facile.

Le boulot, ça ne vas pas. Les projets sont compliqués, il y a plein de problèmes. Je ne comprends pas pourquoi les solutions que j’ai proposé ce matin. Quels étaient les arguments déjà  Ah oui, ça me revient. Analyse. Non ! Bras, jambes. Serrer le ventre. Se concentrer sur le mouvement.

Ma séance de piscine, c’est aussi pour me vider la tête. Ne pas laisser le cerveau vagabonder.

Mur.
Ça commence à tirer dans les bras. J’en suis à huit cents mètres, tout va bien, j’irai au bout. Mes sensations, les surveiller. Oups, le dos se cambre, serrer le ventre. Ne pas relâcher son attention.

Il y a moins de plaisir et plus d’effort désormais. Je me fatigue, c’est bien. Je serai un peu molle ce soir, pas un souci. Les muscles du dos commencent à ronchonner. Je suis contente de les sentir, une partie de mon corps avec laquelle je suis souvent fâchée, là je lui fais du bien. Ne pas perdre le rythme, si près de la fin ce serait dommage. Ça coûte, mais c’est bon. Le cerveau s’égare moins maintenant. Hein, tu ne fais plus le malin là ?

Dernier mur.
Contact de la main, je me redresse, je respire. Une bonne séance, mais la prochaine fois, j’éviterai de penser à tant de choses, c’est sûr. Si je suis attentive à mes gestes, je nage mieux. Oui, je me promets d’y arriver.

Comme à la fin de chaque série de longueurs, quel que soit leur nombre.