samedi 27 octobre 2012

Les écrivains savent-ils lire ?



Quand j’étais gosse, à l’école, on apprenait à lire. Je veux dire, à voix haute, J’aimais beaucoup cet exercice. L’institutrice insistait sur beaucoup de détails : il  fallait « dire » la ponctuation, mettre le ton, prononcer correctement… J’ai appris ainsi la différence entre un point virgule, un point et une virgule (lisez donc cette phrase à voix haute, pour voir). Grâce à cela, je reconnais à l’oreille un « o » d’un « ô ». J’aimais beaucoup cet exercice. Aussi suis-je toujours attentive à la façon dont les écrivains lisent des extraits de leurs livres. Et là, il y a malheureusement parfois de mauvaises surprises, mais aussi des révélations !

Lors d’une soirée de l’association Paroles d’Encre, François-Guillaume Lorrain, dont j’ai aimé le roman L’homme de Lyon lit une nouvelle inédite. Il est impliqué dans son texte, que j’ai aimé, mais il bute sur des mots, comme s’il avait du mal à les déchiffrer. C’est donc une lecture heurtée, peu harmonieuse.

Metin Arditi, qui publie Prince d’Orchestre, change de voix lorsqu’il lit. Il parle dans un registre aigu (enfin pour un homme) et lit sur un ton plus grave, plus posé. Cela donne de la profondeur à sa lecture.

En2009, Laurent Gaudé avait donné une lecture de sa pièce le tigre bleu de l’Euphrate au Théâtre Montansier à Versailles. Cet auteur serait-il aussi acteur ? Il dit son texte brillamment. Je n’ai pas lu la pièce, je découvre les mots au fur et à mesure. Et je ne peux m’empêcher de me dire « je ne l’aurais pas lu comme ça ». J’y aurais mis plus de fougue, peut-être plus d’exaltation par moment, bien que le héros soit en train de mourir. Ici on touche à la grande question : l’œuvre appartient-elle à son auteur, qui la voit d’une façon douce, ou à sa spectatrice, qui la voix plus combative ?

Toujours lors d’une rencontre Paroles d’Encre, un écrivain suisse alémanique, Alex Capus, est invité. Il écrit en allemand, nous parle en français avec quelques difficultés. Il aura la chance de se voir exempter de l’exercice de la lecture, pour cause de barrière de langue.  Un point crucial ! Pour bien lire à vous haute, il faut maîtriser le verbe.

Cette semaine dans l’émission La Grande Librairie, Alexandre Jardin annonce qu’il va lire quelques lignes de son nouveau roman, Joyeux Noël. Cela n’a pas l’air de plaire à l’animateur, car ce n’était pas prévu. L’auteur lit, mais en se dépêchant. Trop vite ! L’auditeur n’a pas le temps de se pénétrer des mots, de les sentir.

Ah que la lecture est un exercice difficile ! Un ami m’a rapporté que l’auteur Christophe Claro, avant une séance publique, répétait sa lecture, aidé par sa femme. En voilà un qui a raison !

Et pour finir, si vous avez l’occasion, écoutez Fabrice Lucchini lire ou dire des textes. C’est là qu’on voir que les mieux placés pour des lectures orales, ce sont les (grands) lecteurs ! 


lecture publique de "l'Arboretum Imaginaire"

lundi 22 octobre 2012

D'un monde à l'autre


Une petite fille qui voit des nombres, qui est convaincue qu’il va se passer quelque chose. Quoi ? Elle l’ignore. Son entourage ne la croit pas. Jusqu’au jour où…

Un événement se produit le 21 décembre et passe inaperçu. Sauf pour quelques entreprises paralysées par un bug informatique. Serait-ce le début de la fin ?

Le 21 décembre 2012 verra-t-il la fin du monde ? Certains prédisent les pires catastrophes. D’autres nient farouchement, argumentaire à l’appui. Où est la vérité ? Les deux romans qui composent « D’un Monde à l’Autre » ne délivrent pas de certitudes, ils décrivent des possibles et imaginent leurs conséquences. Des mondes qui meurent, et après… 



illustration de Sarah Ivars, couverture réalisée par KlaCson

Enfin disponible sur le site de TheBookEdition (cliquez)


mercredi 3 octobre 2012

Passages, de Jean-Claude Duponq



J’ai eu un jour l’immense privilège de relire un recueil de poèmes écrit par mon ami Jean-Claude Duponq, alias Ecritrève (lien) sur son blog et @asaformation sur Twitter. C’est à la fois une grande responsabilité eu une belle marque de confiance. J’en sais quelque chose, je lui ai fait relire une de mes nouvelles ! Il faut dire qu’il m’avait soufflé une excellente première phrase.

Bon, ne nous dispersons pas. Je lis peu de poésie. C’était donc un exercice difficile a priori. Mais Jean-Claude me l’a sacrément facilité ! Tout simplement parce que ses poèmes m’ont plu. Et aussi parce qu’il n’y avait presque rien à corriger, deux fautes de frappe par ci, une étourderie par là, ce manuscrit avait été drôlement travaillé ! Cette idée de l’auteur artisan qui polit et repolit ce qu’il a écrit pour en obtenir le meilleur me séduit.

Quelques mots sur les poèmes ?  Simples, rythmés, variés, ces textes touchent au cœur. Ils évoquent la nature, l’humain, une vie que j’aime. Un zeste de fantastique, de la jonglerie avec les mots, du quotidien et de l’inattendu, des silhouettes finement croquées, il y a tout pour un joli moment de lecture. Pour vous faire plaisir.


Et pour finir, bien avant moi, Jean-Claude jouait sur encre et ancre. Tu as raison, cher ami, levons l’ancre !

   Traces d’ancres

   Laisser glisser la plume
   Et tracer la courbe du verbe
   Dans une mer de tranquillité
   S'entourer pour être plus forts
   Dans le passage des arabesques
   Avant d'emprunter la route des déliés
   Et s'étourdir des rires
   Aux sonates éphémères
   Au diable la chrysalide !
   Et adieu les ratures
   File, file la bille
   De l'encre
   Des ancres, il naîtra !

Je sens que ça vous tente,  alors vous pouvez trouver ce recueil ici.