lundi 21 novembre 2016

mes lectures d'octobre



1°) bête de miséricorde, Fredric Brown


Martiens go home ! m’avait fait hurler de rire, un sommet de science-fiction burlesque. J’ai donc voulu tester le Fredric Brown auteur de polars. Quelle déception ! Ecriture vieillotte, datée et récit daté également. Pourtant le postulat de départ était intéressant : deux flics enquêtent sur une mort mystérieuse, l’histoire est racontée tour à tour par chacun des policiers, la femme de l’un d’entre eux, alcoolique, l’homme chez qui le cadavre a été découvert, etc… Mais le roman se passe dans les années 50, et tout y est démodé : les relations entre « races » Anglos et Mexicains, (le terme race est employé plusieurs fois), les relations entre hommes et femmes (l’épouse alcoolique pense que son mari aurait dû la battre pour lui faire comprendre que boire, ce n‘est pas bien. Le mari de son côté se demande s’il ne devrait pas la battre). Les dialogues sont vintages et devaient déjà l’être quand le roman a été publié. Et pour finir l’auteur ne prend aucun recul par rapport à ça. Bref, cette lecture ne m’a pas enthousiasmée.


2°) l’amour en minuscules, Francesc Miralles

L’amour en minuscules, ou comment un chat peut tout changer dans votre vie. Surtout quand le chat surgit au bon moment, à l’instant ou vous êtes prêt à ce que tout bascule.

Un professeur d’allemand vit une vie solitaire et minutieusement organisée, sans surprises et sans joies. Sa bulle faite de littérature et de musique classique lui empêche tout contact avec le monde. Quand un jour, un grattement à sa porte… Un chat (dont on saura bien peu de choses).

Et voilà notre vieux garçon qui va fat des rencontres étonnantes : un voisin âgé, un savant lunatique, une belle femme  mystérieuse… Il faut accepter de se laisser embarquer par ce roman dans des situations assez improbables. Une fois ce pas franchi, que de fraicheur, d’élégance et de sincérité dans ce texte !

La conclusion, c’est qu’il me faut un chat (lien)

3°) Le quatrième mur, Sorj Chalandon

Il m’est arrivé plein de choses inhabituelles ou étranges avec ce livre.

Lorsqu’il est sorti, j’ai assisté à une présentation par Sorj Chalandon, lors d’une soirée de l’association Paroles d’Encre. Interrogé par l’animateur, l’auteur a hélas raconté toutes les anecdotes ou événements qu’il avait réellement vécus et qui ont servi de matériau pour son roman. Si bien qu’en sortant de cette soirée, j’ai eu l’impression de connaitre le livre par cœur, ou d’en savoir beaucoup trop pour être surprise. Le livre acheté a donc été placé sur une étagère, attendant que j’oublie suffisamment les récits entendus pour l’ouvrir avec un esprit suffisamment « vierge ».

Ce moment est arrivé il y a quelques semaines. J’ai commencé à le lire avec gourmandise, prête à être éblouie. Malheureusement les débuts furent difficiles. Une plongée dans les rébellions étudiantes des années 70, tendances maoïstes ou extrême-gauche, ça ne m’intéressait pas. La violence, l’intransigeance de cette époque sont trop loin de ce que je suis, et à ce moment précis, je n’avais pas envie d’explorer cette période. Petit moment de découragement… Mais il n’a été conseillé d’être patiente.

Excellent conseil ! Car dès que le héros part pour Beyrouth, pour monter Antigone dans un pays en guerre avec des acteurs issus de toutes les parties en présence, ennemies les unes des autres, j’ai été happée…

C’est ainsi que j’ai passé une heure absorbée dans ma lecture dans un avion. J’ai senti le début de la descente, l’atterrissage approchait. D’habitude, je regarde le sol à l’approche, je suis l’atterrissage parce que c’est une phase de vol qui me fascine. Là, j’ai lu. Tout d’un coup, l’avion a frappé le sol, violemment, un choc qui a fait peur à tous les passagers. Et je n’avais rien vu de la descente, j’avais uniquement avalé les phrases, les pages, les chapitres.

Pas de meilleur moyen de vous dire que c’est un sacrément  bon bouquin, que je vous recommande chaudement !

4°) l’arbre de Guernica, Juan Antonio de Blas


Sous-titré « un polar en Euskadi », ce roman noir se passe pendant la période la plus noire des luttes de l’ETA et autres factions qui revendiquaient l’indépendance du Pays Basque. Cela m’a paru un point d’entrée intéressant.

Un ancien détective privé se rend dans une petite ville basque pour y écrire un livre sur les baleines. Sitôt arrivé, il est confronté à un meurtre en pleine rue, puis à divers commandos ou groupuscules indépendantistes, et tout part en vrille… Ça c’est le résumé officiel.

Voici le mien : il fait la tournée des bars, il séduit deux femmes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il explique mal la nature des groupuscules et leurs liens éventuels (donc j’étais paumée) et tout ça finit, lorsque le mystère se lève, par une banale histoire de grand banditisme.

Et je n’ai pas accroché au style, trop narratif.

5°) Mémoires de Géronimo

Voici la présentation de la quatrième de couverture :

En 1904 un " inspecteur général de l'éducation " de Lawton (Oklahoma) recontre un vieil indien, prisonnier de guerre et déporté, loin de son Arizona natal, à Fort Sill où il terminait ses jours en cultivant des pastèques : il s'agissait du célèbre chef apache Géronimo qui avait tenu en respect victorieusement, des années durant, les meilleures troupes et les plus glorieux généraux des U.A. Des liens se nouèrent entre eux, sinon d'amitié (vu la méfiance légitime de l'Apache) du moins de respect mutuel. C'est ainsi que Géronimo accepta de raconter sa vie à S.M. Barrett, ce qui nous permet de lire aujourd'hui ce témoignage sur le génocide qui marqua la " conquête de l'Ouest ".

Après une longue introduction rédigée par SM Barrett, qu’il faut absolument lire car elle éclaire sur ses intentions et sur le contexte du recueil de ces mémoires, Géronimo parle, en plusieurs chapitres : 

  • Les Apaches, qui détaille la culture et le mode de vie de sa tribu
  • Les Mexicains, évocation de la vie de sa tribu, faite de raids vers des villages mexicains, avant que la guerre avec les blancs commence
  • Les Hommes Blancs, au thème évident
  • L’Ancien et le Nouveau, ou le guerrier évoque sa vie de prisonnier après sa reddition finale.


Fascinée par les cultures amérindiennes, j’ai été heureuse, à travers ce livre, de lire le point de vue « opposé ». Il est évident, au fil des pages, que si les notions de courage, d’honneur, de responsabilité existaient dans les deux camps, elles étaient perçues tellement différemment que… toute communication semblait impossible.

Géronimo n’était pas un tendre. Du moins dans nos façons de voir. Sa conception de la façon de nourrir sa tribu par exemple, était basée sur le pillage ! Il n’en était pas moins un homme avec des sentiments très vifs, mis à mal dès le début de sa vie d‘homme quand sa femme et ses trois enfants furent massacrés par des mexicains, avec de nombreux membres de sa tribu. C’était aussi, comme tout bon guerrier Apache, un homme dur au mal, endurant, opiniâtre.

J’aimerais livrer en conclusion une phrase glanée dans ce livre :

Nous sommes en train de disparaitre de cette terre et pourtant je ne peux pas croire que nous sommes inutiles. Sinon, Usen (Dieu) ne nous aurait pas créés. Il a créé toutes les tribus d’hommes et Il avait certainement un but pour chacune d’entre elles