lundi 5 décembre 2016

les femmes dans mes lectures



Depuis quelques temps je m’interroge sur mes choix de lecture. Je vous ai déjà fait part de leur côté aléatoire, et j’ai évoqué ces livres qui dorment sur mes étagères, attendant que je les ouvre enfin (lien). Mais c’est autre chose qui me turlupine et que je voudrais confesser ici : je lis peu de livres écrits par des femmes. Et pourtant, j’en admire certaines comme Claude Pujade-Renaud, Fred Vargas, Nancy Huston.

Pas de chance, j’ai égaré mes listes de lecture des années 2015 et 2016. Cependant mon estimation est de cinq auteurs féminins maximum chaque année, alors qu’il s’en publie environ 25%. 

Si mes lectures étaient représentatives de la production actuelle, je devrais lire entre sept et neuf livres par an écrits pas des femmes. Il n’en n’est rien. Pourquoi ? Voilà que je m’interroge sur moi-même et que… je suis incapable de répondre ! 

Plusieurs hypothèses me viennent à l’esprit. 

Le jour où Leila Slimani a obtenu son prix Goncourt, l’émission La Grande Librairie invitait uniquement des auteurs féminins. Parmi elles, plusieurs évoquaient l’idée qu’il y a des sujets plus féminins que d’autres. Ne serais-je pas attirée par ces sujets, et plus par les sujets masculins ? Possible. 

La plupart de ces femmes écrivains (j’ai horreur du mot écrivaine  comme j’ai horreur du mot ingénieure) sont belles. Presque trop pour certaines. Et les magazines, y compris littéraires, publient d’elles des photos flatteuses. Comme pour les actrices, je n’aime pas que ces femmes soient trop belles. J’ai juste envie qu’elles soient belles comme vous et moi, comme ma voisine de palier, comme la femme que je croise dans le train, comme ma boulangère ou ma pharmacienne. Les gens trop beaux, j’ai du mal à croire qu’ils ont un autre talent. 

Pendant mes années lycée, je pense qu’on ne m’a fait lire que des livres masculins. Nourrie de cette littérature, je serais conditionnée par cette éducation ? 

J’ai suivi des conseils de lecture divers, qui m’ont entrainé vers des déceptions sur des auteurs féminins qui, à mon avis,  manquaient de souffle, ou bien étaient trop prétentieuses, ou encore restaient trop à la surface des choses.  Ces déceptions ont pu développer une sorte de méfiance naturelle.

Alors aujourd’hui j’ose, je me dévoile dans l’espoir que vous puissiez m’aider, au choix : à comprendre, ou à enfin lire des auteurs féminins qui me transportent ?

lundi 21 novembre 2016

mes lectures d'octobre



1°) bête de miséricorde, Fredric Brown


Martiens go home ! m’avait fait hurler de rire, un sommet de science-fiction burlesque. J’ai donc voulu tester le Fredric Brown auteur de polars. Quelle déception ! Ecriture vieillotte, datée et récit daté également. Pourtant le postulat de départ était intéressant : deux flics enquêtent sur une mort mystérieuse, l’histoire est racontée tour à tour par chacun des policiers, la femme de l’un d’entre eux, alcoolique, l’homme chez qui le cadavre a été découvert, etc… Mais le roman se passe dans les années 50, et tout y est démodé : les relations entre « races » Anglos et Mexicains, (le terme race est employé plusieurs fois), les relations entre hommes et femmes (l’épouse alcoolique pense que son mari aurait dû la battre pour lui faire comprendre que boire, ce n‘est pas bien. Le mari de son côté se demande s’il ne devrait pas la battre). Les dialogues sont vintages et devaient déjà l’être quand le roman a été publié. Et pour finir l’auteur ne prend aucun recul par rapport à ça. Bref, cette lecture ne m’a pas enthousiasmée.


2°) l’amour en minuscules, Francesc Miralles

L’amour en minuscules, ou comment un chat peut tout changer dans votre vie. Surtout quand le chat surgit au bon moment, à l’instant ou vous êtes prêt à ce que tout bascule.

Un professeur d’allemand vit une vie solitaire et minutieusement organisée, sans surprises et sans joies. Sa bulle faite de littérature et de musique classique lui empêche tout contact avec le monde. Quand un jour, un grattement à sa porte… Un chat (dont on saura bien peu de choses).

Et voilà notre vieux garçon qui va fat des rencontres étonnantes : un voisin âgé, un savant lunatique, une belle femme  mystérieuse… Il faut accepter de se laisser embarquer par ce roman dans des situations assez improbables. Une fois ce pas franchi, que de fraicheur, d’élégance et de sincérité dans ce texte !

La conclusion, c’est qu’il me faut un chat (lien)

3°) Le quatrième mur, Sorj Chalandon

Il m’est arrivé plein de choses inhabituelles ou étranges avec ce livre.

Lorsqu’il est sorti, j’ai assisté à une présentation par Sorj Chalandon, lors d’une soirée de l’association Paroles d’Encre. Interrogé par l’animateur, l’auteur a hélas raconté toutes les anecdotes ou événements qu’il avait réellement vécus et qui ont servi de matériau pour son roman. Si bien qu’en sortant de cette soirée, j’ai eu l’impression de connaitre le livre par cœur, ou d’en savoir beaucoup trop pour être surprise. Le livre acheté a donc été placé sur une étagère, attendant que j’oublie suffisamment les récits entendus pour l’ouvrir avec un esprit suffisamment « vierge ».

Ce moment est arrivé il y a quelques semaines. J’ai commencé à le lire avec gourmandise, prête à être éblouie. Malheureusement les débuts furent difficiles. Une plongée dans les rébellions étudiantes des années 70, tendances maoïstes ou extrême-gauche, ça ne m’intéressait pas. La violence, l’intransigeance de cette époque sont trop loin de ce que je suis, et à ce moment précis, je n’avais pas envie d’explorer cette période. Petit moment de découragement… Mais il n’a été conseillé d’être patiente.

Excellent conseil ! Car dès que le héros part pour Beyrouth, pour monter Antigone dans un pays en guerre avec des acteurs issus de toutes les parties en présence, ennemies les unes des autres, j’ai été happée…

C’est ainsi que j’ai passé une heure absorbée dans ma lecture dans un avion. J’ai senti le début de la descente, l’atterrissage approchait. D’habitude, je regarde le sol à l’approche, je suis l’atterrissage parce que c’est une phase de vol qui me fascine. Là, j’ai lu. Tout d’un coup, l’avion a frappé le sol, violemment, un choc qui a fait peur à tous les passagers. Et je n’avais rien vu de la descente, j’avais uniquement avalé les phrases, les pages, les chapitres.

Pas de meilleur moyen de vous dire que c’est un sacrément  bon bouquin, que je vous recommande chaudement !

4°) l’arbre de Guernica, Juan Antonio de Blas


Sous-titré « un polar en Euskadi », ce roman noir se passe pendant la période la plus noire des luttes de l’ETA et autres factions qui revendiquaient l’indépendance du Pays Basque. Cela m’a paru un point d’entrée intéressant.

Un ancien détective privé se rend dans une petite ville basque pour y écrire un livre sur les baleines. Sitôt arrivé, il est confronté à un meurtre en pleine rue, puis à divers commandos ou groupuscules indépendantistes, et tout part en vrille… Ça c’est le résumé officiel.

Voici le mien : il fait la tournée des bars, il séduit deux femmes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il explique mal la nature des groupuscules et leurs liens éventuels (donc j’étais paumée) et tout ça finit, lorsque le mystère se lève, par une banale histoire de grand banditisme.

Et je n’ai pas accroché au style, trop narratif.

5°) Mémoires de Géronimo

Voici la présentation de la quatrième de couverture :

En 1904 un " inspecteur général de l'éducation " de Lawton (Oklahoma) recontre un vieil indien, prisonnier de guerre et déporté, loin de son Arizona natal, à Fort Sill où il terminait ses jours en cultivant des pastèques : il s'agissait du célèbre chef apache Géronimo qui avait tenu en respect victorieusement, des années durant, les meilleures troupes et les plus glorieux généraux des U.A. Des liens se nouèrent entre eux, sinon d'amitié (vu la méfiance légitime de l'Apache) du moins de respect mutuel. C'est ainsi que Géronimo accepta de raconter sa vie à S.M. Barrett, ce qui nous permet de lire aujourd'hui ce témoignage sur le génocide qui marqua la " conquête de l'Ouest ".

Après une longue introduction rédigée par SM Barrett, qu’il faut absolument lire car elle éclaire sur ses intentions et sur le contexte du recueil de ces mémoires, Géronimo parle, en plusieurs chapitres : 

  • Les Apaches, qui détaille la culture et le mode de vie de sa tribu
  • Les Mexicains, évocation de la vie de sa tribu, faite de raids vers des villages mexicains, avant que la guerre avec les blancs commence
  • Les Hommes Blancs, au thème évident
  • L’Ancien et le Nouveau, ou le guerrier évoque sa vie de prisonnier après sa reddition finale.


Fascinée par les cultures amérindiennes, j’ai été heureuse, à travers ce livre, de lire le point de vue « opposé ». Il est évident, au fil des pages, que si les notions de courage, d’honneur, de responsabilité existaient dans les deux camps, elles étaient perçues tellement différemment que… toute communication semblait impossible.

Géronimo n’était pas un tendre. Du moins dans nos façons de voir. Sa conception de la façon de nourrir sa tribu par exemple, était basée sur le pillage ! Il n’en était pas moins un homme avec des sentiments très vifs, mis à mal dès le début de sa vie d‘homme quand sa femme et ses trois enfants furent massacrés par des mexicains, avec de nombreux membres de sa tribu. C’était aussi, comme tout bon guerrier Apache, un homme dur au mal, endurant, opiniâtre.

J’aimerais livrer en conclusion une phrase glanée dans ce livre :

Nous sommes en train de disparaitre de cette terre et pourtant je ne peux pas croire que nous sommes inutiles. Sinon, Usen (Dieu) ne nous aurait pas créés. Il a créé toutes les tribus d’hommes et Il avait certainement un but pour chacune d’entre elles

lundi 10 octobre 2016

mes lectures de septembre 2016



Parmi mes lectures de septembre se trouve la fin de mes lectures d'été, annoncées ici. En effet, la lecture de Kim de Rudyard Kipling m'avait fait prendre un peu de retard sur mon programme. Et je crois que septembre a commencé fin août, en vrai. mais ça n'a aucune importance.  Voici doc quelques compte-rendus succincts. 



Paris est une fête, Hemingway

Constatation évidente à la lecture de ce livre : le titre français est une imposture. Hemingway parle ici de Paris mais aussi de la Suisse, de l’Espagne, et d’autres endroits où il est allé à la même époque. Le titre anglais, a moveable feast, correspond bien mieux.

Hemingway raconte ici, à travers des « pastilles », ce que fut sa vie dans les années vingt, quand il décida de vivre de sa plume. Et ma foi, j’ai trouvé cela insipide… a rencontre avec Gertrude Stein, personnage étonnant, avait un peu de relief. Mais si on résume : il buvait (beaucoup), il manquait d’argent mais voyageait et skiait, il jouait aux courses, il écrivait. Il ne semblait pas avoir un intérêt phénoménal pour sa femme Hadley, ni pour son enfant.

Et il ne raconte pas vraiment Paris, mais ses rencontres avec un tas de gens… dont aucun ne semble français

Point Oméga, Don de Lillo

J’ai choisi de livre ce roman à la suite d’une conversation avec un ami sur De Lillo. Je connaissais l’auteur de non, sans l’avoir lu. Et bien… voilà un livre étrange, qui étire à l’infini une situation de rencontre tout comme 24 hour psycho étire à l’infini le célèbre film de Hitchcock. Le narrateur espère obtenir de l’universitaire son accord pour faire un film sur lui. Tout est dans son attente, qui durera des jours et des jours, au milieu d’un désert. Leurs dialogues sont énigmatiques comme l’est la situation, comme le sera la disparition de la fille du savant.

Comme l’est également la structure du roman, encadré par deux chapitres qui se passe lors de la projection de 24 hour psycho, dans une temporalité troublante.

Soyons clair : je n’étais pas prête pour ce livre, et j’ai un immense sentiment d’être passé à côté. Je n’ai pas compris ce qu’était le « point oméga » (et l’explication sur Wikipedia est assez obscure...). Je n’ai pas compris non plus ou l’auteur avait envie de d’emmener son lecteur. Peut-être ne voulait-il l’emmener que dans le brouillard, pourquoi pas, mais alors cela aussi m’a échappé.

Un autre titre de Don de Lillo aurait-il été préférable pour faire connaissance ?

Comment tout a commencé, Pete Fromm

Un roman dur, un de ceux qui bousculent. Dans une petite ville du Texas, deux adolescents défient l’ennui en jouant au base-ball. La fille a un comportement étrange, exhubérant, et son frère refuse de voir que quelques chose ne va pas. Elle est atteinte de troubles bipolaires, sa maladie détruit l’équilibre familial, et son jeune frère nie la réalité. Un roman sur l’amour fraternel comme lien indissoluble, jusqu’au sacrifice.

Pour entrer dans ce roman, il faut d’abord accepter une chose : il est quasi impossible de comprendre quoi que ce soit au base-ball quand on n’est pas américain. Et comme ce sport occupe une place fondamentale ici… il suffit de se laisser porter par les mots. J’ai été happée par ce livre, au point de lire vraiment tard le soir, toute à mon envie que cette famille recommence à se comprendre, que le dialogue se renoue entre les parents et leur fils. La grande surprise a été de voir au fil des lignes le fils s’isoler, devenir rebelle, alors que sa sœur acceptait la maladie.

Mort d’un chinois à la Havane, Leonardo Padura

Ce roman est à mettre dans ma catégorie « après un livre choc, je me remets en lisant un polar ». ceci dit, présenter les choses comme ça fait un peu injure à Padura, dont j’adore la série des Mario Condé, une belle évocation nostalgique d’une ville où il ne faisait pas vraiment bon vivre. Je recommande tout particulièrement Electre à la Havane ou Adios Hemingway.

L’enquête sur la mort d’un chinois à la Havane n’est pas parmi les grands crus, même si elle m’a fait découvrir l’existence d’une importante communauté chinoise à Cuba.

Paris-Colmar, Nicolas Mathieu

Il s’agit d’un petit polar coédité par Le Monde et la SNCF et distribué dans des trains. Un juge qui s’ennuie, se faut piquer un pistolet, est surveillé par des Corses, tente de se lier avec un jeune paumé. Une histoire solide, attachante même si la fin est dure, et joliment illustrée par Florent Chavouet.