lundi 29 juin 2020

mes lectures de confinement


Quand le confirment s'est mis en place, tous les gens qui me connaissent bien ont pensé que j'allais en profiter pour lire beaucoup. D’autant que j'ai vite été en chômage partiel, ne travaillant que les matins. Et bien...  ça s'est vite avéré plus compliqué que ça. L'inquiétude liée à l'épidémie, le choc face à la situation, la contrainte de ne pas voir ses proches, tout cela a pesé sur mon état d’esprit et m'a éloignée de la lecture. J'ai privilégié des activités manuelles, crochet et cuisine, parce que lorsque les mains sont occupées, le cerveau vagabonde moins. Néanmoins j'aimerais vous raconter ici mon parcours littéraire pendant des deux mois. 

  • Je finissais Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon de JP Dubois (que je recommande) quand il nous a été ordonné de rester chez nous. J'ai un peu tourné en rond au milieu de nos étagères, demandant conseil à ma moitié, qui m'a proposé:

Philippe Kerr, Bleu de prusse

Un roman policier historique qui entrecroise des événements en 1956 et d’autres en 1939. Le héros récurrent de Kerr, Bernie Gunther, est à deux doigts de tomber dans un piège tendu par la Stasi en 1956, et enquête sur une mort mystérieuse au Berghof, le nid d’aigle d’Hitler. Si c’est très bien écrit et si c’est une belle enquête, l’univers nazi m’a écrasée, j’ai eu du mal à accepter l’idée qu’on puisse mettre dans un roman tous ces personnages de la garde rapprochée d’Hitler, qui ont laissé derrière eux une empreinte si désastreuse, des millions de morts et une Europe en ruines. 

  • Après cette expérience difficile vu les conditions, il fallait me "relancer" en tant que lectrice. Je me suis alors lancée dans 
Selden Edwards, L’incroyable histoire de Wheeler Burden

roman recommandé par mon club de lecture. 
Un rocker de San Francisco des années 60 à 80  se retrouve soudain à Vienne en 1897. IOl croisera les grands artistes ou intellectuels qui faisaient rayonner Vienne à cette époque, tombera amoureux d’une jeune américaine, puis… se posera bien des questions sur la possibilité ou non de changer les cours des choses, face à l’histoire de sa famille et à la grande histoire, montée du fascisme et présence du jeune Hitler pas très loin… 

Avant d’être un roman philosophique, c’est surtout un incroyable roman d’aventures, plein de rebondissement inattendus, et de rencontres exceptionnelles. 

Sans divulgâcher, le sacrifice de l’héroïne à la fin du livre (et non, il n’y a pas mort de femme, c’est beaucoup plus subtil que ça) est terriblement émouvant.

Avertissement aux éventuels lecteurs : il faut vraiment aller au-delà de 140 pages pour que ça démarre, mais le jeu en vaut la chandelle !

  • A ce stade, ça allait mieux, l'envie de lire revenait, et je me suis attaquée à 
Ken Follett Un monde sans fin

mon cadeau de Sant Jordi

Impossible à résumer tant elle est riche en événements, cette grande saga à la fin du moyen-âge, suite lointaine de Les piliers de la terre, permet d’en connaitre beaucoup plus sur les règles assez impitoyables qui régissent la société, qu’il s’agisse des paysans (métayers et journaliers, avec des contraintes incroyables sur la possession de la terre), ou les artisans, en particulier les apprentis. 

Quatre personnages sont suivis de leur enfance à l'âge mur, la vie ne leur faisant souvent pas de cadeaux. Un bâtisseur qui du voulu être chevalier, une paysanne, un chevalier tourmenté, une fille de marchand de laine qui connaitra plusieurs états
cette lectyre entre quatre murs fut étrange parce qu’une épidémie de peste sévit ans la vilel ou se déroule le saga, et un des personnages, une nonne guérisseuse recommande un confinement, et des mesures de protection pour les religieuses qui soigent les malades, leur fzaisant porter sur la bouche des bandes de tissu, des masqueds.. 

  • Cette résonance entre la réalité et le roman n'a en rien entamé mon plaisir de lecture, et j'ai enchaîné avec

Sandrine Collette, Et toujours les forêts

Une histoire de fin du monde qui brûle soudain tout ce qui se trouve à la surface de la terre, et ne laisse survivre que ceux qui étaient dessous, comme le héros qui se baladait dans les catacombes avec ses amis. Il décidera de retourner auprès de son arrière-grand-mère, au fin fond d’une campagne ou règnent les forêts, puis tentera de repeupler la planète… 

Une destruction, une errance puis l’essai d’un nouveau départ : il y a bien entendu du Ravage de Barjavel dans ce roman. Mais il est ancré dans le monde d’aujourd’hui, avec ses grandes faiblesses, dont le dérèglement climatique, et la fin est moins porteuse d’espoir : il ne s’est pas encore créé de nouvelle société. 

J’aime beaucoup la plume de Sandrine Collette, et elle est ici d’une force incroyable pour décrire le monde d’avant et le monde d’après ;-) ainsi que l’obstination presque animale du héros, portée par un instinct de survie jamais mentionné mais toujours présent. 

  • Après cette lecture enthousiasmante, aucun souci pour entamer la lecture de 

 Ian Mc Ewan, Une machine comme moi

L’intelligence artificielle est devenue un grand sujet de roman de nous jours, et c’est une bonne chose. Le romancier, en saisissant un fil et en le suivant jusqu’à son extrémité la plus sombre, a la capacité à illustrer de façon très compréhensible par tous et par moi les risques, les implications de quelque chose des nouveau. Un peu comme Black Mirror dans l’univers des séries télé.

Ici, j’ai été attirée par le sujet de l’IA, et par la construction uchronique, le roman se déroulant à Londres en 1982, dans un monde ou Alan Turing est devenu une sorte de gourou de l’informatique, ou les Beatles sortent un nouveau disque et ou le Royaume-Uni perd la guerre des Malouines
Hélas cette costruction est décevante : à Londres en 1982, si on baigne dans une suite d’événements (guerres terrorisme, politique) répondant parfaitement à la définition de l’uchronie, le monde est celui que nous connaissons, avec Internet, les téléphones portables, etc… Si bien que dans la façon dont les gens vivent, il n’y a pas de surprise. 

Quant à l’IA incarnée par un robot aux allures parfaitement humaines, elle a le sentiment d’exister, d’être amoureuse, de vivre. Mais ses semblables se suicident, comme incapables de faire face à la réalité de ce qu’ils sont. C’est le fil qu’explore McEwan, et il m'a beaucoup intéressée. 

Depuis je lis, tranquillement, mais ceci est une autre histoire ;-)

Oups, oublié de mentionner: j'ai commencé la lecture de l’églantine et le muguet, de Danielle Sallenave, plongée dans le passé à deux faces de l'Anjou (et sans doute de toute la France) entre un idéal républicain enthousiasmant mais pétri de contradictions et le poids très conservateur de l'Eglise. J'ai patiné, le confinement n'était pas le bon moment. J'ai donc laissé tomber et je viens de recommencer. A suivre ?