vendredi 23 novembre 2018

mes billets ont une vie propre...


Depuis la naissance de ce blog, 211 articles ont été publiés, et ils ont fait l’objet de 187 lectures en moyenne.

Je ne sais pas si dans l’absolu c’est un beau score, mais je dois dire que ce résultat me plait bien.

En suivant de façon assez irrégulière les statistiques, on constate aisément que les billets ont une vie propre, qui échappe complètement à leur auteur : lorsqu’un article est publié, une information est aussi publiée sur Facebook et Twitter. Après quelques jours il totalise 30 à 40 lectures. Une deuxième est alors publiée sur Twitter, ce qui fait monter le score à 50 ou 60. Ensuite, je ne mentionne plus ou très occasionnellement les articles sur les réseaux, mais ils font leur petit bonhomme de chemin, et finissent par totaliser un nombre important de connexions, comme l’indique la moyenne.

Que se cache-t-il derrière cette lente progression ? Certains lecteurs relayent-ils l’information ? Les billets apparaissent-ils comme résultat à des requêtes sur des moteurs de recherche ? J’avoue bien volontiers que je n’en sais rien, que je n’ai pas très envie de creuser, mais que cela m’emplit de joie.

Une autre très grande source de satisfaction est la liste des « meilleurs » articles : 



Ma lettre au Père Noël est un appel à la paix et à la destruction des murs ; le Chêne adolescent fut une tentative d’écriture communautaire d’une nouvelle ; Racines et ailes : essais sur une figure imposée est une dissertation écrite dans un cadre amical par mon père aujourd’hui décédé, dans un bel esprit de transmission aux jeunes générations ; Sant Jordi évoque la fête des livres catalane, devenue aujourd’hui internationale, et que j’aime tant ; Visiter des librairies enfin est un hommage à ces boutiques si terriblement nécessaires.

En fait, pour tout dire, je suis pleine de fierté que ces cinq articles-là soient ceux qui figurent en tête du palmarès. 

lundi 5 novembre 2018

un défilé de Nobel


Cette année il  n’y aura pas de Nobel de littérature, la faute à un abruti qui a agressé des femmes. Bon, c’est très très très résumé, je vous l’accorde. Plus de détails ici.

Cela m’a paru être l’année idéale pour vous parler de mon difficile rapport aux Nobel. Et oui, j’ai du mal à les lire… Mes derniers contacts avec ces brillants auteurs et autrices m’ont laissé beaucoup d’amertume : des lectures décevantes, ou trop éloignées de moi, ou un peu absconses.

Première étape pour écrire ce billet : faire la liste de tous les Nobel que j’ai lus. Surprise : il y en a seize ! Et certains dont j’ai gardé un excellent souvenir ! Me tromperais-je moi-même, cultivant une fausse idée de l’échec, genre pour me rendre intéressante ? Une seule possibilité pour y voir clair : plonger un peu plus avant dans cette liste dont l’ordre tient exclusivement au hasard.

Albert Camus
Mauvais souvenir : lecture obligatoire de La Peste, sans doute au lycée. Il me semble n’avoir rien compris à ce livre. Le magazine Le 1 a célébré récemment L’Etranger, et je me suis demandé si je n’allais pas tenter à nouveau Camus…

Tony Morrison
Lorsqu’elle a reçu le Nobel, je ne la connaissais pas. Une romancière noire américaine, voilà qui a titillé ma curiosité. J’ai choisi de lire Home, que j’aimais beaucoup jusqu’à l’irruption d’un côté fantastique, ancré dans des croyances de type vaudou, qui m’a décontenancée… et j’ai décroché.

JMG Le Clézio
Désert, Ourania et un troisième roman dont je ne me rappelle plus le titre m’ont enchantée. J’aime son écriture et ses sujets, je crois que je vais en lire d’autres.

José Saramago
Un éblouissement ! Je me suis plongée avec délices dans l’humour de Saramago, son univers décalé, un peu grinçant mais si juste… Caïn et La lucidité m’ont donné un immense plaisir de lecture. Je vais aussi explorer plus avant son oeuvre.

Patrick Modiano
Là je dois confesser mon incompréhension totale. Lorsqu’il a été récompensé, j’ai demandé sur les réseaux sociaux et on m’a recommandé Dora Bruder. Impossible de rentrer dans ce récit du rien ou presque.

Alice Munro
Je n’ai pas dû choisir le bon livre. Du côté de Castle Rock part sur les traces de sa famille en Ecosse (passage passionnant) puis suit les ancêtres dans leur émigration vers les Amériques avant d’arriver à son enfance. Et là je n’accrochais plus du tout.

Imre Kertész
Je découvre beaucoup d’auteurs au moment où le prix Nobel leur est décerné. Kertész fait partie de ceux-là. Je me suis précipitée sur Etre sans destin, et j’ai découvert, au-delà du récit de l’internement dans les camps de la mort, qu’être Juif n’était pas, dans les années 30, quelque chose qui allait de soi. J’ai appris comment les nazis ont fait de lui, de sa famille et de milliers d’autres des juifs. Une découverte que je considère comme essentielle.

Mario Vargas Llosa
Je ne me rappelle plus ce que j’ai lu de lui. Je sais juste que je n’ai pas aimé ses prises de positions contre l’indépendance de la Catalogne, et surtout au sujet des prisonniers politiques catalans.

Doris Lessing
Là encore je n’ai pas dû choisir le bon livre : Les grands-mères. J’ai de plus en plus de mal à lire ces romans qui parle des tourments de riches qui n’ont rien d’autre à faire dans leur vie que de s’occuper de cela. C’est pourquoi j’ai banni Françoise Sagan de mes piles à lire, et Woody Allen de mes listes de films à voir.

Gabriel Garcia Marquez
J’ai relu récemment cent ans de solitude, que j’avais presque totalement oublié. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me suis rendue compte que… ce roman était compliqué, avec tant de personnages qui portent le même nom, avec des événements improbables, des

Alexandre Soljenitsyne
Le premier cercle : un choc. J’avais quelques connaissances sur les dérives totalitaires de l’URSS, mais les lire décrites ainsi m’a bouleversée.

John Steinbeck
Pour Steinbeck, je ne vais pas être plus originale que pour Soljenitsyne : Des souris et des hommes, quel choc ! Une écriture d’une subtilité incroyable au service d’un roman implacable, un très beau souvenir de lecture.

François Mauriac
Mes souvenirs sont lointains… Très à la mode dans ma jeunesse, j’ai lu Un nœud de Vipères et Thérèse Desqueyroux. Je serai incapable de dire aujourd’hui ce que j’ai éprouvé à l’époque.

Ernest Hemingway
Aaaaah Ernest ! Pas apprécié du tout dans la famille pour Pour qui sonne le glas, qui se passe en pendant la guerre civile espagnole, ou la réalité historique est qu’il n’a quasiment pas dessoulé pendant son séjour, et pratiquement pas quitté son grand hôtel à Madrid. Il n’a rien connu du front.
Je dois dire que Le vieil homme et la mer reste un bon souvenir.

Roger Martin du Gard
J’aime bien les grandes sagas, et les Thibault ne fait pas exception. De plus, j’aime bien les romans historiques qui m’apprennent plein de choses sur une époque ou une autre, moins arides que les livres d’historiens (qu’ils me pardonnent !)

Rudyard Kipling
Comme beaucoup de gens, je savais qu’il était l’auteur de le livre de la jungle, supposé livre pour enfant. J’avais donc une certaine méfiance, mais je me suis régalée en lisant Kim. Ce fut une belle rencontre entre une lectrice et un auteur.

Cette longue énumération permet de tirer un bilan : seize Nobel ont fait partie de mes lectures, et sept à huit d’entre eux m’ont donné du plaisir à lire. S’agit-il d’un bon taux ? Aucune idée, mais cela me semble assez loin de cette idée de l’échec systématique qui m’habitait. Je vais d’ailleurs tenter de l’améliorer avec Maryse Condé, qui semble un très beau Nobel alternatif. Lequel me conseillez-vous ?

lundi 8 octobre 2018

hommage à une librairie


Lorsque j’étais étudiante, je fréquentais une librairie ouverte la nuit.

Il faut dire que je sortais de quelques années difficiles en ce qui concerne la littérature. Il y eu d’abord la période fin de collège et lycée, ou l’étude des livres ne s’occupait jamais du plaisir de lecture. C’était la grande époque des explications psychanalytiques (l’interprétation de Le puits et le pendule de Poe alors que j’étais en 3ème, parfaitement ignorante des choses du sexe, m’a quelque peu traumatisée), et des analyses de contexte, c’est-à-dire la vie de l’écrivain, ses choix, ses déboires, tout ce qui pouvait « éclairer » le roman. Même si cette notion de contexte correspondait à une réalité, j’ai gardé de cela la profonde conviction qu’une œuvre doit se suffire à elle-même, que tout lecteur doit pouvoir l’aborder sans aucune explication, et grâce à cela  prendre plaisir à la lire en tout premier lieu.

Ensuite vint la période classe préparatoire scientifique, ou j’ai fait des maths et de la physique de la physique et des maths, et un peu de chimie aussi. Bref, pas la meilleure époque pour se plonger dans un autre domaine, quel qu’il soit.

En entrant en école d’ingénieur, j’ai pu habiter dans le 5ème  arrondissement de Paris et étudier dans le 6ème. Et recommencer à lire. Quel bonheur ! Et donc parfois, en sortant du cinéma, nous allions dans cette librairie du quartier de la Huchette, qui ne vendait que des poches, et qui était ouverte jusqu’à minuit. C’est dans cette boutique que j’ai commencé à fureter dans les rayonnages, humant l’air, examinant les couvertures et leurs quatrièmes. Je serais bien incapable de dire quels titres j’ai acheté pendant ces années-là mais… C’est un chouette souvenir.

parmi ces livres, certains viennent de là. Lesquels ?
En écrivant mon billet sur le tourisme bibliophile, j’ai repensé à cette librairie.

Je passe de temps en temps dans le coin, quand je vais voir les matchs de l’USAP dans un pub avec ma penya. J’ai profité d’une occasion pour chercher l’endroit et aller à la rencontre de mes souvenirs… Elle a hélas disparu. Il me faut donc garder bien au chaud l’image qui m’en reste : une rue étroite et sombre, des étals devant la devanture couverts de livre, des rayonnages plein de livres blancs, sans doute des Folio.

Je pense que je dois entre autres à cette librairie d’aimer autant les livres, ma curiosité naturelle ayant dû faire le reste du travail.

Passant hier soir à la Huchette (l’USAP a perdu son 7ème match depuis sa remontée en TOP 14), j’ai eu envie de rendre hommage à ce magasin que j’ai beaucoup aimé : c’est chose faite