mercredi 25 janvier 2017

Oublier les livres...



N’arrivant plus à ranger mes (nos) livres, j’ai fait un grand réaménagement de nos différentes bibliothèques et étagères. Je suis bien entendu retombée dans mon classement pathologique (cf un vieux billet, ici : lien), mais là n’est pas mon propos d’aujourd’hui.

Quelle ne fut pas surprise, parcourant les titres pour décider comment j’allais les classer maintenant, de constater que je ne me rappelais pas ces livres ? Enfin certains d’entre eux, pas mal d’entre eux, pas tous quand même ! 


Amin Maalouf, les échelles du levant ? J’ai aimé, mais... de quoi ça  parle ?
Roy Lewis, pourquoi j’ai mangé mon père ? Idem
André Gide, les caves du Vatican ? Je n’ai pas aimé, mais… de quoi ça parle ?
Alexandre Dumas, le comte de Monte-Cristo ? Ah nonce livre fait partie de mon Panthéon et je peux vous raconter (presque) tout !
Fédor Dostoïevski, Les frères Karamazov ? Lu au lycée, ce fut long et difficile. Mais c’était bien. Et je ne sais plus pourquoi.
Stefan Zweig, le joueur d’échecs, Michel Tournier, Eléazar ou la source du buisson : mince, j’ai lu ça ?  
N’en jetons plus, la coupe est pleine.

Au lieu de tenter de passer pour un de ces intellectuels capables de vous citer quelques lignes de tous les livres qu’ils ont lus, j’ai préféré vous l’avouer tout net : j’oublie. Mais devant ce constat que faut-il faire ?

Relire alors que j’ai 15 ou 20 livres qui m’attendant dans ma PAL[1] (qui en vrai est constituée d’un panier, cela pourrait être un sujet de billet sur ce blog) ?

Relire, alors que chaque année, entre les rentrées de septembre et de janvier, et l’arrivée des vacances d’été, des centaines de livres nouveaux sont publiés ?

Je le dis tout net : c’est un drame cornélien. Et dire que mon projet de relecture majeur, c’était Les trois mousquetaires (qui n’étaient pas quatre, n’en déplaisent à certains), roman dont je me souviens très bien !

Bref, s’il fallait en tirer en tirer une morale je proposerais celle-ci : la mémoire est fait d’oublis autant que de souvenirs ; entre aller de l’avant et se rappeler il faut choisir ; de toutes façons la lecture doit d’abord rester un plaisir (ce qui veut dire que je relirai si j’en ai envie, na !)


[1] PAL = pile à lire

mercredi 18 janvier 2017

En novembre et décembre, j'ai lu...



Comme j’ai pris du retard sur l’année 2016, j’hésite à vous commenter dans le détail tous les livres lus en novembre et décembre. Et il faut bien dire que j’ai un peu la flemme, en plus. Je vais donc tenter de vous dire juste quelques mots sur chacun d’entre eux.

Pour seul cortège, Laurent Gaudé
Eblouissant ! J’ai un faible pour cet auteur, d’accord. Mais ici, pour évoquer la mort d’Alexandre le grand, l’auteur use à merveille de la poésie dans un univers pesant de mort et de d’effondrement ; du rythme, celui des mots, celui des pleureuses ; des sentiments forts qui dépassent les misérables manœuvres de ceux qui ne pensent qu’au pouvoir. Quelle force !

HHhH, Laurent Binet
Pas pu. Lu vingt pages, et abandonné. J’avais déjà écrit que je n’aimais pas l’exofiction (lien), et ça se confirme. Tout savoir au bout de vingt pages des amours de Laurent Binet, et encore rien sur Heydrich, je n’ai pas supporté

La douceur de l’ombre, Alain Corbin
J’ai lu la moitié de cet essai, il me reste encore du chemin à faire avec. Un essai sur les sentiments provoqués par les arbres, à travers des références surtout littéraires, mais aussi picturales. J’y ai retrouvé beaucoup de mes sensations, cela m’a fait plaisir.

Le village de l’allemand, Boualem Sansal
Un livre lu presque d’une traite, et qui fait mal. Les parets des frères Schiller sont massacrés par le GIA dans leur village d’Algérie. A cette épreuve s’ajoutera la découverte de ce que fut réellement leur père, l’Allemand…
Le parallèle entre le nazisme et les méthodes du prosélytisme des islamistes dans les banlieues est terrible

Les insurrections singulières, Jeanne Benameur
Un jeune homme décalé dans la vie, à la recherche de son identité, entre amours difficiles et mondialisation brutale, entre parents incompris et lutte syndicale.
Un beau titre pour un beau livre qui raconte ce parcours du personnage au plus profond de lui-même et au plus loin de ses amarres. Un livre de femme (hihihi) pour raconter un parcours d’homme, et une belle réussite.

Le théorème d’Almodovar, Antoni Casas Ros
Un roman très almodovarien ! Un jeune homme défiguré par un accident qui a tué la femme aimée émerge de sa solitude grâce à un transsexuel tendre et au regard que pose sur lui la caméra du cinéaste. Il faut aimer se laisser porter dans les univers étranges qu’affectionne Almodovar pour plonger dans ce court mais puissant roman.

Just kids, Patti Smith
Je n’écoute pas beaucoup la musique de Patti Smith et je ne connais pas les photos de Robert Mapplethorpe, mais j’avais envie d’en savoir plus sur eux. Leur histoire fut unique, un amour indéfectible, plus fort que la vie et ses détours, construit autour de l’art et peut-être comme une œuvre d’art. Dans un New York bouillonnant et créatif, entre art et rock and roll, ils vont se construire ensemble, chacun va se trouver et rester lié à jamais à l’autre.
Ce livre est moins « sex, drugs and rock ‘n roll » que le laisse entendre la quatrième de couverture, ce qui n’est pas l’expression d’un regret. Il est avant tout émouvant, même si j’ai un peu regretté que Patti Smith s’efface tellement derrière la figure de Robert Mapplethorpe.

mercredi 4 janvier 2017

Les femmes dans mes lectures, suite




 L'article "les femmes dans mes lectures"  a donné lieu à beaucoup de commentaires. Plus que d’habitude !

L’un mentionne que « Certes l'homme a du mal à lâcher son machisme, mais la littérature, comme l'enseignement (et le plus vieux métier du monde) sont bien représentés par la gente féminine . »

Hélas ceci est faux ! Il n’y a que 25% des livres publiés qui ont été écrits par une femme. On est loin de la parité ! Ceci ouvre tout un champ de questions : les femmes hésitent-elles avant de se lancer dans une carrière littéraire ? Dans les comités de lecture, les lecteurs font-ils preuve d’un machisme larvé, attendant plus du manuscrit d’une femme que de celui d’un homme ? Questions sans réponse à ma connaissance…

Et ceci dit, je lis nettement moins de 25% de femmes. Mes interrogations personnelles restent donc entières.

Une autre se penche sur ses choix et constate que… ben elle aussi, elle sélectionne peu de femmes, et se pose le même genre de questions que moi :

J’ai mené une enquête d'observation auprès de mes lectures. 
J'ai sur ma table de chevet onze livres. 4 sont d'origine féminine : un de Lydie Salvayre, un autre gentillet, qui m'a été offert par une amie, et...les tiens (!)
Ensuite, que des mâles. 
Et parmi les derniers lus, et rangés, tous styles confondus, que des auteurs masculins, à part ceux de Thérèse Cau (là, c'est  de l'intérêt "local": une catalane, de l'intérêt de "racines" issue de la Retirade, et amical...) Quelle déduction en tirer ? Qu’il y a plus d'hommes dans la profession ? Qu'ils ont plus de matière et de profondeur à l'exprimer ? (je mets hors compétition G. sand, M. Yourcenar, M. Duras ou quelques autres, mais là, c'est du "classique").
Enfin, beaucoup de mes lecteurs ont eu la gentillesse de me proposer des lectures.

@marsupilamima m’oriente vers des auteurs, en trois posts sur Facebook :

Suggestions, Alice Rivaz, Alice Munro, Carols Shields, Laura Kasichke, Carson Mc Cullers, L.A. Kennedy, Flannery O'Connor, Annie Proulx, Grace Paley, Barbara Kingsolver, Leonora Miano, Toni Morrison, Allison Lurie, Iris Murdoch, Rose Tremain, Kate Atkinson, Anita Brookner ...bon, je peux encore réfléchir https://www.facebook.com/images/emoji.php/v6/f4c/1/16/1f642.png



Joyce Carol Oates, Doris Lessing, Milena Agus, Elena Ferrante, Natacha Ginsburg, MargueritteYourcenar, Duras, Lidia Jorge, Silvia Ballestra....tralala



Mince, j'ai oublié Edith Warton

Un ami  dresse une liste de suggestions :

" La fille du train"                              Paula HAWKINS   
"L'année de la grande sécheresse"     Rachel QUIROZ
"Le grand marin"                               Catherine POULAIN
"Quand les femmes parlent"              Françoise CHANDERNAGOR
"Le dernier des nôtres"                      Adélaide  de CLERMONT TONNERRE
" Le pouvoir au féminin"                   Elisabeth BADINTER
et bien sur:  " Chanson douce "         Leila SLIMANI

J’ai beaucoup apprécié ces propositions mais… le problème n’est pas de connaitre ou non des auteurs féminins. Une grande partie (pas la totalité, je le confesse) des noms cités me sont familiers. Ils sont cités souvent dans les médias, et je m’intéresse aux critiques qui sont formulées sur leurs œuvres.

Non, la question est celle du choix. Au moment d’acheter en librairie, de sélectionner sur mes étagères, comment se fait-il que mes mains se dirigent vers des livres d’auteurs masculins ?

Alors j’ai décidé de me soigner. J’ai fini l’année avec Jeanne Benameur et Patti Smith. Pour un cadeau de Noël à ma fille, j’ai hésité entre Valentine Goby et Véronique Ovaldé. Dans ma PAL[1] se trouvent Isabelle Alonso et Marie N’Diaye.

Allez, c’est parti pour une nouvelle année de lecture, en mettant l’accent sur le féminin !


[1] Pile à Lire