Quand j’étais gosse, à l’école, on apprenait à lire. Je veux
dire, à voix haute, J’aimais beaucoup cet exercice. L’institutrice insistait
sur beaucoup de détails : il
fallait « dire » la ponctuation, mettre le ton, prononcer
correctement… J’ai appris ainsi la différence entre un point virgule, un point
et une virgule (lisez donc cette phrase à voix haute, pour voir). Grâce à cela,
je reconnais à l’oreille un « o » d’un « ô ». J’aimais
beaucoup cet exercice. Aussi suis-je toujours attentive à la façon dont les
écrivains lisent des extraits de leurs livres. Et là, il y a malheureusement parfois
de mauvaises surprises, mais aussi des révélations !
Lors d’une soirée de l’association Paroles d’Encre,
François-Guillaume Lorrain, dont j’ai aimé le roman L’homme de Lyon lit
une nouvelle inédite. Il est impliqué dans son texte, que j’ai aimé, mais il
bute sur des mots, comme s’il avait du mal à les déchiffrer. C’est donc une lecture
heurtée, peu harmonieuse.
Metin Arditi, qui publie Prince d’Orchestre, change
de voix lorsqu’il lit. Il parle dans un registre aigu (enfin pour un homme) et
lit sur un ton plus grave, plus posé. Cela donne de la profondeur à sa lecture.
En2009, Laurent Gaudé avait donné une lecture de sa pièce le
tigre bleu de l’Euphrate au Théâtre Montansier à Versailles. Cet auteur
serait-il aussi acteur ? Il dit son texte brillamment. Je n’ai pas lu la
pièce, je découvre les mots au fur et à mesure. Et je ne peux m’empêcher de me dire
« je ne l’aurais pas lu comme ça ». J’y aurais mis plus de fougue, peut-être
plus d’exaltation par moment, bien que le héros soit en train de mourir. Ici on
touche à la grande question : l’œuvre appartient-elle à son auteur, qui la
voit d’une façon douce, ou à sa spectatrice, qui la voix plus combative ?
Toujours lors d’une rencontre Paroles d’Encre, un écrivain
suisse alémanique, Alex Capus, est invité. Il écrit en allemand, nous parle en
français avec quelques difficultés. Il aura la chance de se voir exempter de l’exercice
de la lecture, pour cause de barrière de langue. Un point crucial ! Pour bien lire à vous
haute, il faut maîtriser le verbe.
Cette semaine dans l’émission La Grande Librairie, Alexandre
Jardin annonce qu’il va lire quelques lignes de son nouveau roman, Joyeux Noël.
Cela n’a pas l’air de plaire à l’animateur, car ce n’était pas prévu. L’auteur
lit, mais en se dépêchant. Trop vite ! L’auditeur n’a pas le temps de se pénétrer
des mots, de les sentir.
Ah que la lecture est un exercice difficile ! Un ami m’a
rapporté que l’auteur Christophe Claro, avant une séance publique, répétait sa
lecture, aidé par sa femme. En voilà un qui a raison !
Et pour finir, si vous avez l’occasion, écoutez Fabrice
Lucchini lire ou dire des textes. C’est là qu’on voir que les mieux placés pour
des lectures orales, ce sont les (grands) lecteurs !
lecture publique de "l'Arboretum Imaginaire"
Lire mais aussi dire ! J'écoute parfois comme tout un chacun les actualités Je souffre sur les accents affectés et déplacés de nos présentateurs Quel exemple !
RépondreSupprimerJe bois très souvent un poème des yeux mais seule la lecture m'en offre le souffle sensible, cette euphorie qui mêle le sens, l'émotion, le rythme, la joie des mots... Je ne suis pas actrice ni professeur, juste comme beaucoup, amoureuse des mots même s'il faut s'en méfier Quant à la ponctuation, j'ai découvert un billet sur La disparition du point virgule qui m'a laminée d'un rire désespéré.
Notre langue, nos mots, véhiculent tant que nous devrions insister sur cette Voix Haute vertigineuse
Alors, découvrir que le thème du Printemps des Poètes 2013 est Les Voix du Poème, n'est ce pas donné raison à votre billet ???
Merci
Bonjour,
Supprimerje serai très intéressée par un lien sur cet article sur la disparition du point virgule ?
Valérie
il s'agit d'un article de Guillemette FAURE de RUE 89 il suffit de taper sur un moteur de recherche :
RépondreSupprimerUn appel du mouvement contre la disparition du point-virgule