lundi 21 décembre 2015

petits bonheurs de lecture #11: Le collier rouge



Je viens de lire un petit roman tout simple, qu’on pourrait qualifier de « roman sans prétention ». Le collier rouge de Jean-Christophe Rufin tourne autour de deux anciens soldats que la première guerre mondiale, l’un a commis un faux pas et l’autre est devenu juge militaire, et un chien. Je ne veux pas en dire plus, cette histoire doit être découverte au fil des pages…

En voici néanmoins la présentation de l’éditeur : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Le-collier-rouge

J’ai aimé lire ce livre, car il explore avec une infinie finesse les états d’âme de personnes tout à fait simples, en lesquelles nous pouvons nous reconnaitre. J’ai aussi aimé l’idée que le juge militaire, jeune homme de bonne famille et de bonne éducation, apprenne des choses sur la vie d’un homme qui a reçu peu d’éducation. J’ai enfin aimé la parabole sur la fidélité, et surtout sur la force de la fidélité. 

Pour illustrer la beauté du verbe de l’auteur, j’ai choisi un passage plus descriptif, mais empreint d’une réflexion sur la vie qui m’a élue. Peut-être parce qu’il y a des arbres…


  Avant d’aborder l’ultime étape de son enquête, Lantier éprouva me besoin de faire une longue promenade dans la campagne.
  Il se leva au petit jour et partit en direction du nord, là ou commençait la forêt qui s’étendait jusqu’à Bourges.
  Les arbres étaient des chênes pour la plupart. Ils avaient été plantés, les premiers, dès l’époque de Louis XIV. À mesure qu’on avance dans les allées forestières, on découvre des alignements inattendus. Le désordre des troncs fait alors place, pour un instant, à une trouée rectiligne qui semble conduire jusqu’à l’horizon. Cette irruption de la volonté humaine dans le chaos de la nature ressemble assez à la naissance de l’idée dans le magma des pensées confuses. Tout à coup, dans les deux cas, naît une perspective, un couloir de lumière qui met de l’ordre dans les choses comme dans les idées et permet de voir loin. Dans les deux cas, ces moments lumineux ne durent pas. Dès que l’on reprend sa marche, dès que l’esprit se remet en mouvement, la vision disparaît, si l’on n’a pas pris garde de la fixer par la mémoire ou l’écriture.
  Reste qu’avancer dans une telle forêt est un puissant stimulant pour la réflexion. Lantier en avait besoin. Au-delà de l’affaire qui le retenait, il pensait à la vie qui l’attendait, à l’étape qu’il allait franchir, en quittant la vie militaire. Il pensait à cette guerre qui prenait fin pour la dernière fois, avec ces derniers procès. Aussi rectilignes que ces trouées, des cimetières étaient édifiés sur les champs de bataille pour abriter les dépouilles des soldats morts. Mais ces graines-là ne pousseraient jamais.

1 commentaire:

  1. Tes recommandations littéraires m’intéressent et la lecture que j’ai pu faire de la présentation de l’éditeur et du passage que tu as proposé me ramène sur le plan de l’écriture à Stefan Zweig et notamment à son livre "les prodiges de la vie" qui est d’actualité avec Noel, je viens de le finir.

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