Quand le confirment s'est mis en place, tous les gens qui me connaissent bien ont pensé que j'allais en profiter pour lire beaucoup. D’autant que j'ai vite été en chômage partiel, ne travaillant que les matins. Et bien... ça s'est vite avéré plus compliqué que ça. L'inquiétude liée à l'épidémie, le choc face à la situation, la contrainte de ne pas voir ses proches, tout cela a pesé sur mon état d’esprit et m'a éloignée de la lecture. J'ai privilégié des activités manuelles, crochet et cuisine, parce que lorsque les mains sont occupées, le cerveau vagabonde moins. Néanmoins j'aimerais vous raconter ici mon parcours littéraire pendant des deux mois.
- Je finissais Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon de JP Dubois (que je recommande) quand il nous a été ordonné de rester chez nous. J'ai un peu tourné en rond au milieu de nos étagères, demandant conseil à ma moitié, qui m'a proposé:
Philippe Kerr, Bleu de prusse
Un roman policier historique qui entrecroise des événements
en 1956 et d’autres en 1939. Le héros récurrent de Kerr, Bernie Gunther, est à deux
doigts de tomber dans un piège tendu par la Stasi en 1956, et enquête sur une
mort mystérieuse au Berghof, le nid d’aigle d’Hitler. Si c’est très bien écrit
et si c’est une belle enquête, l’univers nazi m’a écrasée, j’ai eu du mal à accepter
l’idée qu’on puisse mettre dans un roman tous ces personnages de la garde
rapprochée d’Hitler, qui ont laissé derrière eux une empreinte si désastreuse,
des millions de morts et une Europe en ruines.
- Après cette expérience difficile vu les conditions, il fallait me "relancer" en tant que lectrice. Je me suis alors lancée dans
Selden Edwards, L’incroyable histoire de Wheeler Burden
roman recommandé par mon club de lecture.
Un rocker de San Francisco des années 60 à 80 se retrouve soudain à Vienne en 1897. IOl
croisera les grands artistes ou intellectuels qui faisaient rayonner Vienne à
cette époque, tombera amoureux d’une jeune américaine, puis… se posera bien des
questions sur la possibilité ou non de changer les cours des choses, face à l’histoire
de sa famille et à la grande histoire, montée du fascisme et présence du jeune
Hitler pas très loin…
Avant d’être un roman philosophique, c’est surtout un incroyable
roman d’aventures, plein de rebondissement inattendus, et de rencontres
exceptionnelles.
Sans divulgâcher, le sacrifice de l’héroïne à la fin du livre
(et non, il n’y a pas mort de femme, c’est beaucoup plus subtil que ça) est terriblement
émouvant.
Avertissement aux éventuels lecteurs : il faut vraiment
aller au-delà de 140 pages pour que ça démarre, mais le jeu en vaut la
chandelle !
- A ce stade, ça allait mieux, l'envie de lire revenait, et je me suis attaquée à
Ken Follett Un monde sans fin
mon cadeau de Sant Jordi
Impossible à résumer tant elle est riche en événements, cette grande saga à la fin du moyen-âge, suite lointaine de Les piliers de la terre, permet d’en connaitre
beaucoup plus sur les règles assez impitoyables qui régissent la société, qu’il
s’agisse des paysans (métayers et journaliers, avec des contraintes incroyables
sur la possession de la terre), ou les artisans, en particulier les apprentis.
Quatre personnages sont suivis de leur enfance à l'âge mur, la vie ne leur faisant souvent pas de cadeaux. Un bâtisseur qui du voulu être chevalier, une paysanne, un chevalier tourmenté, une fille de marchand de laine qui connaitra plusieurs états
cette lectyre entre quatre murs fut étrange parce qu’une
épidémie de peste sévit ans la vilel ou se déroule le saga, et un des personnages, une nonne guérisseuse recommande un confinement, et
des mesures de protection pour les religieuses qui soigent les malades, leur fzaisant porter sur la bouche des bandes de tissu, des masqueds..
- Cette résonance entre la réalité et le roman n'a en rien entamé mon plaisir de lecture, et j'ai enchaîné avec
Sandrine Collette, Et toujours les forêts
Une histoire de fin du monde qui brûle soudain tout ce qui
se trouve à la surface de la terre, et ne laisse survivre que ceux qui étaient
dessous, comme le héros qui se baladait dans les catacombes avec ses amis. Il décidera de retourner auprès de son arrière-grand-mère, au
fin fond d’une campagne ou règnent les forêts, puis tentera de repeupler la
planète…
Une destruction, une errance puis l’essai d’un nouveau
départ : il y a bien entendu du Ravage de Barjavel dans ce roman. Mais il
est ancré dans le monde d’aujourd’hui, avec ses grandes faiblesses, dont le dérèglement
climatique, et la fin est moins porteuse d’espoir : il ne s’est pas encore
créé de nouvelle société.
J’aime beaucoup la plume de Sandrine Collette, et elle est
ici d’une force incroyable pour décrire le monde d’avant et le monde d’après ;-)
ainsi que l’obstination presque animale du héros, portée par un instinct de
survie jamais mentionné mais toujours présent.
- Après cette lecture enthousiasmante, aucun souci pour entamer la lecture de
Ian Mc Ewan, Une machine comme moi
L’intelligence artificielle est devenue un grand sujet de
roman de nous jours, et c’est une bonne chose. Le romancier, en saisissant un fil
et en le suivant jusqu’à son extrémité la plus sombre, a la capacité à
illustrer de façon très compréhensible par tous et par moi les risques, les
implications de quelque chose des nouveau. Un peu comme Black Mirror dans l’univers
des séries télé.
Ici, j’ai été attirée par le sujet de l’IA, et par la
construction uchronique, le roman se déroulant à Londres en 1982, dans un monde
ou Alan Turing est devenu une sorte de gourou de l’informatique, ou les Beatles
sortent un nouveau disque et ou le Royaume-Uni perd la guerre des Malouines
Hélas cette costruction est décevante : à Londres en 1982, si
on baigne dans une suite d’événements (guerres terrorisme, politique) répondant
parfaitement à la définition de l’uchronie, le monde est celui que nous connaissons, avec Internet, les téléphones portables, etc… Si bien que dans la façon dont
les gens vivent, il n’y a pas de surprise.
Quant à l’IA incarnée par un robot aux allures parfaitement
humaines, elle a le sentiment d’exister, d’être amoureuse, de vivre. Mais ses
semblables se suicident, comme incapables de faire face à la réalité de ce qu’ils
sont. C’est le fil qu’explore McEwan, et il m'a beaucoup intéressée.
Depuis je lis, tranquillement, mais ceci est une autre histoire ;-)
Oups, oublié de mentionner: j'ai commencé la lecture de l’églantine et le muguet, de Danielle Sallenave, plongée dans le passé à deux faces de l'Anjou (et sans doute de toute la France) entre un idéal républicain enthousiasmant mais pétri de contradictions et le poids très conservateur de l'Eglise. J'ai patiné, le confinement n'était pas le bon moment. J'ai donc laissé tomber et je viens de recommencer. A suivre ?
Oups, oublié de mentionner: j'ai commencé la lecture de l’églantine et le muguet, de Danielle Sallenave, plongée dans le passé à deux faces de l'Anjou (et sans doute de toute la France) entre un idéal républicain enthousiasmant mais pétri de contradictions et le poids très conservateur de l'Eglise. J'ai patiné, le confinement n'était pas le bon moment. J'ai donc laissé tomber et je viens de recommencer. A suivre ?
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