Le cœur de l’été et ses lectures m’offrent l’opportunité d’évoquer le classement des livres. C’est un sujet dont il a déjà été question ici, ou @marsupilamima a évoqué sa pathologie des livres, et là.
Quelle surprise qu’un roman aborde ce sujet, et en plus d’une façon… originale !
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Un roman qui se passe en montagne lu... en montagne ! |
Plantons le décor : une frontière entre deux pays ennemis, sur l’Altiplano dans la Cordillère, à 5000 m d’altitude. Deux postes-frontières se font face, au-dessus de toutes les villes, de toute vie ou presque, dans un désert de roches et entourés de volcans.
Dans l’un des postes-frontières, le lieutenant Costa peine à maintenir ordre et discipline. Dans l’autre, le chef, un sergent, est remplacé par une femme, une capitaine. Et tout un équilibre incertain vacille alors.
Le lieutenant Costa fait passer le temps en lisant. Mais tout comme ses subordonnés, ses livres semblent prendre des libertés.
Extrait.
En jetant un œil aux livres empilés sur son bureau, il se dit qu’il devrait mettre de l’ordre, mais il différait cette besogne depuis des années. Ces volumes reliés de tous genres et tailles ne se laissaient pas aisément ranger, c’était comme s’ils cherchaient eux-mêmes une place et se posaient ici et là selon leur caprice, mais ceux qui s’aventuraient hors de la chambre finissaient dans le feu ou entassés dans une remise par des mains invisibles, qui ne pouvaient être que celles de Quipildor[1].
Et chez vous, les livres choisissent-ils leur place à leur convenance ?
Extrait de Roca Pelada de Eduardo Fernando Varela, traduction François Gaudry
[1]Sergent ayant le rôle d’adjoint du Lieutenant Costa