Bon, ça y est, c’est décidé, je parle de ce livre ! Vous aurez vite
compris, chers lecteurs, pourquoi c’est délicat pour moi : comment
paraitre objective en lisant un livre écrit par mon père ? Je vais
essayer, pardonnez-moi si je n’y arrive pas !
Pour résumer Trois tangos de la mélancolie, autant commence par la quatrième de couverture :
Dans la tourmente de la guerre civile espagnole, Jaume va tout perdre : ses parents, sa grand-mère, son petit frère… Et son pays. Réfugié en France, le jeune anarchiste catalan s’engage dans la Résistance, puis la Libération venue, reprend le combat contre le Franquisme. Mais il va aussi connaître l’amour et ses désillusions sous le regard de Maria Luisa, la petite fille qui en avait fait son fiancé, avec à ses côtés un petit livre vert et un caillou blanc…
Ce roman n’est pas un livre de guerre même s’il en révèle tous les drames, toutes les déchirures, tous les questionnements… Il illustre à la façon d’une tragédie grecque la force du destin qui conduit un homme là où il ne pensait pas aller… Et il y va, par un itinéraire chaotique, jalonné par trois tangos : celui sensible, d’Albeniz, l’émouvant Volver et le si nostalgique Cuesta abajo de Carlos Gardel…
Entre essai et roman, ce livre emmène son lecteur dans les pas éprouvants
d’une guerre civile, avec son lot de drames et d’horreurs, et ses conséquences
sur la vie des personnages : quel engagement après la défaite ?
Faut-il se résigner ou lutter ? Comment vivre à nouveau ?
Si la guerre civile espagnole commence à être mieux connue en France,
entre autres grâce à de beaux romans comme celui de Lydie Salvayre que je vais
lire bientôt, la Retirada, fuite éperdue des républicains espagnols vers la France
devant l’avancée de l’armée franquiste, l’est moins. Et ce qui s’est passé dans les années suivantes, sur le sol
français, pour des combattants ayant un œil et le cœur rivés vers la terre
natale, ne n’est pas connu.
L’auteur a donc pris le parti de mêler à sa fiction des passages
explicatifs sur le contexte politique, les choix des partis en exil, etc… pour
amener le lecteur à s’immerger dans l’esprit des personnages, leurs doutes,
leurs questions et les réponses douloureuses qu’ils y donnent. Ce parti pris
peut surprendre, et le premier tiers du livre peut alors sembler au lecteur un
peu pesant. Mais au-delà de ce premier tiers, le ton et le rythme sont donnés, le
roman acquiert un souffle qui lui donne cette dimension de tragédie souligné
par l’éditeur.
Fortement ancré dans un terroir, la Catalogne côté Nord et Sud de la
frontière, ce livre est aussi un chant à la beauté d’une terre malgré parfois
sa dureté, et à des valeurs fortes comme la solidarité et l’engagement, qui me
touchent beaucoup.
Les personnages, Jaume et ceux qui l’entourent, sont bien campés, avec
leurs forces et leurs faiblesses, ces petits détails qui font qu’on s’attache à
deux, qu’on a envie de savoir ce qu’ils vont devenir…
Je ne cacherai pas de voir sous la plume de mon père décrit des
endroits où il nous a emmené enfants, comme s’il dévoilait des souvenirs familiaux,
m’a parfois perturbée, alors que… si les lieux sont ceux que je connais l’histoire
qui s’y déroule n’a rien à voir, puisqu’il s’agit d’une fiction complète.
La structure du roman est très réussie aussi à mon avis : trois
scènes inaugurales, pas vraiment reliées entre elles, campent un contexte. L’auteur
tire alors un fil, un seul, et le lecteur fini par se demander comment le lien
va se faire. Les trois fils vont se rejoindre à la toute fin du livre, très
dure, inexorable, on n’échappe pas à son destin…
Bon voilà. Vous aurez compris que je vous recommande cette lecture… en
toute objectivité ;-)
Ce livre peut se commander dans toutes les bonnes librairies, même à la FNAC ou chez Amazon (ce que je ne recommande pas... adoptez un libraire ! ). Les infos ici
Valérie, j'ai beaucoup aimé ton commentaire.
RépondreSupprimerTangos bien lus, bien vus, bien sentis.
Tout y est, (sauf la dimension musicale, qui a son importance).
Certes, la mise en situation peut-être déroutante, mais ensuite, les portes sont ouvertes à beaucoup de richesse et ton commentaire en montre bien la complexité et la sensibilité.