Aux Rendez-Vous de l’Histoire de Blois (décidément propices à idées de
billets pour ce blog…), Pierre Rosanvallon est venu parler de son projet :
Je vais me permettre de résumer ici son
intervention, mais si vous voulez vraiment connaitre ce projet, je vous
conseille d’aller sur le site officiel.
Pierre Rosanvallon est parti d’un constat de
désenchantement à l’égard de la démocratie. La montée des extrémismes, la
défiance envers la représentation par les élus, sont des symptômes d’un mal
insidieux de notre société : les individus ne croient plus en la
démocratie, ils s’en méfient.
Cette démocratie a été depuis longtemps une simple
arithmétique : majorité, minorité, dans laquelle une partie de la société
peut se retrouver dans l’ombre.
Pourtant la démocratie est d’abord un monde commun,
dans laquelle tous devraient être visibles.
Autour de ce constat, Pierre Rosanvallon a
construit un projet expérimental : à partir de récits de vies
individuelles, esquisser un portait de notre société. Car en partant des
expériences singulières on rend compte de beaucoup de réalités, sans doute
mieux qu’avec des chiffres ou des descriptions du monde du travail. Le discours
politique actuel ne s’alimente plus de ces vies singulières.
Pour écrire ces vies, il a fait appel à des
écrivains, pour leur capacité à décrire et à transformer en mots imprimés.
Jusque-là, j’étais séduite par le discours,
intéressée par le projet, j’avais vraiment envie d’en savoir plus. Hélas…
Les deux personnes choisies pour l’accompagner à ce
café littéraire, Maylis de Kérangal et Pauline Peretz, se sont montré de bien
piètres soutiens…
Pauline Peretz est universitaire, et a choisi de
raconter la vie à travers le Mont-de-Piété. Sujet intéressant, dont elle a fort
bien parlé, mais dans un discours qui manquait un peu de chair. Son sujet est
resté un sujet d’étude, pas vraiment un sujet dont elle semblait imprégnée au
plus profond de sa chair, de son âme.
Le pire reste à venir.
Maylis de Kérangal, écrivain à succès, primée, dont
on chante les louanges, pouvait paraitre de prime abord la personne idéale pour
ce projet. Seulement… elle a longuement expliqué en quoi ce qui la motivait
était le projet littéraire, très
éloigné de ses projets habituels à travers les romans. Elle a utilisé de mots
techniques, voire pompeux, pour expliquer en quoi ce projet la nourrissait du
point de vue littéraire. L’aspect humain du projet, raconter une vie
singulière, celle d’un jeune boulanger je crois, ne semblait pas vraiment une
motivation. Il s’effaçait. L’animateur a tenté de la questionner sur ce sujet,
parlant d’engagement, de projet « citoyen », rien. Pierre Rosanvallon
s’est porté à son secours, mais ne semblait pas si convaincu que cela…
Bon, je n’ai jamais lu Maylis de Kérangal, et je ne
vais pas commencer suite à cette présentation. Et désolée si cet avis ne plait
pas !
Mais le
projet est formidable, il me parlait beaucoup. J’ai depuis entendu
plusieurs chroniques littéraires sur France Info autour de livres inscrits dans
ce projet. Et à chaque chronique je me suis dit qu’il fallait que j’en sache un
peu plus. Dans la déjà longue liste de livres parus, je vais en piocher
quelques-uns, et je me ferai un plaisir de vous en rendre compte.
Bravo Pierre Rosanvallon, raconter la vie est une
belle idée !
Il y a de très beaux récits à lire sur le site Raconter la vie , j'en suis fervente lectrice Les thèmes : faire un enfant, burn out, maltraitance au travail, un deuil, étudier et travailler, beaucoup de récits de métiers très différents...etc... Vous pointez qq chose de très juste : ceux qui parlent de leurs propres vécus nous touchent et ceux qui sont en représentation nous lassent car ils sont dans la même posture que les politiques ( paradoxe du site)
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