Mon blog est censé parler de littérature, de livres, de culture... J'ai longtemps hésité avant de publier cette lettre car elle n'y a pas vraiment sa place. Ma colère est cependant profonde et j'avais besoin de dire ce que je ressens. Pour ne pas exploser comme une cocotte-minute, et parce que je sais que les élections présidentielles ne me permettront pas d'exprimer mon avis. Je me jette donc à l'eau, je me dévoile.
Bonne lecture, et toutes mes excuses à ceux que cette tribune pourrait surprendre !
Monsieur le président
En 2012 j’ai voté pour vous, dans l’espoir d’une société
plus juste, plus égalitaire, qui se préoccupe des gens en difficulté et des
laissés pour compte.
Vous avez engagé votre quinquennat sur des actions pour
réduire la dette. J’étais sceptique car je ne voyais pas comment cela irait
dans le sens de mes souhaits. Cependant j’ai accepté de payer plus d’impôts, et
j’ai continué à espérer.
Vous avez parlé du choc de simplification. J’ai vu là une
excellente idée, un vrai potentiel pour améliorer les choses petit à petit,
sans grande loi mais avec pragmatisme. Hélas rien n’en n’est sorti.
Vous avez parlé du pacte de responsabilité. L’idée d’une
démarche donnant –donnant entre les entreprises et les citoyens me plaisait. Encore
un soufflé qui devait retomber, avec le renoncement à toute obligation pour les
entreprises.
La grogne est montée dans le peuple. Il l’a dit haut et fort
dans les élections locales. En réponse à cette grogne, vous avez nommé Manuel
Valls, qui est juste l’antithèse des aspirations des français. Là ma
colère a commencé, car au fond, votre décision était un déni de démocratie. Le peuple
demande une chose, mais la tête de l’état la refuse, au prétexte qu’il sait
mieux ce qu’il faut faire. Ce n’est pas ma conception de la démocratie.
Il y a eu Charlie. Passé le moment d’émotion, vous avez
laissé vos ministres parler de laïcité, la porter en étendard, comme outil pour
répondre au problème. Grave erreur : le problème ne réside pas dans la
laïcité, surtout pas dans cette laïcité militante, mais dans le sentiment d’abandon
que ressent une grande partie du peuple. Il fallait parler de vivre ensemble,
pas de laïcité.
Ensuite, la crise grecque, et la crise des migrants. L’Europe
a apporté des réponses catastrophiques aux malheurs de ces peuples, à mille
lieues de ce demandaient les français. Nous souhaitions de la solidarité, de l’accueil,
de la fraternité. Votre gouvernement n’en a pas fait preuve.
Il y a eu le 13 novembre. Et la proposition de déchéance de
nationalité. Encore une proposition navrante, dans son inefficacité, dans l’inégalité
qu’elle provoque, dans son populisme.
Et maintenant, la loi travail. Une loi préparée au mépris de
deux de vos engagements : « l’ennemi c’est la finance », et les
engagements sur le dialogue social. Votre gouvernement et vous-même y faites
preuve d’une inattention dramatique aux aspirations des français, d’un
autoritarisme de mauvais aloi, alors que c’est la police qui est incapable de
maîtriser les casseurs (rappelons que c’est son rôle et pas celui des services
d’ordre des syndicats). Là encore, vous foulez au pied des droits auxquels je
tiens.
J’ai beaucoup réfléchi aux présidentielles futures.
Quel que soit le candidat socialiste, je ne voterai pas pour
lui. Soit il émanera de votre tendance, et je le récuse, soit il émanera de ces
risibles frondeurs qui n’ont jamais réussi à aller au bout de leurs idées et à
renverser votre gouvernement.
Je ne peux pas voter à droite, qui ne professe pas les idées
de fraternité que je revendique.
Je ne peux pas voter à l’extrème gauche, car sortir de l’Europe
de l’Europe n’est pas une option.
Je voterai donc blanc au premier tour, et pour le candidat
le moins catastrophique au second.
Monsieur le président, c’est à vous que je dois d’être
contrainte à ce choix, je ne vous en remercie pas
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