mardi 21 juin 2016

Monsieur le président



Mon blog est censé parler de littérature, de livres, de culture... J'ai longtemps hésité avant de publier cette lettre car elle n'y a pas vraiment sa place. Ma colère est cependant profonde et j'avais besoin de dire ce que je ressens. Pour ne pas exploser comme une cocotte-minute, et parce que je sais que les élections présidentielles ne me permettront pas d'exprimer mon avis. Je me jette donc à l'eau, je me dévoile.  
Bonne lecture, et toutes mes excuses à ceux que cette tribune pourrait surprendre !

Monsieur le président

En 2012 j’ai voté pour vous, dans l’espoir d’une société plus juste, plus égalitaire, qui se préoccupe des gens en difficulté et des laissés pour compte.

Vous avez engagé votre quinquennat sur des actions pour réduire la dette. J’étais sceptique car je ne voyais pas comment cela irait dans le sens de mes souhaits. Cependant j’ai accepté de payer plus d’impôts, et j’ai continué à espérer.

Vous avez parlé du choc de simplification. J’ai vu là une excellente idée, un vrai potentiel pour améliorer les choses petit à petit, sans grande loi mais avec pragmatisme. Hélas rien n’en n’est sorti.

Vous avez parlé du pacte de responsabilité. L’idée d’une démarche donnant –donnant entre les entreprises et les citoyens me plaisait. Encore un soufflé qui devait retomber, avec le renoncement à toute obligation pour les entreprises.

La grogne est montée dans le peuple. Il l’a dit haut et fort dans les élections locales. En réponse à cette grogne, vous avez nommé Manuel Valls, qui est juste l’antithèse des aspirations des français. Là ma colère a commencé, car au fond, votre décision était un déni de démocratie. Le peuple demande une chose, mais la tête de l’état la refuse, au prétexte qu’il sait mieux ce qu’il faut faire. Ce n’est pas ma conception de la démocratie.

Il y a eu Charlie. Passé le moment d’émotion, vous avez laissé vos ministres parler de laïcité, la porter en étendard, comme outil pour répondre au problème. Grave erreur : le problème ne réside pas dans la laïcité, surtout pas dans cette laïcité militante, mais dans le sentiment d’abandon que ressent une grande partie du peuple. Il fallait parler de vivre ensemble, pas de laïcité.

Ensuite, la crise grecque, et la crise des migrants. L’Europe a apporté des réponses catastrophiques aux malheurs de ces peuples, à mille lieues de ce demandaient les français. Nous souhaitions de la solidarité, de l’accueil, de la fraternité. Votre gouvernement n’en a pas fait preuve.

Il y a eu le 13 novembre. Et la proposition de déchéance de nationalité. Encore une proposition navrante, dans son inefficacité, dans l’inégalité qu’elle provoque, dans son populisme.

Et maintenant, la loi travail. Une loi préparée au mépris de deux de vos engagements : « l’ennemi c’est la finance », et les engagements sur le dialogue social. Votre gouvernement et vous-même y faites preuve d’une inattention dramatique aux aspirations des français, d’un autoritarisme de mauvais aloi, alors que c’est la police qui est incapable de maîtriser les casseurs (rappelons que c’est son rôle et pas celui des services d’ordre des syndicats). Là encore, vous foulez au pied des droits auxquels je tiens.

J’ai beaucoup réfléchi aux présidentielles futures.

Quel que soit le candidat socialiste, je ne voterai pas pour lui. Soit il émanera de votre tendance, et je le récuse, soit il émanera de ces risibles frondeurs qui n’ont jamais réussi à aller au bout de leurs idées et à renverser votre gouvernement.

Je ne peux pas voter à droite, qui ne professe pas les idées de fraternité que je revendique.

Je ne peux pas voter à l’extrème gauche, car sortir de l’Europe de l’Europe n’est pas une option.

Je voterai donc blanc au premier tour, et pour le candidat le moins catastrophique au second.
Monsieur le président, c’est à vous que je dois d’être contrainte à ce choix, je ne vous en remercie pas

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