lundi 19 septembre 2016

L'âme de la maison



Jean Cocteau disait « Petit à petit, les chats deviennent l’âme de la maison » et je n’y croyais pas.

 

Ta présence était silencieuse, tu faisais pattes de velours. Tu choisissais tes moments de présence et tes moments d’absence, tu sortais des heures pour chasser et revenait dormir à la maison. C’est toi qui décidais quand était venue l’heure du câlin, et quand tu voulais la paix.

 

En résumé, nous menions chacun notre vie, sous le même toit certes, mais côte à côte plus que ensemble. La maison vivait avec toi, sans toi, elle vivait toujours. Toi, l’âme de la maison ? Allons donc, c’était la famille qui en était l’âme !

 

Puis tu as vieilli, et es devenu notre petit vieux acariâtre : tu râlais pour avoir à manger, tu râlais pour avoir une gratouille, pour qu’on t’ouvre la porte pour sortir. Mais c’était toujours toi qui décidais.

 

Enfin tu es devenu malade et aujourd’hui tu n’es plus. La maison maintenant est pleine du bruit de ton absence. Il y a les vides : l’endroit où se trouvaient tes bols de nourriture et d’eau par exemple. Il y a les manques : tu n’es plus à côté de la table, attendant une gratouille lors du petit déjeuner, ou un morceau de viande lors du dîner. Tu n’es plus derrière la porte quand je rentre, vautré sur le sol en attendant ta caresse du soir.  Et enfin il y a tous ces endroits que tu as marqué de ta présence : le fauteuil ou tu aimais à dormir, en alternance avec le canapé du salon ou notre lit, ton coin de soleil entre le pot de fleur et la fenêtre, le radiateur près duquel tu trouvas refuge quand, il y a bien longtemps, tu fus malade, le dossier du fauteuil ou tu t’allongeais pour surveiller la maisonnée, et tant d’autres petits lieux…

 

Au cours de tes vingt années, la maison a parfois changé, au hasard des changements dans la famille. Les pièces réaménagées te faisaient peur, et il me fallait t‘y emmener, t’y installer et là encore te gratouiller pour te convaincre que oui, c’était possible. Et petit à petit tu les faisais tiennes.

 

Alors maintenant je me dis que Cocteau avait raison et moi tort : tu étais l’âme de ma maison.

 

 

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