1°) bête de miséricorde, Fredric Brown
Martiens go home ! m’avait fait
hurler de rire, un sommet de science-fiction burlesque. J’ai donc voulu tester
le Fredric Brown auteur de polars. Quelle déception ! Ecriture vieillotte,
datée et récit daté également. Pourtant le postulat de départ était intéressant :
deux flics enquêtent sur une mort mystérieuse, l’histoire est racontée tour à
tour par chacun des policiers, la femme de l’un d’entre eux, alcoolique,
l’homme chez qui le cadavre a été découvert, etc… Mais le roman se passe dans
les années 50, et tout y est démodé : les relations entre
« races » Anglos et Mexicains, (le terme race est employé plusieurs
fois), les relations entre hommes et femmes (l’épouse alcoolique pense que son
mari aurait dû la battre pour lui faire comprendre que boire, ce n‘est pas bien.
Le mari de son côté se demande s’il ne devrait pas la battre). Les dialogues
sont vintages et devaient déjà l’être quand le roman a été publié. Et pour
finir l’auteur ne prend aucun recul par rapport à ça. Bref, cette lecture ne
m’a pas enthousiasmée.
2°) l’amour en minuscules, Francesc
Miralles
L’amour en minuscules, ou comment un
chat peut tout changer dans votre vie. Surtout quand le chat surgit au bon
moment, à l’instant ou vous êtes prêt à ce que tout bascule.
Un
professeur d’allemand vit une vie solitaire et minutieusement organisée, sans
surprises et sans joies. Sa bulle faite de littérature et de musique classique
lui empêche tout contact avec le monde. Quand un jour, un grattement à sa
porte… Un chat (dont on saura bien peu de choses).
Et voilà
notre vieux garçon qui va fat des rencontres étonnantes : un voisin âgé,
un savant lunatique, une belle femme mystérieuse… Il faut accepter de se laisser
embarquer par ce roman dans des situations assez improbables. Une fois ce pas
franchi, que de fraicheur, d’élégance et de sincérité dans ce texte !
La
conclusion, c’est qu’il me faut un chat (lien)
3°) Le quatrième mur, Sorj Chalandon
Il m’est
arrivé plein de choses inhabituelles ou étranges avec ce livre.
Lorsqu’il
est sorti, j’ai assisté à une présentation par Sorj Chalandon, lors d’une
soirée de l’association Paroles d’Encre. Interrogé par l’animateur, l’auteur a
hélas raconté toutes les anecdotes ou événements qu’il avait réellement vécus
et qui ont servi de matériau pour son roman. Si bien qu’en sortant de cette
soirée, j’ai eu l’impression de connaitre le livre par cœur, ou d’en savoir
beaucoup trop pour être surprise. Le livre acheté a donc été placé sur une
étagère, attendant que j’oublie suffisamment les récits entendus pour l’ouvrir avec
un esprit suffisamment « vierge ».
Ce moment
est arrivé il y a quelques semaines. J’ai commencé à le lire avec
gourmandise, prête à être éblouie. Malheureusement les débuts furent
difficiles. Une plongée dans les rébellions étudiantes des années 70, tendances
maoïstes ou extrême-gauche, ça ne m’intéressait pas. La violence,
l’intransigeance de cette époque sont trop loin de ce que je suis, et à ce
moment précis, je n’avais pas envie d’explorer cette période. Petit moment de
découragement… Mais il n’a été conseillé d’être patiente.
Excellent
conseil ! Car dès que le héros part pour Beyrouth, pour monter Antigone
dans un pays en guerre avec des acteurs issus de toutes les parties en
présence, ennemies les unes des autres, j’ai été happée…
C’est ainsi
que j’ai passé une heure absorbée dans ma lecture dans un avion. J’ai senti le
début de la descente, l’atterrissage approchait. D’habitude, je regarde le sol
à l’approche, je suis l’atterrissage parce que c’est une phase de vol qui me
fascine. Là, j’ai lu. Tout d’un coup, l’avion a frappé le sol, violemment, un choc qui a fait peur à tous les passagers. Et je n’avais rien vu de la descente,
j’avais uniquement avalé les phrases, les pages, les chapitres.
Pas de
meilleur moyen de vous dire que c’est un sacrément bon bouquin, que je vous recommande
chaudement !
4°) l’arbre de Guernica, Juan Antonio de
Blas
Sous-titré
« un polar en Euskadi », ce roman noir se passe pendant la période la
plus noire des luttes de l’ETA et autres factions qui revendiquaient
l’indépendance du Pays Basque. Cela m’a paru un point d’entrée intéressant.
Un ancien
détective privé se rend dans une petite ville basque pour y écrire un livre sur
les baleines. Sitôt arrivé, il est confronté à un meurtre en pleine rue, puis à
divers commandos ou groupuscules indépendantistes, et tout part en vrille… Ça c’est
le résumé officiel.
Voici le
mien : il fait la tournée des bars, il séduit deux femmes en moins de
temps qu’il n’en faut pour le dire, il explique mal la nature des groupuscules
et leurs liens éventuels (donc j’étais paumée) et tout ça finit, lorsque le
mystère se lève, par une banale histoire de grand banditisme.
Et je n’ai
pas accroché au style, trop narratif.
5°) Mémoires de Géronimo
Voici la présentation
de la quatrième de couverture :
En 1904 un
" inspecteur général de l'éducation " de Lawton (Oklahoma) recontre
un vieil indien, prisonnier de guerre et déporté, loin de son Arizona natal, à
Fort Sill où il terminait ses jours en cultivant des pastèques : il s'agissait
du célèbre chef apache Géronimo qui avait tenu en respect victorieusement, des
années durant, les meilleures troupes et les plus glorieux généraux des U.A.
Des liens se nouèrent entre eux, sinon d'amitié (vu la méfiance légitime de
l'Apache) du moins de respect mutuel. C'est ainsi que Géronimo accepta de
raconter sa vie à S.M. Barrett, ce qui nous permet de lire aujourd'hui ce
témoignage sur le génocide qui marqua la " conquête de l'Ouest ".
Après une
longue introduction rédigée par SM Barrett, qu’il faut absolument lire car elle
éclaire sur ses intentions et sur le contexte du recueil de ces mémoires,
Géronimo parle, en plusieurs chapitres :
- Les Apaches, qui détaille la culture et le mode de vie de sa tribu
- Les Mexicains, évocation de la vie de sa tribu, faite de raids vers des villages mexicains, avant que la guerre avec les blancs commence
- Les Hommes Blancs, au thème évident
- L’Ancien et le Nouveau, ou le guerrier évoque sa vie de prisonnier après sa reddition finale.
Fascinée par
les cultures amérindiennes, j’ai été heureuse, à travers ce livre, de lire le
point de vue « opposé ». Il est évident, au fil des pages, que si les
notions de courage, d’honneur, de responsabilité existaient dans les deux
camps, elles étaient perçues tellement différemment que… toute communication
semblait impossible.
Géronimo n’était
pas un tendre. Du moins dans nos façons de voir. Sa conception de la façon de
nourrir sa tribu par exemple, était basée sur le pillage ! Il n’en était
pas moins un homme avec des sentiments très vifs, mis à mal dès le début de sa
vie d‘homme quand sa femme et ses trois enfants furent massacrés par des
mexicains, avec de nombreux membres de sa tribu. C’était aussi, comme tout bon
guerrier Apache, un homme dur au mal, endurant, opiniâtre.
J’aimerais
livrer en conclusion une phrase glanée dans ce livre :
Nous sommes en train de disparaitre de cette terre et pourtant je ne peux pas croire que nous sommes inutiles. Sinon, Usen (Dieu) ne nous aurait pas créés. Il a créé toutes les tribus d’hommes et Il avait certainement un but pour chacune d’entre elles
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