Je pousse la porte. Enfin j’essaie, parce qu’elle est
bloquée. C’est étrange car c’est la porte de chez moi, ou personne ne m’attend
sauf le chat. C’est un grand chat chasseur, il est fortiche mon chat, mais pas
au point de bloquer une porte.
Vous auriez fait quoi à ma place ? Prendre vos jambes à
votre cou et appeler des flics au secours ? Bref, une réaction
normale ? Et ben non. Je commence par me dire « Mais qu’est-ce qu’il
a fabriqué ? » en pensant à mon homme de ménage qui est venu repasser
ce matin. Oubliant que s’il est sorti, il n’a pas pu bloquer la porte. On n’est
pas dans Le mystère de la chambre jaune, mais presque.
Et moi voilà introduisant ma main dans l’espace entre la
porte à peine entrebâillée et le chambranle, et poussant sur le meuble qui la
bloque. Petit à petit, j’arrive à déplacer cette commode, une bonne vieille
Billy de Ikéa qui m’accompagne depuis 20 ans. Enfin je peux me glisser dans
l’ouverture.
Là, je découvre un vrai chantier. Normal en fait, puisque
que l’appartement est en travaux. Nous sommes en train de refaire le séjour,
les meubles sont au milieu de la pièce, le papier arraché, des pots de
peintures et des rouleaux trainent partout. Observer cela fera naître un air de
doute sur le visage de l’enquêteur qui viendra chez moi le lendemain.
Ceci dit, il y a du bazar au milieu du bordel. Ou l’inverse.
Des indices d’un truc qui cloche. Des tiroirs ouverts. Je vais vers la chambre,
puisque j’ai entendu un bruit là-bas en entrant. Et oui, vous avez bien lu, je
vais vers ma chambre. Elle n’est pas en chantier. Mais c’est tout comme
maintenant. Le désordre est… immense, la fenêtre entrouverte. Mes voleurs ont
filé par là. Après avoir fouillé mes armoires, tout jeté au sol et pris les
bijoux.
Ils ne sont pas allés très loin dans les deux autres
chambres. Faut dire que sont entreposés là des cartons, des meubles démontés,
des lampes, des plantes, tout ce qui habite d’ordinaire mon séjour mais ne peut
pas y être pour cause de travaux. Sinon, ça aurait pu être pire.
Je vous passe les détails ensuite : dépôt de plainte,
visite des enquêteurs pour relever des empreintes inexistantes (mais on a
compris comment les voleurs sont entrés !), déclaration à l’assurance,
etc…
Aujourd’hui encore je repense à certains bijoux qui m’ont été
volés, à ceux qui avaient un sens à mes yeux. Et puis je regarde parfois les
quelques bracelets en argent qui restent. Et oui, ils n’ont pas tout pris.
J’ai mis deux ans à réaliser que le bruit, c’étaient mes
voleurs qui l’avaient fait en ouvrant la fenêtre quand eux m’ont entendu
pousser la porte. En fait j’ai failli me trouver face à eux. Je suis à la fois
inconsciente et dure de la comprenette. Un pareil retard à l’allumage, c’est
grave docteur ?
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