Lorsque j’étais étudiante, je fréquentais une librairie
ouverte la nuit.
Il faut dire que je sortais de quelques années difficiles en
ce qui concerne la littérature. Il y eu d’abord la période fin de collège et
lycée, ou l’étude des livres ne s’occupait jamais du plaisir de lecture. C’était
la grande époque des explications psychanalytiques (l’interprétation de Le puits et le pendule de Poe alors que
j’étais en 3ème, parfaitement ignorante des choses du sexe, m’a
quelque peu traumatisée), et des analyses de contexte, c’est-à-dire la vie de l’écrivain,
ses choix, ses déboires, tout ce qui pouvait « éclairer » le roman. Même
si cette notion de contexte correspondait à une réalité, j’ai gardé de cela la
profonde conviction qu’une œuvre doit se suffire à elle-même, que tout lecteur
doit pouvoir l’aborder sans aucune explication, et grâce à cela prendre plaisir à la lire en tout premier
lieu.
Ensuite vint la période classe préparatoire scientifique, ou
j’ai fait des maths et de la physique de la physique et des maths, et un peu de
chimie aussi. Bref, pas la meilleure époque pour se plonger dans un autre
domaine, quel qu’il soit.
En entrant en école d’ingénieur, j’ai pu habiter dans le 5ème
arrondissement de Paris et étudier
dans le 6ème. Et recommencer à lire. Quel bonheur ! Et donc
parfois, en sortant du cinéma, nous allions dans cette librairie du quartier de
la Huchette, qui ne vendait que des poches, et qui était ouverte jusqu’à
minuit. C’est dans cette boutique que j’ai commencé à fureter dans les
rayonnages, humant l’air, examinant les couvertures et leurs quatrièmes. Je
serais bien incapable de dire quels titres j’ai acheté pendant ces années-là
mais… C’est un chouette souvenir.
parmi ces livres, certains viennent de là. Lesquels ? |
En écrivant mon billet sur le tourisme bibliophile, j’ai
repensé à cette librairie.
Je passe de temps en temps dans le coin, quand je vais voir
les matchs de l’USAP dans un pub avec ma penya. J’ai profité d’une occasion
pour chercher l’endroit et aller à la rencontre de mes souvenirs… Elle a hélas
disparu. Il me faut donc garder bien au chaud l’image qui m’en reste : une
rue étroite et sombre, des étals devant la devanture couverts de livre, des
rayonnages plein de livres blancs, sans doute des Folio.
Je pense que je dois entre autres à cette librairie d’aimer
autant les livres, ma curiosité naturelle ayant dû faire le reste du travail.
Passant hier soir à la Huchette (l’USAP a perdu son 7ème
match depuis sa remontée en TOP 14), j’ai eu envie de rendre hommage à ce
magasin que j’ai beaucoup aimé : c’est chose faite
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