Je ne résiste donc pas au plaisir d'un rapide compte-rendu de lecture: des bonnes, des mauvaises, des réussites et des déceptions, bref la vie quoi... Voici donc un aperçu de mon millésime 2021 :-)
Terres brûlées, Eric Todenne
Un polar original, qui se déroule en Lorraine, entre aujourd’hui et des drames de la 2ème guerre mondiale, dans cette région ou la guerre fut parfois fratricide.
Bien sûr le flic est un personnage un peu convenu, cabossé, ne suivant pes les règles… Mais l’atmosphère et l’histoire m’ont séduite.
L’enfant de la prochaine aurore, Louise Erdrich
Un roman de « fin du monde », ou à la suite d’une catastrophe biologique, les espèces évolue à l’envers, donc régressent. Les femmes enceintes sont traquées et internées dans des hôpitaux dignes de prisons, par un état totalitaire. L’héroïne, jeune femme indienne adoptées par des blancs, tente de protéger sa grossesse et aussi de renouer avec ses origines.
Louise Erdrich est une grande romancière, et ce roman apocalyptique, ou rien ne sera épargné à l’héroïne, est très réussi. Un soupçon de La servante écarlate, de 1984 peut-être, bref des influences qui affleurent mais une œuvre à part entière, magistrale, dans laquelle la culture native american tient une place à part.
nota: cette fois-ci ce n'est pas une coïncidence (cf mon précédent billet), c'est un choix en sachant parfaitement en quoi ce livre résonne avec l'actualité !
Autour du monde, Laurent Mauvignier.
Une série de courts textes qui s’enchainent subtilement, racontant des personnes ordinaires dans des moments ordinaires sauf que… ce moment est celui de la catastrophe de Fukushima au Japon. Ces saynètes interrogent le sens de la mondialisation actuelle, les humains qui se déplacent au gré de leurs caprices à travers le monde sont-ils loin ou près d’eux-mêmes et des autres ? Qui sont-ils au fond ? Le regard que l’auteur pose sur leurs minuscules existences est celui d’un romancier qui s’investit dans ses personnages, leur donne chair et vie, mais pose clairement la question du sens de notre façon de vivre. Un roman qui prend un sens particulier quand nous subissons une pandémie qui nous a obligés à nous éloigner les uns des autres.
J’ai mal à mon rugby, Olivier Magne
Je voulais comprendre pourquoi j’ai du mal avec le rugby moderne, Olivier Magne a su mettre des mots sur ce qui me chiffonnait et remonter à la source de la dérive. Bref, une lecture pas littéraire mais qui m’a bien plu.
Komodo, David Vann
Une femme épuisée par ses deux jumeaux et ne recevant aucun soutien de son mari retrouve sa mère et son frère dans l’île de Komodo pour une semaine de plongée ou tout va déraper.
Je n’ai pas réussi à comprendre ou à éprouver la moindre empathie pour cette femme et sa dérive, qui va l’amener à gestes extrêmes. Bien en dessous de Sukkwan Island d’un point de vue littéraire et du point de vue de l’histoire racontée
Le Grand Meaulnes, Alain-Fournier
Je ne sais pourquoi il me trottait dans la tête depuis longtemps de relire ce roman… Quel plaisir de lecture ! Encore un de ces romans qu’on fait lire à des adolescent, à qui il doit très certainement parler, mais qu’il faudrait aussi lire à l’âge adulte, quand toutes les merveilles littéraires qui y sont incluses vous sautent aux yeux !
Par contre, je déteste ces éditions avec des notes indiquant que le nom de lieu machin fait référence à tel endroit de l’enfance de l’auteur, un roman doit pouvoir se lire pour lui-même, sans indications de ce genre.
Le jour d’avant, Sorj Chalandon
Histoire prenante que celle de cet homme qui veut venger la mort de son frère à la mine, et le suicide de son père qui a suivi. Avec une construction très progressive, ou la vérité se fait jour très lentement, à pas comptés. J’ai aimé ce roman, même s’il n’est pas un des plus forts de l’auteur et même si sa fin me semble tourner un peu court.
Trois, Valérie Perrin
Trois enfants pris dans une amitié fusionnelle au point que rien n’existe autour d’eux, devenus trois adultes que la vie a séparés sans qu’ils aient vraiment compris pourquoi. Une voiture trouvée au fond d’un lac, avec un cadavre à l’intérieur, va raviver des souvenirs enfouis.
Ce qui m’avait plus dans les 2 précédents romans de l’autrice, c’était la force de vie incroyable des personnages principaux, leur générosité malgré les malheurs, et une certaine légèreté dans leur façon de vivre. Rien de tout ça ici, les trois héros se sont abimés dans une certaine forme de médiocrité qui ne les rend pas sympathiques. Par contre, le récit est très bien conçu, ne faisant émerger les souvenirs ou les événements que lentement, laissant le lecteur en haleine. Bref, un bon moment de lecture mais aussi exceptionnel que les deux premières œuvres.
Chandelles noires, John Le Carré
Je ne suis pas fan de Le Carré, les romans d’espionnages ce n’est pas mon truc. Mais ici, mon homme m’a dit qu’il s’agissait d’un polar plus classique avec une ambiance à la Agatha Christie. Il avait raison ! La femme d’un professeur de collège privé britannique est assassinée, et nous voilà plongés dans un de ces milieux corsetés dont l’Angleterre a le secret, pour suivre une sacrée bonne enquête.
Vous plaisantez Monsieur Tanner, Jean-Paul Dubois
Ou le récit des malheurs d’un homme qui fait restaure une vielle maison, confrontés à des artisans un peu escrocs, peu compétents, etc…
Je n’ai pas beaucoup accroché car j’ai du mal à comprendre qu’on puisse systématiquement se foutre dans de telles emmerdes, systématiquement faire les plus mauvais choix, sans jamais arriver à se dire qu’on doit changer quelque chose.
Le grand roman des maths, Mickaël Launay
Formidable ! L’auteur raconte pourquoi est né le comptage (savoir le nombre d’animaux dans un troupeau), pourquoi est née la géométrie (retrouver les limites des champs de chacun après les crues du Nil), puis en termes très simple comment est née l’abstraction, et enfin la genèse des maths d’aujourd’hui. Tout ceci expliqué dans l’idée de montrer que tout le monde sait faire des maths ! pour finir, M. Launay nous parle de la beauté des maths, que j’ai rencontrée modestement lorsque j’étais en prépa et qui m’a toujours épatée.
Terra Alta, Javier Cercas
J’avais dit que je ne lirais plus Cercas, depuis sa sortie sur les prisonniers politiques catalans. ET puis j’ai lu des critiques élogieuses de ce roman, alors je me suis laissé tenter… Hélas ! Une intrigue mollassonne, un roman policier bien ordinaire, sans ressort, sur fond d’attentats islamistes à Barcelone et de résurgence de souvenirs maudits de la guerre civile (Terra Alta est dans la vallée de l’Ebre ou s’est déroulé une bataille tragique de cette guerre). L’auteur y étale aussi ses convictions quand il mentionne le référendum d’indépendance du 1er octobre 2017, qualifié d’illégal (je ne partage pas cet avis, mais je ne vais pas expliquer pourquoi ici)
Mal écrit, bourré de clichés, ce roman signe mon divorce définitif avec Cercas.
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