lundi 28 mars 2022

Février 2022, lu et aimé... ou pas


Nous sommes fin mars, il est donc temps que je vous parle de mes lectures de février, non ? Ce mois-ci encore de belles rencontres littéraires avec des auteurs et autrices que je connaissais pas, et une déception avec un que je connais et apprécie. Bref, la vue normale d'une lectrice...

Climax, Thomas B. Reverdy

Permettez-moi de céder à la facilité et de vous renvoyer vers la 4ème de couverture pour le résumé

Des descriptions d’une grande poésie, une histoire implacable et qui serre le cœur, malheureusement parfois des phrases trop longues, inutilement compliquées, et des chapitres trop professoraux sur le dérèglement climatique et la faune du Nord.

Cependant une lecture que j’ai beaucoup aimée, qui met en mots humain les mots scientifiques, qui rend palpable le terrible risque d’effondrement de la planète sous l’acharnement criminel du capitalisme et de nous tous qui laissons un peu trop faire.

Dans la forêt, Jean Hegland

Une fin du monde, deux jeunes femmes restent seules dans la maison familiale, isolée dans la forêt. A cause de cet isolement, elles ignorent ce qu’il advient des autres, de la civilisation, du monde. Rapidement elles cherchent à s’organiser pour survivre, tiraillées entre le besoin d’une vie comme avant et la crainte d’une autre vie qui se profile. La forêt qui les enveloppe va jouer un rôle important dans cette réinvention de leurs vies.

Un roman de fin du monde au féminin, tant par l’autrice que par les personnages, voilà qui m’intéressait. En plus, ce roman est publié aux éditions Gallmeister, gage de qualité ! Je n’ai pas été déçue ! La jeunesse des héroïnes les rendant assez naïves, elles ont du mal à comprendre que rien ne redeviendra comme avant. Il faudra quelques événements tragiques pour qu’enfin elles cherchent à s’adapter. Les souvenirs de la narratrice ponctuent le récit, et montrent bien à quel point elle était encore une adulte en devenir, et donc à quel point la situation la dépasse.

Une belle écriture, et un roman réussi, que je recommande !

L’homme sans ombre, Joyce Carol Oates

Une jeune chercheuse en neurologie rencontre un homme de 37 ans qui, à la suite d’une maladie, a perdu la mémoire immédiate, et ne peut se rappeler que les 70 dernières secondes. Il deviendra un sujet d’études pour elle, sous la direction du directeur du laboratoire mémoire, et assez vite plus qu’un sujet d’études. Cet homme semble hanté par un souvenir d’enfance traumatisant, mais impossible pour lui de s’en souvenir ! Qui est cet homme aujourd’hui, n’ayant plus que des souvenirs datant d’avant sa maladie ?

Si la question de l’identité d’un homme sans mémoire est intéressante, le personnage principal, cette chercheuse, est très agaçant : d’une naïveté confondante dans ses rapports, y compris sexuels, avec son directeur, et tordant sans cesse la morale et l’éthique pour aller plus loin dans sa relation avec son sujet de recherche. Mentant sans arrêt à elle-même, annihilant sa vie pour lui. Bref, le genre de personnage auquel je n’accroche pas.

Le poids des héros, David Sala

Dans ce roman graphique, David Sala raconte son enfance et comment il est devenu adulte dans une famille ou les deux grands-pères ont été combattants de la Guerre d’Espagne, et l’un des deux, résistant, sera interné au camp de Mauthausen, ou il passera tout près de la mort. Le titre l’indique : il montre combien il est difficile de s’affranchir du poids de ces figures tutélaires, et de devenir qui il est, comme nous l’a proposé Nietzsche. 

Le dessin, très coloré, reconstitue à merveille l’ambiance des années 70 ou il a grandi, tout comme il montre la dureté des époques vécues par ses aïeux. Il y plane dans le visage ou le regard de l’enfant qu’il fut une mélancolie qui ne s’atténue que lors des parties de vélos avec des copains.

J’accroche moins à la fin, ou il (re)découvre le devoir de transmission envers ses propres enfants, car il me semble qu’ainsi il fait peser le même poids sur eux, choix que je trouve surprenant. Ce qui l'a rendu mélancolique, il va l'imposer à la génération suivante.

Crénom Baudelaire, Jean Teulé.

Une biographie de Baudelaire par Teulé, c’était tentant ! J’y ai découvert stupéfaite quel horrible type était ce poète, avec des circonstances atténuantes liées à la « trahison » de sa mère. Mais j’ai surtout été déçue par l’auteur, qui a perdu sa verve en racontant ce personnage.

Autant Je, Villon, Charly 9 ou le magasin des suicides avaient un côté jubilatoire dans la façon dont Teulé raconte la vie, autant ici il semble un peu écrasé par son sujet, par sa pesanteur et son orgueil.

Cela dit, j’ai appris plein de choses !

 

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