Bon, faut bien l'avouer je suis en retard. Très en retard. Je me l'étais pourtant promis juré: un post par mois, résumant mes lectures du mois précédent. J'ai tenu un peu, jusqu'à mai. Puis, paf ! Relâchement de l'effort. Je sais bien, ma promesse personnelle ressemble à une résolution du nouvel an. Ce n'est pas faux d'ailleurs. Mais là, il me semble qu'il est temps de rattraper le temps perdu, si c'est possible. Voici donc, au milieu de l'automne, le bilan de mes lectures de l'été. Mais sachez chers mais lecteurs, que je ne partage pas le concept de "roman d'été", "lecture de plage" ou que sais-je. L'été, j'ai du temps et donc je lis aussi, voire surtout, des livres un peu exigeants. Vous pouvez donc piocher sans a-priori dans ma liste, si par hasard vous n'avez pas lu ces romans !
Moi Tituba sorcière, Maryse Condé
Depuis qu’elle a reçu le Nobel alternatif en 2018 (https://www.lefigaro.fr/livres/2018/10/12/03005-20181012ARTFIG00211-maryse-conde-remporte-le-prix-nobel-de-litterature-alternatif.php), j’avais une grande envie de lire cette autrice. Le hasard d’un poche trouvé en chinant dans une librairie a fait le reste. Ce roman imagine la vie d’une personne ayant réellement existé, Tituba, esclave d’un pasteur de la ville de Salem et mêlée à l’affaire des sorcières de Salem.
Un roman dense, imprégné d’une culture qu’on pourrait qualifier (par incompréhension) de superstitieuse, des personnages profonds, la description de conditions d’esclavage épouvantables, une écriture qui vous prend et ne vous lâche plus, il y a dans ce texte tous les ingrédients d’un grand livre.
Dernier restaurant avant la fin du monde, Douglas Adams
C’est le tome du Guide du voyageur galactique, toujours jouissif, pour ceux quiu aiment l’humour anglais ! Perso j’accroche à fond.
D’un monde à l’autre, Frédéric Lenoir et Nicolas Hulot
Pas forcément un grand moment de littérature mais j’ai envie de m’arrêter un peu sur cet essai : une discussion entre Lenoir et Hulot, au sujet du monde et de l’urgence climatique. Publié en 2020, imprégné de ce que les confinements nous ont fait subir, ce livre propose des réflexions intéressantes et… beaucoup de réflexions déjà datées ! Qu’il s’agisse de l’espoir placé dans les politiques, qui n’ont à ce jour pas fait la démonstration d’une réelle prise de conscience, de la difficulté à concilier écologie et lutte contre la pauvreté, ou de la réalité de l’urgence, les 2 années passées, avec des été caniculaires et des sécheresses terribles, avec la guerre en Ukraine et ses conséquences, ont rendu leur discussion un peu obsolète. Et cela m’a attristée.
Connemara Nicolas Mathieu
On ne va pas se mentir, je suis une fan de Nicolas Mathieu. J’ai lu Connemara presque dans un unique souffle, dans un unique élan. Trop besoin de savoir ce que ces personnages en quête d’eux-mêmes vont faire, dire, là ou ils vont échouer et là où ils vont réussir. Les illusions perdues aurait pu être un bon titre pour ce roman. On retrouve l’écriture subtile de l’auteur, qui s’adapte au(x) personnage(s) présents dans la scène, qui traite les « petits » aussi bien que les « grands ». Un formidable moment de lecture !
J’irai cracher sur vos tombes, Boris Vian
De Vian je n’avais lu que l’écule des jours, au lycée, et je n’y avais rien compris. J’étais curieuse d’en connaître un peu plus de lui et… quel choc ! Dans ce roman très noir, un métis à la peau blanche se venge en détruisant des blancs du lynchage de son frère. C’est d’une violence inouïe (pourrait-on d’ailleurs encore écrire ces scènes de viol aujourd’hui ?), implacable, et pourtant… on se prend à comprendre le désespoir et la haine du héros. On ne peut pas sortir indemne de ce roman.
Nom, Constance Debré
L’autrice est née dans une famille avec un sacré poids ! Un père journaliste (presque le raté de la tribu), un grand-père ministre de De Gaulle (et un autre ministre à Vichy puis résistant), deux oncles ministres, des médecins en pagaille, tout cela a de quoi vous écraser ! Et elle étouffe ! De plus, il y a bien d’autres aspects étranges dans sa famille. Ce récit est celui d’une quête d’identité, comment devenir soi quand tout le monde vous assigne à être ceci ou cela. Et pour Constance Debré, c’est passé par des choix radicaux, une vie qui est devenue marginale, une remise en cause totale. Elle balance toute cette histoire dans Nom, avec un sens de la provocation bien maîtrisée, et une écriture qui a l’air d’être « comme on parle » mais qui parait être très travaillée.
L’espion qui venait du livre, Luc Chomarat
Un espion de romans, macho, raciste, beau mâle blanc, hybride de OSS117 et de James Bond, se trouve un jour face à … son éditeur, qui tente de lui expliquer que le livre a changé, que les lecteurs attendent autre chose et que… lui aussi devrait changer. Une sorte de pastiche avec des moments totalement absurdes ou l’espion, simple personnage de roman, parle avec son auteur ou avec son éditeur, refusant obstinément de se remettre en cause, et poussant ses interlocuteurs à leurs limites… S’il y a quelques faiblesses par moment, c’est rigolo, caustique, inhabituel et j’ai bien aimé me changer les idées avec ce roman.
La félicité du loup, Paolo Cognetti
Quelques saisons en montagne, dans une petite station de ski. Un homme dans la quarantaine, une jeune femme, tous deux dans un temps suspendu de leurs vies, vont vivre une histoire d’amour intense dans un univers de montagne avec sa rudesse, sa beauté, son attirance et ses dangers, son absence de pitié. Un roman intense, ou les hommes se confrontent à la montagne qu’ils aiment et respecte, et se confrontent à eux-mêmes.
Le liseur du 6h27, Jean-Paul Didierlaurent
Le pilon, j’en avais entendu parler, mais le voir décrit ainsi, comme un animal doué d’intentions, dévoreur de livres, m’a impressionnée. Heureusement il y a Guylain Vignolles, qui lit à voix haute des pages dans son train du matin, le 6h27. Et ses groupies, des personnes qui montent dans son wagon pour l’écouter. Et ces textes qui le troublent, écrit par une femme, dame-pipi, qui décrit sa vie dans un journal avec un sensibilité qui émeut notre héros. Il va se lancer dans une quête improbable, aidé par des personnages secondaires attachants, très réussis.
Paru en 2014, j’avais beaucoup entendu parler de ce livre, mais il a fallu 8 ans pour que je le lise enfin. Je ne sais pas pourquoi, bien sûr. Peu importe, j’ai beaucoup aimé cette lecture, vibré avec Guylain Vignolles, souri à ses succès, eu le cœur pincé de ses échecs, bref je me suis prêtée au jeu !
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