mardi 24 avril 2012

Prêter les livres ou pas ?

Un ami m’a prêté un livre. Le geste était généreux : il s’agit d’un roman qu’il aime beaucoup, qu’il a prêté de nombreuses fois, dans une idée de partage. J’ai été touchée de faire partie de ce groupe de proches dignes d’un prêt.

Je ne prête pas mes livres. Quand je l’ai fait, ils ne sont pas revenus, ou ils sont revenus abimés, et je n’aime pas ça. Les couvertures cornées, les taches de crème solaire ou autre, les pages qui se détachent, je trouve cela négligé.

Le livre prêté, la solitude est un cercueil de verre de Ray Bradbury, date de 1986, il a bien vécu. Il n’a pas de taches, mais quand je l’ai reçu, les pages étaient cornées, et la sur-couverture usée. J’ai commencé à le lire en le tenant avec précaution. Puis je l’ai emmené dans le train, un jour ou j’allais à Paris. Ce jour-là, petit à petit, le rabat de la sur-couverture s’est détaché. J’étais catastrophée.

D’autant que le livre est très bon, un polar qui se passe à Venice dans les années 40, une description très poétique d’une ville industrielle envahie par la brume, des personnages délicieusement décalés, une intrigue mystérieuse à souhait…




J’appelle mon ami, je lui annonce l’estomac noué la mauvaise nouvelle. Et voilà qu’il me répond « mais ce n’est pas grave, on va mettre un peu de scotch, moi j’aime quand les livres ont vécu et que ça se voit ». Pfff ! Je soufflais, tout en réalisant que de mon côté je suis un peu rigide sur la question : inenvisageable que mes livres souffrent !

J’ai dans la bibliothèque un exemplaire en poche de Le comte de Monte-Cristo, d’Alexandre Dumas, que j’ai lu trois fois. Ce roman me passionne. La dignité d’Edmond Dantès, sa vengeance implacable, le fantastique personnage de l’abbé Faria, le retour des sentiments dans le cœur glacé du Comte… Mais j’ai peur de le relire. Les pages se détachent, et si je l’ouvre de nouvelles pages vont se détacher. Elles tombent pendant la lecture, il faut ensuite les reclasser…



Alors, je vous pose la question : suis-je trop soigneuse ou mon ami trop négligeant ? Prêtez-vous vos livres, aimez-vous qu’ils vivent ou les classez-vous dans votre bibliothèque pour ne plus les en sortir et ne pas les détériorer ?

Dites-moi tout, et n’hésitez pas à me dire si j’ai besoin d’un psy pour apprendre à lâcher sur le vieillissement de mes bouquins :-)

7 commentaires:

  1. Mes livres circulent avec plaisir dans la famille et chez les amis et je n'ai jamais eu de mauvaise surprise... En revanche je déteste que l'on me prête des livres, j'ai tellement peur d'abîmer ! Je le lis religieusement, j'hésite toujours à prendre une photo avant pour être sûre de le rendre "en état". Alors qu'avec mes propres livres je suis très soigneuse, mais beaucoup plus laxiste ;)

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  2. Hi Hi si délicieux d'échanger nos mots et nos maux !
    J'admire ton ami détaché du contenant et partageant le contenu ; Valérie comme toi j'aime conserver dans le meilleur état mes livres chéris , de plus si décoratifs dans ma bibli :)Aimant les arbres je suis maintenant pratiquant-recyclant et achète mes livres d'occasion cornus-tachés !( Si Platon savait que sa cote Price Minister est à 50 centimes !!).
    Conclusion : pas besoin de psy...pour les couvertures des
    livres ; mais pour libérer inspiration et créativité ?
    Corollaire : vive les mots , d'autant que depuis ce midi ce
    sont deux chiffres qui font saigner mon etre.

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  3. Pour moi, un livre est un objet précieux. C'est la connaissance ou la transmission de la pensée.
    À ce titre, j'ai un vrai respect des livres. Je n'aime pas qu'ils soient abîmés, et je répare à l'infini ceux victimes de leur grand âge .

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  4. Par contre, pour moi, le prêt est un acte d'amitié, de confiance, et l'avantage de pouvoir partager des idées . Alors, prêtons des livres à des gens respectueux....
    Il m'est arrivé de racheter un livre, qui m'avait été prête et que j'avais abîme.

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  5. Bonjour !

    Plein de messages sur twitter, qui tournent tous autour de la même notion: Je ne prête plus mes livres, sinon ils reviennent abimés, voire ils ne reviennent plus.

    100% d'accord avec vous les amis !

    J'ai beaucoup aimé le témoignage d'@lvir (qui vous a régalé d'un des épisodes du #chêneadolescent): elle ne rend pas les livres car ils sont chargés du souvenirs des amis chez qui elle pille les bibliothèques ! Elle a aussi des livres qui lui rappellent des amis disparus...

    Nous avons donc tous une relation sentimentale avec nos livres: certains dans le partage comme mon ami, certains dans le fait de les conserver parce qu'on les aime, certains parce qu'ils sont un souvenir de ceux dont ils proviennent...

    Et j'ai acquis une certitude: il y a une vraie relation avec le livre-objet !

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  6. j 'ai un rapport possessif voir égoïste avec mes livres préférés. Mais j'ai du mal à dire non lorsque quelqu'un me demande de lui prêter. Alors je prête dans la souffrance et j'attends qu'on me le rende sans avoir à réclamer, parce que je déteste réclamer. J'estime que ce n'est pas normal que ça soit à celui qui prête d'être obligé de réclamer son bien. C'est un manque de respect ! Moi j'essaye de rendre les choses qu'on me prête dans un délai raisonnable. Voila, suis je trop égoïste ?

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    1. Cher Anonyme (que j'aimerais vous connaitre au moins sous un pseudo à défaut d'un nom !)il me semble qu'il n'y a en la matière pas de règles.
      On a le droit de tenir à ses livres et d'être en même temps très poli et ne pas réclamer le retour.
      Mais songez qu'ainsi, c'est à vous plus qu'à votre obligé que vous faites du mal !
      Alors pour les livres auxquels vous tenez beaucoup,osez, réclamez :-)

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