J’ai eu la chance récemment d’être invitée par Babelio (cliquez pour découvrir le site) à une rencontre avec Jérémie Guez, jeune écrivain, pour son quatrième roman : Le dernier tigre rouge. Je reviendrai sur cette rencontre dès que
mon emploi du temps surchargé (vacances !) m’en laissera le temps. Je
souhaite simplement ici parler du roman.
Il débute à Saigon en 1946 et se termine à quelques kilomètres de là, à
Cap Saint-Jacques, en 1954 : une arrivée, un départ. Entre mes deux :
la guerre d’Indochine, et une trajectoire individuelle, celle de Charles
Bareuil, engagé dans la légion étrangère pour des raisons très personnelles. Il
croisera des hommes qui deviendront des amis, et un qui restera son ennemi. Il croisera
une femme aussi, et avec elle peut-être un bout d’avenir ?
Je l’avoue tout net : je me suis engagée dans cette lecture avec
méfiance. Avec un univers comme la Légion, je craignais des personnages tout d’une
pièce, des blocs rigides. Jérémie Guez insuffle à ses personnages des fêlures,
des doutes, des passés qui leur donne de la chair. Même s’il peine un peu à
nous faire partager leurs sentiments, le lecteur se laisse assez vite happer
par les évènements, les longs moments d’attente, les marches, tout ce quotidien
de la vie de soldat que, personnellement, je connais mal.
Dans un roman historique, bien sûr la petite histoire côtoie la Grande.
Une des forces de ce livre est de donner, sans en avoir l’air, une vraie leçon
d’histoire sur cette guerre méconnue. Vue des Viets, vue des français, vue des
chinois aussi. Sur ce plan j’ai beaucoup appris. Jérémie Guez s’est beaucoup
documenté pour écrire ce texte, et pas besoin de le rencontrer pour s’en douter
tant son œuvre fourmille de descriptions et de détails qui font qu’on y est,
dans l’Indochine de l’immédiat après-guerre, aussi bien le lieu que l’époque.
Enfin, l’auteur distille savamment tout au long du roman les détails
qui permettront de lever le voile sur le passé des personnages, et de les
comprendre un peu mieux.
S’il manque encore à ce jeune romancier un peu de souffle romanesque,
il a de l’imagination, une ampleur narrative, une vraie capacité à camper des
personnages. Quelques phrases d’une grande poésie habitent le livre, le point-virgule (signe de ponctuation qui
tombe en désuétude) est employé avec une réelle habileté, les scènes de combat
sont racontés sans tomber dans le spectaculaire cher aux auteurs qui louchent
trop vers le cinéma. Bref, de réels atouts. Jérémie Guez a confié l’envie de
faire de Bareuil une sorte de personnage récurrent, il ne reste plus qu’à lui donner un peu plus
de corps, qu’à laisser parfois le
lecteur entrer dans sa tête, et alors il tiendra sans doute un très bon livre.
Compte-rendu de Babelio sur cette rencontre (avec une photo de l'auteur de ces lignes !): ici
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire