Pendant longtemps j'ai été
réfractaire à la féminisation des intitulés de profession. Ingénieur de
formation, j’étais fière de pratiquer un métier d’homme, et de l’intégrer dans
un monde d’hommes. J’étais donc ingénieur, pas ingénieure.
Mais il n’y a que les imbéciles
qui ne changent pas d’avis. Il n’y a pas de métiers d’hommes et de métiers de
femmes, il y a des métiers. Tout le monde peut les exercer, c’est d’abord une
question de formation, pas de sexe. Donc, je suis une femme qui exerce le
métier d’ingénieur. Je suis une ingénieure.
L'écriture inclusive avec des
« . » je la trouve moche. Le point est fait pour séparer des phrases,
sa présence à l’intérieur d’un mot heurte les yeux, ce qui ne serait pas très
grave si en plus cela n’était pas préjudiciable à la fluidité de la lecture.
Dans une époque où on se plaint que beaucoup d’enfants, et d’adultes qui furent
enfants, savent mal voire pas lire, c’est un souci.
Mais il reste pour moi une
réalité : dire aux enfants "le masculin l'emporte sur le féminin" a
une influence sur la façon dont ils se représentent les relations hommes /
femmes. La règle exprimée de cette façon contribue à leur faire croire qu’un
garçon, c’est plus qu’une fille. Il existe plusieurs possibilités
alternatives : la règle de proximité, la règle de majorité… Mais il serait
vraiment dommage de laisser chaque enseignant ou enseignante choisir la règle
mise en application. Il est donc urgent que le débat s’ouvre ! Et si
possible de façon plus constructive que l’intervention de l’Académie
Française : parler de « péril mortel » pour une langue, quelle
ineptie ! Pour deux raisons : il s’agit d’abord de remettre en
vigueur des règles ayant déjà existé ; une langue qui n’évolue pas avec
son temps risque plus de mourir qu’une langue qui s ‘adapte. Bernard Pivot a aussi écrit quelques tweets
regrettables pour un homme qui a autant d’esprit:
La question n’est pas que la
formule soit flatteuse, mais qu’elle soit respectueuse du genre de la personne
qui en est le sujet.
Sur le long terme, la grammaire
inclusive est donc certainement une bonne chose. Il est clair qu'il faudra
quelques générations avant que les effets se fassent sentir. Mais cela ne
signifie pas pour autant que ce combat d’en vaut pas la peine ! Tout ce
qui passe par l’éducation a plus d’efficacité sur la société que la répression
d’actes sexistes, même si cette répression est absolument nécessaire.
J'ai donc décidé dorénavant
d'essayer d'écrire ainsi, mais sans les "." Par exemple, au lieu de
"tou.t.es les invité.e.s," j'écrirai "toutes les personnes
invitées". Toutes mes excuses par avance si des fois je me plante !
Et j’espère que le ministre de l’éducation
va s’emparer un peu mieux de la question, afin que, dans les écoles, tous nos
enfants reçoivent le même enseignement !
Penser aussi à des pronoms personnels neutres comme dans certaines langues nordiques... Pour ma part, j'utilise l'écriture inclusive et je préfère le . au - que je trouvais plus séparateur. Pour les métiers, il reste beaucoup à faire sur les clichés ; Le Parisien parlait récemment d'un service dans ma bibliothèque et il était écrit qu'on était accueilli par "une bibliothécaire" alors que ce service est le plus souvent rendu par un bibliothécaire. Il vaut mieux en rire qu'en pleurer, comme disait ma grand-mère.
RépondreSupprimerJ'utilise l'écriture inclusive depuis quelques années dans mes écrits professionnels avec une méthode sans doute personnelle : les parenthèses ; pour l'exemple : un(e) écrivain(e)... ça reste, néanmoins, difficile à lire, je le conçois.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec vous. En effet "le masculin l'emporte sur le féminin" a une influence sur la façon dont nous nous représentons les relations hommes / femmes. Comme vous, j'étais réfractaire, puis j'ai changé d'avis. J'ai aussi une formation scientifique (mathématicienne) et j'ai beaucoup évolué dans des milieux d'hommes sans que cela me gêne. Je crois même que j'ai choisi cette voie car autour de moi les scientifiques hommes prenaient des décisions, les littéraires femmes étaient dirigées...Donc cela a peut-être eu une influence sur mon choix dans mes études.
RépondreSupprimerMerci Rita pour votre témoignage !
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