vendredi 8 janvier 2021

Barcelone, ville littéraire (2/2)

 

Barcelone ville littéraire 1 : ici

 


 

La ville a continué à vivre et à changer après 1929, et si elle fut durement meurtrie par les années de guerre civile, la littérature fait un saut dans le temps et nous emmène dans les années d’après-guerre, quarante et cinquante. Les romanciers nous décrivent alors une cité sombre, grise, oppressante et oppressée. La vie y est dure, surtout quand on a été « rouge » (ainsi que les franquistes désignent toute personne ayant combattu dans le camp dit républicain), ou quand un parent l’a été. La plupart des romans sont imprégnés par l’absence, le deuil, le poids d’une société bien-pensante.

Juan Marsé est sans doute celui qui décrit le mieux Barcelone, lui qui en a fait le lieu d’une grande partie de ses œuvres (peut-être toutes, mais je ne peux l’affirmer avec certitude. S’il faut ne lire qu’un seul de ses romans, c’est sans doute

Calligraphie des rêves

J’avais longuement évoqué ce livre exceptionnel dans le compte-rendu de mes lectures de l’été 2013, ici.

Barcelone est ici plus qu’un cadre, c’est sans doute le seul espace possible pour la chronique « plus amère que douce » d’un quartier de la ville, selon l’expression utilisée sur le site www.biblioblog.fr,

Vous trouverez quelques extraits dans la rubrique Petit bonheurs de lecture, en cliquant sur ce lien.

A la même époque, Carlos Ruiz Zafon vous emmène au Cimetière des Livres Oubliés, dans

L’ombre du vent

Voici une présentation du livre dans laquelle je me retrouve : lien

Vous l’aurez compris, il s’agit encore un roman d’apprentissage dans la ville grise qu’est alors Barcelone, cette-fois-ci autour des livres et du mystère, à des lieues d’une certaine forme de réalisme social qu’on trouve chez Marsé.

Ici le lecteur est plongé dans la Barcelone gothique, qui vit, respire, souffre et punit. On retrouve là une atmosphère qui rappelle celle du Barcelone de Daniel Sanchez Pardos, ou de Le huitième livre de Vésale de Jordi Llobregat. Brouillard (eh oui, Barcelone n’est pas la ville du soleil, surtout en hiver), lieux énigmatiques voire effrayants, tout dans cette ville est chargé de l’ambiance lourde des années d’après-guerre sur laquelle pèse en plus tout le poids de l’histoire de la cité.

L’immense succès de ce roman a engendré la création d’une visite de la ville sur les lieux évoqués dans le livre, avis aux amateurs de balades littéraires (lien)

Si je conseille vivement L’ombre du vent, qui se suffit à lui-même, il me semble que le lecteur pourra bien aisément se passer des tomes 2 (le saut de l’ange) et 3 (le prisonnier du ciel), qui ne sont pas du tout à la hauteur du premier opus.

Barcelone comme le reste de l’Espagne a pansé ses plaies et continué à vivre, offrant à d’autres romanciers un cadre à des œuvres d’un genre différent. Passons donc à la Barcelone moderne !

Pepe Carvalho, Manuel Vásquez Montalbán

Pepe Carvalho n’est pas le nom d’un roman mais celui d’un personnage récurrent de Montalbán, détective privé et gastronome barcelonais. Ses enquêtes lui font arpenter toute la ville, et en suivant ses pas on découvre la Barcelone des années 70, 80 et suivantes, dans une société qui est enfin libérée du poids de la dictature, ou l’on retrouve une vraie joie de vivre (enfin la société parce que Pepe, c’est une autre histoire…)

Je vous l’avoue bien volontiers je ne suis pas fan de ce personnage et des romans associés. Mais on ne peut pas faire un tour littéraire honnête de Barcelone à travers les âges sans l’évoquer. A conseiller tout particulièrement aux gourmets car Pepe Carvalho est souvent aux fourneaux et mitonne des plats qui semblent succulents ! Mais il a une habitude que je réprouve : tout bon repas à préparer commence par un livre à brûler…

Confiteor, Jaume Cabré

Ce roman m’a tant éblouie que je me suis toujours sentie incapable de le résumer ou d’en rendre compte avec justesse. Je m’en remets donc au blog La Cause Littéraire, qui en parle si bien, ici

Soyons honnêtes : je vous annonce la Barcelone moderne, ce qui est le cas puisque le narrateur parle à la fin de sa vie, dans les années 2000, mais en réalité, Cabré nous emmène dans de multiples lieux et époques, entremêlant les fils des différentes histoires pour toujours revenir… à Barcelone. C’est ici la ville matrice, celle qui aurait pu façonner le héros enfant, dans une ville ou l’après-guerre est encore présente, si ses choix d’amitié et ses études loin de Barcelone ne lui avaient pas  permis de donner une autre direction à sa vie.

Jaume Cabré, écrivain couvert de prix littéraires, n’est pas aussi connu en France qu’il le mériterait, lui dont l’écriture est extrêmement inventive, avec des récits juxtaposant les époques avec art (Les voix du Pamano) ou avec des nouvelles polyphoniques (Voyages d’hiver). Je ne saurais trop conseiller au lecteur curieux de découvrir des voix littéraires différentes, qui renouvellent le genre du roman sans le dénaturer, de se tourner vers Jaume Cabré.

J’ai fini ici de passer en revue la Barcelone littéraire, du moins ce que j’en connais. Toutes mes excuses chers lecteurs si j’ai oublié des œuvres importantes, n’hésitez pas à me le signaler !

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