J’ai une tendresse particulière pour les cairns, ces tas de cailloux
qui balisent certains sentiers, remplaçant avantageusement des traits de
peinture. Pour un tas de raisons.
D’abord, parce qu’ils me rappellent les livres de Frison-Roche
qui se déroulent au Sahara, à travers lesquels je les ai découverts. Mais pas du
tout me diront les spécialistes, dans ces
livres-là l’auteur parlent de redjem, pas de cairns. Et bien j’insiste. Quand l’ai
lu La montagne aux écritures, je ne
savais pas ce qu’était un redjem. J’ai
demandé à mon père qui a eu cette réponse lumineuse : « c’est un cairn ».
Et bien je vous l’avoue, je ne me suis pas sentie éclairée. Je ne savais pas ce qu’était un cairn. Bon…
Ensuite, le cairn est pour moi une image de la solidarité.
La coutume veut, en passant, d’ajouter une pierre sur le petit tas qui se
présente à vous, transformant ainsi un monticule en véritable sémaphore !
Un bel exemple de cairn résultant de la solidarité d’un
groupe, mais aussi de son orgueil, est celui bâti par un village gallois dans
le film l’anglais qui gravit une colline et descendit une montagne. Des villageois, vexés qu’on qualifie le relief
au nom imprononçable jouxtant leur village de colline au prétexte qu’il lui
manque 100 ou 200 m de haut, bâtissent en son sommet un gigantesque cairn qui
permettra qu’on la requalifie en montagne…
Une petite recherche m’a fait découvrir que le cairn date du
fond des âges, du néolithique, ou des tas de pierres recouvrant des sépultures
étaient appelées de ce nom, comme le cairn de Barnenez.
Cela ne rend les cairns que plus
sympathiques !
Les cairns ne sont souvent pas que de simples tas de
pierres, ils donnent l’occasion à la créativité des marcheurs de s’exprimer.
Ainsi ce monticule orné de branches en Corse :
Ce cairn un peu équilibriste au Puigmal d’Err :
Cette véritable œuvre d’art toujours en Corse :
Alors quand des cairns sont abattus par des randonneurs
indélicats, je suis comme Idéfix devant un arbre tombé : je pleure. Entre
le lac des Bouillouses et l’étang Bleu, les cairns avaient subis de graves dommages.
J’en ai réparé plus d’un, au grand dam de mon compagnon un peu agacé de s’arrêter
aussi souvent !
Je fais finir sur une note triste, vous présentant un cairn
émouvant rencontré sur le flan du Cambre d’Aze :
Comment ne pas voir là l’hommage de proches d’un disparu à
son amour de la montagne ?
Ici s’achève cette série de billets sur mes aventures avec
les balises de randonnée. Si j’ai pu vous donner envie de chausser vos
meilleures chaussures et d’aller mettre un pied devant l’autre au long des chemins
et sentiers, j’en suis heureuse.
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