rappel du début du texte
Désormais, les deux chênes, unis dans la déchéance de leurs êtres, devinrent les symboles d'une France en crise. Le défilé incessant des candidats souillait la nature encore fraiche à leurs racines.
Les plus véhéments à haranguer les citoyens au pied des deux grands malades étaient les écologistes, armés d'un bataillon de photographes, d'équipes de tournage, de maquilleurs, sans compter les redoutables attachés en communication, piétinant les herbes, rabrouant les mousses, écrasant les bois morts, afin de rendre l'endroit praticable pour l'éminence du parti.
Sentant soudain l'électorat sensible à la cause, la droite se fit forte de redorer son blason en décrétant que l'éradication de la phytophthora ramorum deviendrait une priorité nationale suite à l'élection, et que plus que jamais le chêne représentait l’emblème du mouvement.
La gauche voyait dans ce tableau l'allégorie du faible contre le fort, la lutte des classes, le combat ouvrier, et calomniait à mots couverts le candidat de droite en le comparant au chêne adolescent. Elle susurrait que, tout comme lui, le jeune chêne n’avait survécu jusque-là que grâce à la protection du vieux, et qu’à présent, ce roquet s’emparait de sa sève pour subsister.
Devant les bassesses des petits hommes, les deux chênes, qui en avaient vu d’autres, sentaient la pourriture les étreindre et le changement se profiler. Bientôt, leur vigoureux houppier d’antan ne serait plus qu’un tronc écourté et colonisé par des mousses et insectes. (à suivre...)
Cette partie a été écrite par Elvire, @lvir sur Twitter. Elle laisse volontiers le flambeau à qui voudra...
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