mercredi 2 janvier 2013

Manipulés #2

MANIPULES



(partie 1 : ici)

Les choses vont très vite. Son projet est très arrêté, c’est presque une commande. Angela veut me mettre en relation avec un graphiste, Jules : je devrai écrire des textes sur les beautés et les laideurs urbaines, qu’il illustrera. Elle est passionnée par la ville, toutes ses expositions tournent autour de ce sujet. Les textes illustrés seraient encadrés, ça se vendra une vraie fortune, vous verrez, un succès fou ! Pourquoi ai-je accepté ? Pour son regard de braise, ses frôlements félins ? Parce que le courant passait bien avec Jules ? Parce que le projet m’intéressait ? Un peu de tout sans doute. Je vivais seul depuis deux ans, une rupture difficile. Dans ce cas, quand tout d’un coup quelqu’un s’intéresse à vous, vous reprenez goût à la vie ! Dominé par cette émotion nouvelle, j’ai oublié de demander un contrat. A postériori quel con…

Le travail a commencé. Solitaire d’abord, écrire ne peut se faire que dans l’isolement. J’allais la voir une fois par semaine, nous discutions des textes, assis côte à côte sur son canapé, des tasses de thé fumant posées presque sur les pages que j’amenais. Quand nous argumentions sur un mot, une expression, nos doigts pointés sur les feuilles s’effleuraient. Installés proches l’un de l’autre, sa hanche me frôlait, je sentais son parfum. Elle me souriait, complice, enjôleuse. Le frisson se faisait plus violent à chaque rendez-vous. Entre deux séances elle ne donnait pas signe de vie, et j’en étais triste. Tiens, une femme te manque ? Sébastien, ton cœur aurait-il recommencé à battre ?

Je voyais régulièrement Jules aussi, pour lui présenter mes projets. Il cherchait à s’en imprégner pour tenter des illustrations. Il en créait plusieurs pour chaque texte, me demandait mon avis. Souvent je lui demandais de panacher les propositions, l’accouchement était difficile ! Mais une vraie complicité s’installait entre nous, nous nous comprenions, ses dessins cadraient bien, il « sentait » mes mots et les croquait avec grâce, même quand il s’agissait de laideur urbaine.

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