mardi 12 novembre 2013

L'homme sans mots, Georgina Harding



Grâce à Babelio et à sa récente opération masse critique, j’ai reçu récemment « L’homme sans mots » de Georgina  Harding, en échange de l‘engagement d’en publier une critique sous 1 mois. Malheureusement, une chose en entrainant une autre, j’ai oublié… et dépassé le délai. Que Babelio et Pierre Krause veuillent bien m’en excuser. Voici donc ma critique :

Parmi la grande masse de livres proposés, j’ai choisi celui-là parce qu’il parle de mots. Je suis fascinée par la relation au langage et à la langue. Dans ce roman, je suis servie !

Un jour échoue dans un hôpital de Bucarest un homme sans mots. Il est malade, affamé, en danger. Une infirmière le reconnaît et se consacre à lui. Après sa sortie de l’hôpital, elle va continuer à l’aider, au nom de leur histoire commune, de leurs enfances proches et lointaines à la fois. Cet homme ne parle pas. Sourd de naissance, il a grandi sans mots.

Si je suis vite rentrée dans ce roman, j’ai aussi vite ressenti des difficultés à le lire. En effet, le lecteur rencontre rapidement quelques phrases maladroites ou des répétitions Ainsi, dans un court paragraphe :
« C’étaient des braques de Weimar, des chiens de chasse  à la robe luisante d’une douce couleur grège. (…) Les chiens étaient d’une race allemande ».
Ou encore :
« Le début de la nuit dut venteux, agité. Elle se retira dans la chambre, qui se trouvai à côté de celle des enfants, mais elle ne parvint pas à dormir ».
Je vois là des lourdeurs, une recherche de trop d’explications qui nuit à  la fluidité de lecture.

Mais en même temps, je me laissais happer par l’histoire de cet homme sans mots, et surtout par celle des deux femmes qui gravitent autour de lui, celle qui le connaît et n’en dit rien, celle qui ne le connaît pas et fait croire à ses voisions qu’il s’agit de son fils. Et il faut reconnaître cette force à l’auteur, celle de nous emmener dans ce monde malgré d’autres lourdeurs de style. Elle campe aussi avec brio un homme resté enfant à cause de l’absence de mots, mais qui éprouve des sentiments d’adulte.

Puis à mesure que l’intrigue se noue, que détours après détours G. Harding nous en dévoile un peu plus sur ce héros mutique, son écriture s’allège, se fait plus fine et plus plaisante. J’ai relevé quelques phrases que j’ai aimées :

            « Parler à quelqu’un qui n‘entend pas, c’est plus que de penser à haute voix. Les mots laissent leur propre trace derrière eux ».

            « Les yeux d’Augustin s’écarquillaient. Une telle vivacité était facile à prendre pour de la compréhension. Le jeune homme se pencha, prit la manivelle et démarra la voiture. Augustin vit que les pièces métalliques se mettaient à trembler, au démarrage. Il sentit la vibration de la voiture comme si elle se trouvait dans don corps. Il vit l’air fondre en une brume bleue au-dessus du métal à mesure qu’il chauffait ».

            « Augustin éclata de rire et le jeune homme crut entendre un cri ; il regarda autour de lui, mais vit que le garçon semblait content, il n’était pas effrayé. Enfin ils firent demi-tour, reprirent le chemin à travers la forêt ou ils allèrent plus lentement ; l’air était frais et brun. »

(Dans ces deux dernières citations, le jeune homme est un autre personnage du roman).

Georgina Harding distille ainsi une histoire assez profonde, pleine de sentiments très humains, dans lesquels on peut se reconnaître. L’homme sans mots prend peu à peu de l’épaisseur, il est plus qu’un simple révélateur des drames enfouis des autres, il joue son rôle, occupe dans ce monde une place un peu mais la sienne, qu’on ne peut lui voler ;

Un roman à découvrir, malgré les maladresses de style mentionnées au début.

Pour finir j’aimerais inviter mes lecteurs à rendre visite à Babelio. Le credo de ce site : Que vous aimiez Franz Kafka. ou Jo Nesbo., Dans le château de Barbe-Bleue. ou Tatiana de Rosnay., Babelio vous invite toute l’année à découvrir des livres. et des écrivains. en allant sur Babelio.com. Lisez les critiques, écrivez-en, venez J

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