J’ai eu la chance d’être sélectionnée pour les Matchs de la
Rentrée Littéraire (lien)
et j’ai donc reçu Une part de Ciel, de Claudie Gallay.
J’ai choisi ce roman parce que j’aimais le
résumé (lien vers le site de l'éditeur, résumé
à lire absolument si vous voulez suivre le reste de l’article). Un roman qui se
passe en montagne, avec une foule de personnages, une histoire forte entre eux,
tout cela a de quoi m’attirer.
Le livre qui est arrivé par la poste, épais, d’un format
inhabituel pour Actes Sud, avec une magnifique couverture. Cela a attisé mon
envie.
Vous vous doutez que si je commence ma critique ainsi, c’est
que… j’ai été déçue.
Claudie Gallay a été l’invitée de l’association Paroles
d’Encre, dont je suis membre. J’ai attendu cette rencontre pour écrire ma
critique, car j’avais vraiment envie de comprendre son roman. Je n’ai pas accroché à son discours.
Lorsque Carole revient dans son village natal, espérant le
retour annoncé de son père, elle sait qu’elle va y trouver ses souvenirs
d’enfance, le dialogue difficile avec son frère et sa sœur, et se retrouver elle-même,
ici pour la première fois seule, sans l’homme qu’elle appelle « le père
des filles. » Elle s’installe dans un gîte et dans l’attente. La
traduction d’un livre sur Christo l’occupe un peu, mais ne suffit pas à habiter
ses pensées et le temps. Elle va au bar du coin, le « bar à Franky »,
prend tous les matins à la même heure une photo de la serveuse qui secoue les
draps au balcon, voit un peu sa sœur Gaby, un peu son frère Philippe. Elle est
troublée par Jean, son amour de jeunesse. Elle aide « la Baronne »
qui tient un gîte pour chiens.
Peu à peu, l’attente qui se prolonge indéfiniment, et
quelques minuscules événements, vont rapprocher cette fratrie éclatée par la
géographie et l’histoire familiale.
Ce roman est en fait un récit, méticuleux, des moindres activités de la narratrice. Jour
après jour, du lever au coucher, sans omettre le moindre détail, même le plus
infime. Claudie Gallay décrit beaucoup les petits riens, elle pense « les
petits gestes disent de grandes choses. » J’avoue ne pas avoir cette
sensibilité là, et m’être ennuyé dans cette chronique répétitive de tants de
jours qui s’écoulent, pendant lesquels il ne se passe quasiment rien entre les
personnages.
Si j’étais sévère, je dirais même que cela autorise la
romancière à écrire de façon presque simpliste, avec une abondance de phrases
courtes, de « je »… Un exemple :
J’ai relu le dernier chapitre à voie haute, les deux paliers de langue se superposaient, je traduisais bien mais j’avais un foutu accent.J’ai repoussé le livre. Il fallait que je travaille plus vite. Traduire dix pages au lieu de trois.J’ai regardé la route. C’était fermé à la Lanterne.J’ai pris la photo du balcon vide. C’était ma quatrième photo du balcon sans personne.
Mais je dois dire que ce jugement est très sévère : quand
parfois il se passe enfin quelque chose, l’écriture peut prendre un réel envol,
être poétique ou avoir du souffle.
A force d’accumuler de l’ennui, de voir leur univers réduit
à une attente improbable, les trois héros vont enfin arriver à se parler. A se
dire ce qui les ronge. Ou se qu’ils se cachent. L’héroïne repartira changée,
avec une nouvelle perspective de vie. Cette phase, Claudie Gallay l’appelle la
libération de la parole. Là encore, c’est tout relatif ! Au trois quart du
livre, ils n’ont encore réussi à échanger que des phrases de quelques mots.
Difficile de considérer qu’il y a là une conversation, c’est tout juste un
embryon. Les mots couleront vraiment uniquement dans les dernières pages, et
sur un sujet qui n’est pas directement lié à l’attente.
J’ai donc eu du mal avec ce roman. Mais je dois absolument
rendre grâce à l’auteur sur un point : il est très cohérent. Le style est
en harmonie avec le projet narratif, qui est maintenu de bout en bout. Le livre
est donc équilibré, cohérent, homogène. Et c’est un vrai compliment !
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