mardi 6 septembre 2016

La discorde céleste, Jean-Pierre Luminet



La suite de mes lectures de l'été... 



Ce livre est d’abord pour moi une découverte : je n’avais jamais entendu parler de Tycho Brahé, noble danois et astronome qui a réalisé de très nombreuses observations d’étoiles !

Nous sommes à une époque post-copernicienne, ou il ne fait pas bon afficher son adhésion aux thèses hélio-centristes. Luminet a raconté dans le secret de Copernic ce que fut la vie du polonais, comment et surtout pourquoi il avança l’hypothèse d’un système tournant autour du Soleil et non autour de la terre. (cf à ce sujet mon billet http://encrebleunuit.blogspot.fr/2013/09/une-belle-expression-et-son-origine.html qui évoque l’expression « sauver les apparences »)

La discorde céleste s’entend comme le tome 2 de l’histoire de l’héliocentrisme, suivant les parcours de Tycho Brahé donc, et de Johannes Kepler, qui finiront par se rencontrer et ne pas s’aimer… Le danois est surtout une sorte d’écureuil de l’astronomie : il amasse les observations, sans vraiment les classer, sans les analyser, ce dont il n’a pas la capacité faute de connaissance en mathématiques, et il les cache, son sens du partage étant limité… Il est aussi un noble qui par défi se marie avec une fermière, un amoureux de la richesse, de l’excès en toutes choses, un autoritaire imbu de lui-même, bref un personnage que l’on n’a pas envie d’aimer.

Johannes Kepler est luthérien, austère, né d’une famille pauvre et donc sans avenir sauf que… son intelligence hors norme –on durait de lui aujourd’hui que c’était un surdoué ̶  le font repérer, il obtient des bourses et décide de devenir théologien. Il faudra beaucoup d’efforts à ceux qui l’entourent pour le convaincre qu’il a un avenir dans les mathématiques, ce qui à l’époque veut dire … être astrologue !

Le roman suit leur deux chemins qui vont finir par se rencontrer dans un affrontement que j’oserais qualifier de sans merci. Grâce aux observations de Brahé, Kepler aura la confirmation que la théorie copernicienne est la bonne, malgré l’opinion contraire du Danois. Le protestant aura même l’intuition des orbites elliptiques et finira par écrire les fameuses lois de Kepler.

Je l’ai déjà dit, j’aime bien les romans basés sur la science, ceux qui racontent comment et pourquoi telle ou telle chose fut découverte, inventée, créée. Ici ce n’est pas le thème central du livre, qui s’attache plus à la personnalité des protagonistes, à leur histoire, à ce qu’ils étaient, ce dernier point ayant bien entendu une conséquence directe sur leurs découvertes et l’évolution de la science.

J’ai aimé la description de la vie  la fin de XVIème siècle, la plongée dans le foisonnement intellectuel, dans la concurrence entre les savants, leurs amitiés et inimitiés, leurs intrigues pour le pouvoir, etc… Le style me semble plus léger et mieux affirmé que dans le secret de Copernic. Mais il faut bien reconnaitre que sur le plan scientifique, ce qui est décrit là est surtout une période qui fait le lien entre Copernic et Galilée, dans une sorte de latence qui limite l’enjeu du roman. Néanmoins j’ai pris plaisir à le lire et je le recommande aux curieux !

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