J'ai fait un acte manqué terrible : J'ai envoyé le texte ci-dessous à un concours de nouvelles, dans l'espoir d'être primée bien sûr. Mais je n'ai pas envoyé le chèque de participation de 5 euros, une somme folle ! Avais-je vraiment envie de participer ? Ceux qui ont lu le billet précédent, ou je fais part de mes doutes sur l'écriture, resteront perplexes. Ce qui ne m'empêche pas, toute honte bue, de décider de le publier ici en feuilleton, comme déjà fait une fois. Bonne lecture !
Prédestination
La douleur. Une perfusion, le bras gauche bloqué et
enveloppé de pansements. Une pompe à morphine. Je garde les yeux fermés,
appuyée à l’oreiller sur le lit redressé. J’écoute le médecin parler. Quelques
mots surnagent au dessus des autres : fractures multiples, opération
difficile, longue rééducation. Combien ? Cela se comptera en mois,
peut-être une année. Mais Docteur, ce n’est pas possible ! Mon métier
c’est acrobate, un an sans entraînement et je serai finie ! Hélas
mademoiselle, je suis médecin, pas sorcier.
Une
pyramide humaine. Mal engagée. La base n’est pas stable. Le directeur du cirque
qui crie. Il faut qu’on réussisse. La plus grande jamais faite, les gymnastes
qui grimpent en même temps des différents côté, avec grâce, pour créer un étage
de plus, puis un autre… Pourquoi tant de pression ? La technique, on l’a.
Ce qui manque, c’est du travail. Il ferait mieux de nous laisser harmoniser nos
gestes, ajuster nos équilibres,
recommencer encore et encore en paix. Comme on doit toujours le faire pour
qu’une attraction soit parfaite. Ensuite ajouter les lumières du chapiteau, la
musique, les costumes. Mais non, il faut que ça aille vite, pour sortir ce
numéro à l’occasion du prochain spectacle, coûte que coûte. Le cirque va mal,
il faut des numéros peu ordinaires pour épater le public. Alors il nous
houspille.
La chute.
C’était il
y a deux mois. Quand je pénètre dans l’enceinte, bras encore immobilisé contre
le corps, j’ai une appréhension. Comment vais-je être accueillie ? Que vais-je
ressentir ?
Sur une des
pistes deux cavaliers, un homme et une femme, travaillent avec leur cheval qui
tourne au rythme d’un trot régulier. Les gradins sont vides, les lumières
donnent l’illusion du jour. Une atmosphère calme, studieuse. Celle que j’aime.
Je lève les
yeux vers les cintres. Comme toujours je me sens écrasée par cet espace, sa
hauteur, les rotondités des deux arènes. Les grands montants me font l’effet
d’arbres immenses qui soutiendraient une sorte de voûte céleste. Depuis que je
suis enfant, je grimpe le long de ces poutres, c’est un bel entraînement
musculaire. Mes muscles… Quand pourrais-je à nouveau tirer sur mon bras,
fortifier biceps et triceps ? Les larmes me viennent aux yeux.
Heureusement que le directeur n’est pas là, je le giflerais.
sur un trapèze il y a 27 ans !
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