lundi 15 avril 2013

Une période de doutes, ma vision de l'écriture



Jeudi dernier, j’ai fait part d’un moment de découragement sur Twitter : je me demandais si ça valait la peine de continuer à écrire. Je me le demande toujours d’ailleurs. J’ai reçu en retour des tweets plein de sollicitude. Et pourtant… Je ne partage pas du tout leur vision de l’écriture.

@antoinesire me dit : « pour le plaisir d’inventer et de contempler son invention ». C’est vrai Antoine, dans l’écriture il y a une part d’invention. Tout part de là d’ailleurs : il faut beaucoup d’imagination pour inventer une bonne histoire, qui tienne debout comme j’ai coutume de le dire. Il faut aussi de la rigueur, afin de ne pas partir dans tous les sens dans l’acte d’écrire, de ne pas perdre le fil. Il faut prendre le temps de préparer l’écriture : documentation, synopsis. Et enfin il faut écrire, relire, corriger, améliorer… En bref, le temps de l’invention est court, celui du travail est long.

@tulisquoi propose une réponse à mes doutes : continuer « par nécessité de dire ». C’est une excellente remarque ! Mais dire à qui ? A des lecteurs. Aller à la rencontre de lecteurs est une chose difficile. Vous écrivez un livre, vous vous y investissez, vous y mettez tout votre cœur. Et puis votre livre ne rencontre pas son public. Comment ne pas douter ensuite ? Quelle dose de volonté faut-il pour décider de se lancer dans une nouvelle aventure littéraire, si c’est pour aboutir à un résultat comparable ?

A de semblables questions, @centrino12345 apporte un élément de réflexion : « il ne faut pas avoir peur, faut oser, mieux vaut essuyer des échecs que vivre de remords. » Et là je ne peux que m’incliner devant la force de cet argument, qui peut s’appliquer à n’importe quel rêve, n’importe quelle activité. Sauf que… je pourrais dire que j’ai déjà essayé. J’ai quatre publications à mon actif, seul « Impression Morvandelles » a eu un certain succès. Qui s’explique aisément : cela peut être perçu comme de la littérature régionale, qui attire les lecteurs dans les salons du livre régionaux. Mes autres textes rentrent dans la catégorie « littérature générale », plus difficile à faire connaitre. L’interrogation reste donc : faut-il essayer encore ?

@imelcho risque une autre hypothèse à la raison de l’acte d’écrire : « l’envie d’écrire pour garder une trace dans le futur ». J’avoue à cet ami que je n’avais jamais envisagé la chose sous cet angle, qui mérite réflexion.

Un autre correspondant twitter avec qui je n’vais pas l’habitude de correspondre m’a posté des messages très bien écrits. @FabDeRotrou me parle de l’acte d’écrire :
« Ecrire c’est s’exprimer, raconter, dire, mesure le silence, aimer les mots, jongler avec les phrases »
« Ecrire c’est se souvenir, c’est conquérir, c’est attendrir »
« Ecrire est un besoin, donc pas baisser les bras. Continuer ! »
Tout ceci est vrai, mais ne constitue pas un véritable but. Le vrai but reste « être lu ». Même si c’est pour s’entendre critiquer votre style, votre histoire, que sais-je… C’est dur, mais on a un aboutissement.

Chers amis, deux personnes m’ont dit comprendre mes doutes : Artin Dilukeba, jeune auteur rencontré sur un salon du livre, et @AudeLeCorff, écrivain elle aussi. Deux romanciers. C’est pourquoi je me dis que votre vision de l’auteur qui écrit d’abord pour lui-même est une vision trop romantique de cet art. Nous autres les auteurs sommes comme les chanteurs, les peintres ou les cinéastes : ce que nous faisons, c’est pour toucher un public. Lui parler. Lui plaire. Certains auteurs sur les salons du livre appellent le fait de parler de leur livre pour le faire acheter aux visiteurs « faire la pute ». Ils n’ont pas d’états d’âmes, ils savent qu’il faut le faire. Mais c’est bien pour une seule et unique raison : savoir que son livre a été lu par des personnes parfaitement étrangères à votre cercle d’amis, de connaissances. Qu’il vit sa vie, touche des inconnus, enchante ou irrite, peu importe, mais qu’il est vivant.

Les seules questions valables sont donc : est-ce que ce que je propose au public est correctement écrit ? Est-ce que les sujets le touchent ? Est-ce que je fais bien ma pub ? A toutes ces questions je n’ai pas de réponse. Et ce sont elles qui me font douter. Qui font que l’envie d’écrire n’est plus tout à fait là. Enfin si, elle est là, très présente, j’ai un beau projet, mais je crains qu’il ne soit vain.

Peut-être faut-il revenir un peu en arrière, travailler des nouvelles car c’est moins long et candidater à des concours. Tenter de trouver des réponses dans les retours que je pourrais avoir de ce côté.

Bon, je crois que je vais arrêter de me plaindre, rentrer dans ma coquille et réfléchir. Mais un jour il faudra que je vous raconte la genèse de « D’un monde à l’autre », mon investissement personnel en plus de ma vie professionnelle et personnelle, et vous comprendrez pourquoi ces doutes.

6 commentaires:

  1. Merci pour ces réponses à nos témoignages.

    Comme je t'ai aussi suggéré : fais une pause, profite de tes temps libres pour (re)découvrir d'autres moments de bonheur. Et vois si après quelques temps l'envie d'écrire te manque.
    Si pas, ce n'est point grave : dans la vie il faut suivre ses envies...

    Courage donc pendant cette période :-)

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  2. Chère Valérie, je comprends tes doutes, J'ecris moi-meme et mon livre est en stand bye voire en panne depuis maintenant 2 ans... Ou plutot j'ai préféré utiliser mon energie et mon temps à d'autres projets et d'autres plaisirs, comme la poésie, la musique,..Les 2 questions que j'ai envie de te poser (et dont tes réponses feraient des bonnes pages de ton blog !): 1) Lors de l'ecriture de tes livres , qui l'a emporté , le travail, la fatigue, les privations, etc etc ou le plaisir et la passion ? 2) Pourquoi veux-tu etre lue ?
    QU'est ce que cela t'apporte ? En quoi cela te motive-t-il au plus haut point ?
    Chiche tu fais l'exercice de nous repondre ?
    Bises
    Alain

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  3. Bonjour Valérie,
    Quand je lis tes interrogations je vois que je ne suis pas seul à se les poser !
    - Pourquoi écrire ?
    - Que vais-je raconter pour appâter les lecteurs ?
    - est ce que mon histoire va intéresser les gens ?
    - Que vont ils penser de moi ?
    etc ...
    Toutes ces questions je me suis les posés, ca fais au moins 3-4 ans que je suis sur cette bio que je n'arrive pas à terminer. Je n'ai pas tendance à faire la procrastination mais pour ca oui sauf quand l'envie me prend mais c'est extrêmement rare !!
    De plus, je n'ai pas une aisance pour l'écriture, cette faculté que tu as à jongler avec les mots, les phrases !
    Je te souhaite beaucoup de courage, ne baisses les bras !!!
    Bises.
    Huy

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  4. Hello,

    vous avez été nombreux à me répondre,soit via un commentaire sur le blog soit par mail...

    Je dois dire que si j'ai envie de vous répondre, je ne suis pas pressée de le faire. d'abord parce que je pars en vacances vendredi, et que j'ai envie de penser à autre chose. Ensuite parce que chacune de vos remarques mérite réflexion.

    Alors je vais me laisser un peu de temps, attendre après les vacances sans doute, mais je promets de vous répondre !

    bises à tous
    Valérie

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  5. J'ai les mêmes doutes Valerie, surtout depuis que j'ai été invitée au salon du livre de Paris, à la soirée professionnelle. Je crois que nous sommes trop nombreux à écrire et qu'il y a tout autant de lecteurs mais trop de choix. La surconsommation, la surproduction, tuent tout.. Voilà le vrai malheur. Pour autant, je continue à écrire, parce que je ne sais pas faire autrement. Pour la suite, je verrai bien. Bon courage à vous et surtout bonnes vacances. Je suis actuellement à Ouessant en plein bol d'air et croyez-moi, ça donne envie d'écrire toute cette beauté. Ne serait-ce que pour ne pas oublier ;)

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  6. le doute est consubstantiel de la personnalité des humains capables de réfléchir.....la certitude totale est inhumaine..

    Écrire est à la fois plaisant, enrichissant , difficile pour peu que l'on ait un peu d'exigence, frustrant pour peu que l'on ait un peu d'ambition...

    Oui il y a plaisir à inventer , à créer des situations et des personnages, oui il est plus long de construire que d'inventer, il y faut du temps et de la persévérance, et sitôt l'idée venue on voudrait pouvoir l'exprimer vite, passer à l'idée suivante, inventer encore, mais ceci n'est possible que pour des écrivains fertiles et spontanés, les autres ont besoin de travail, et pourtant ce n'est pas une faiblesse...Simenon écrivait un livre en un mois, pas Julien Gracq ou Claude Simon.

    Le parcours est rebutant...on est fier de sa réalisation, et il faut affronter le front du refus§ Soyons plus précis, il n'est pas surprenant d'être refusé, les éditeurs sont submergés... mais la frustration nait de l'incompréhension: 20 refus et pas une explication, rien qui vous permettrait de comprendre et de vous améliorer, la partie est inégale et en apparence injuste et décourageante. Ne pas rencontrer un public, frustrant certes, ne même pas avoir sa chance, c'est bien pire à mon sens . Et parfois on se surprend au jeu des comparaisons : untel a édité un livre totalement sans intérêt, alors que le mien...passons.

    Faut-il dès lors continuer, pour quoi et pour qui ?? Oui car qui n'ose rien n'aboutit à rien, oui car sinon il faut vivre avec une regret plus ou moins voilé : j'aurais pu et je ne l'ai pas fait... oui car il faut apporter sa réponse à la vieille interrogation: "qu'ai-je fait de mon talent ?" et qu'importe l'ampleur du talent. Alors il faut admettre de prendre le risque de n'avoir finalement écrit que pour soi et pour quelques proches( mais ceux-ci sont inévitablement complaisants), et d'accepter d'avoir écrit pour son propre plaisir, plaisir que l'on ressent en se relisant.

    Oui cela ne suffit pas, et sans doute recevoir des compliments de critiques ou de lecteurs anonymes va au delà du simple narcissisme. Mais ne pas y parvenir ne signifie pas que l'on est nul, pas forcément du moins. Se soumettre au verdict des neutres, oui mille fois oui. Ne pas même pouvoir l'affronter est beaucoup plus frustrant, bien sûr

    Faut-il se vendre ? oui, sans hésitation, mais encore faut-il en avoir l'occasion. Ce n'est pas "faire la pute" que d'aller au devant du public, même modestement.

    Au fond j'admets que le plus difficile est certainement de persévérer après un échec. Là continuer ne signifie pas autre chose que de se faire plaisir à dire et raconter, à mesurer sa capacité à créer et imaginer.

    En conclusion, tout écrivain , même amateur , débutant, inexpérimenté, écrit au fond de lui pour être reconnu par le plus grand nombre, c'est exact et inévitable....mais il faut savoir surmonter ses doutes et affronter l'échec, quoiqu'il en coûte !!!

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