J’ai racontée ici même (lien) comment la lecture de Borges,
idée qui m’effrayait depuis longtemps, est devenu une évidence… Hélas, la
rencontre tant attendue n’a pas eu lieu.
J’ai lu une dizaine des treize textes qui composent le
livre de sable. L’écriture est
simple, belle, fluide. Premier « conte » : Borges rencontre un
autre lui-même, plus jeune de cinquante ans, sur un banc dans un parc ou au
bord du lac de Genève. Une belle fable, avec une morale – on n’apprend rien des
autres, et surtout de soi-même - mais déjà un hic : la fin ne revêt pas ce
caractère inattendu qu’ont généralement les nouvelles, surtout sud-américaines.
S’ensuivent alors des textes bâtis sur les mêmes
briques : un narrateur qui semble être un double de l’auteur raconte des
faits qui lui ont paru extraordinaires, mais qui peuvent laisser le lecteur
froid. A la fin du conte, la situation que le lecteur laisse derrière lui est
d’une extrême banalité. On ne peut s’empêcher de se dire « et alors ? »
comme si on attendait une suite ou une morale.
En plus du premier, deux contes m’ont plus accrochée : « utopie
d’un homme qui est fatigué » et « le stratagème ». mais je l’avoue, je me suis lassée de cette
lecture que j’ai abandonnée à trois contes de la fin.
je suis sans doute passée à côté de quelque chose, mais quoi ?
Chronique d’une rencontre ratée
Borges n'est pas tellement une évidence. Il se cherche, comme le sage Al'Mutasim. Donnez-lui deux autres chances, avec "Aleph" et "Fictions". Moi aussi, mes premiers contacts avec ses textes m'ont paru frustrants, surfaits, inadéquats. Et puis, une nuit, longtemps après, j'ai fait un rêve au cours duquel je m'éveillais à l'intérieur d'un récit qui n'était pas mon rêve, et c'était la première fois que cela m'arrivait. Je me suis alors aperçu que le récit en question était précisément l'un de deux de Borgès, que j'avais lu quelque temps avant, et que ce récit était devenu le berceau de mon rêve... Je pouvais m'y balader, l'influencer, en faire un rêve malléable, le sculpter, le modeler, bref, l'écrire. Et au matin, l'impression était si vivace que j'ai pu (d)écrire toute l'expérience. Depuis, je navigue dans ces eaux-là... qui sont devenues les miennes.
RépondreSupprimerAlfred