vendredi 6 septembre 2013

partir



Aujourd'hui, A l'encre bleu nuit a le plaisir d'accueillir Myriam Oh et son blog, Un peu d'on mais sans œufs  Nous nous sommes écrit des lettres: Myriam parle ici du départ en vacances, et j'évoque sur son blog le retour (ici)

  Un grand merci à Brigitte Célérier qui chaque mois publie sur son blog la liste des vases communicants.


"ne pas écrire pour, mais écrire chez l'autre".



Chère correspondante d’entre deux heures,



Je vous écris d’une heure en suspens en laquelle se mêlent, s’emmêlent mille et une émotions espiègles. Cette heure-là, c’est celle qui mène au départ tant attendu.



On a beau aimer sa ville, sa famille, ses amis, son travail,… On a beau aimer sa vie, dès que l’été pointe le bout de son nez et que l’Homme peut enfin dévoiler quelques parcelles de sa peau laiteuse, surgit alors cette bruyante obsession : PARTIR.

Où ? Comment ? Qu’importe en réalité. Partir. Ailleurs. Pour fuir un instant cet ici trop présent. Ailleurs. Que sur ces sentiers trop foulés. Ailleurs. Qu’entre ces quatre murs qui ne laissent plus passer la lumière. Partir, pour renaître. Encore. Encore une fois.



Et peu importe la distance qui sépare le ici du ailleurs, partir c’est partir, qu’il s’agisse du village voisin ou d’un pays lointain. Et peut-être même que la destination importe bien moins que cette effervescence qui précède le départ, ou le départ lui-même.



Je n’ai jamais eu le départ organisé. Et je réserve toujours cette même réponse au quidam bienveillant qui s’enquiert de mon hypothétique envol, à l’orée de mes congés annuels : Oui, je pars… Mais où ? Et j’en ris, même, face à cet autre qui s’affole déjà. Enfin, jusqu’à ce que le grand départ pointe enfin, déjà, le bout de son nez. Car à cet instant, je ne ris plus. Oui je pars… Mais où ? Merde. Mais toujours, je rebondis, grisée par cette heure-là. Il faut dire que je n’ai jamais eu pour autre critère que de voir/sentir/entendre/toucher/goûter la mer. Ou l’océan. Enfin, un truc plus ou moins bleu qui bouge et fait des clapotis contre les rochers. Du coup, le choix reste assez vaste. Même en dernière minute. Même complètement désorganisé.



L’avantage de ne pas connaître des mois à l’avance son point de chute, c’est que ça laisse tout le loisir de s’imaginer fouler moult sentiers escarpés. Imaginer un voyage, c’est peut-être déjà voyager en réalité. Tiens, si on allait là-bas cette année ? On irait visiter ceci, on ferait cela, on verrait ça, ça, et ça encore, etc. Le conditionnel est un mode magique qui réveille l’imaginaire. Et nous emmène au-delà des barrières de la réalité. De si en peut-être, de pourquoi pas en éventuellement, rien ne peut nous retenir en cet ici trop étroit. Alors, depuis notre canapé douillet, on entame un tour de France, du monde, de la voie lactée,… Et déjà l’ailleurs est là, dans chaque recoin de notre ici. Mais aussi puissant soit le pouvoir de l’imaginaire, il faut bien rejoindre la réalité à un moment donné, sortir la calculatrice et réfréner nos ardeurs.



Qu’importe, car aussitôt la destination définie, l’imaginaire nous reprend la main pour nous emmener vers un ailleurs plus grisant encore, puisque presque réel celui-ci. Et sans même s’en apercevoir, on se retrouve en cette heure en suspens en laquelle se mêlent, s’emmêlent mille et une émotions espiègles. Pris entre euphorie, impatience, anxiété, entrain, soulagement, etc. Penser à tout boucler avant le départ : impératifs, projets et valises. Se délester des chaînes du quotidien. Claquer la porte. Partir enfin.

Le départ est peut-être le moment le plus excitant des vacances, nous rendant vite nos cœurs de mômes. L’excitation qui empêche de dormir les quelques heures qui précèdent le grand départ. L’effervescence qui ponctue le petit déjeuner au milieu de la nuit avant de profiter de la fraîcheur du petit matin pour rouler – c’est peut-être la seule fois dans l’année où l’on attend ce réveil bien trop matinal. Les musiques et les jeux qui bercent le trajet, de on est presque arrivé ? à Regardez… la mer !



Tout à l’heure, chère correspondante d’entre deux heures, je partirai rejoindre mon ailleurs à moi. Plus prête que jamais à m’empreindre de chacune de ces minutes uniques et toujours magiques qui rythment les départs. Et, lorsque cet entre deux heures qui passe toujours trop vite appartiendra déjà au passé, c’est la tête encore là-bas que je m’apprêterai à rejoindre votre heure à vous : celle du retour.



Une aoûtienne sur le départ


































1 commentaire:

  1. J'aime que ce soit à l'encre bleu nuit qui accueille ce jeté d'ancre même si je suis plus habitué à la nuance azurée du bleu

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